Débat sur le budget de la Ville de Paris: culture, jeunesse et sports.

M. Patrick BLOCHE.- Je limiterai, compte tenu de la grâce qui m’est faite, mon intervention à une interrogation sur la place de l’artiste dans la Ville. Autrement dit, les forces de la création qui sont souvent celles de la jeunesse ont-elles encore leur place à Paris ?
En effet, le budget que vous nous proposez n’est pas porté par une vision de l’avenir de Paris comme en témoigne la baisse proportionnelle- pour la troisième année consécutive- des crédits consacrés à la culture. Le budget de fonctionnement est en diminution de près de 3 %, alors que le secteur des investissements culturels- avec une baisse de 20 %- est quant à lui sinistré. A ce propos, on cherchera vainement- hormis des interventions en direction de 2 conservatoires et 2 bibliothèques représentant moins de 10 % du budget d’investissement- quelles réalisations justifieront en 1996 votre volonté affichée de recentrer l’effort de la Ville sur les équipements de proximité.
Or, c’est souvent à ce niveau-là, celui des arrondissements, des quartiers, que devraient exister des infrastructures permettant d’accueillir tous ceux qui ont choisi Paris comme territoire de leur création. Il est malheureusement significatif de constater le départ définitif pour la banlieue (nord ou est) de nombre de nos artistes plasticiens, de voir nos compagnies théâtrales ou chorégraphiques quitter quelque temps la Capitale, faute de disposer de lieux de travail et de répétition accessibles, pour faire une résidence en province afin d’y monter leurs nouveaux spectacles.
Les moyens de fonctionnement pour 1996 accentuent, dans le contexte de récession actuelle, des choix déjà dénoncés les années précédentes par d’autres que moi. Le soutien apporté par la Ville aux grandes institutions est renforcé. Il ne s’agit pas pour moi de nier leur apport au nécessaire rayonnement culturel et international de Paris, mais d’alerter notre Assemblée sur des déséquilibres croissants. Je prendrai pour preuve le secteur des subventions qui stagnent à 455,3 millions de francs en 1996. 67,1 % de cette somme (contre 64,5 % en 1995), soit 305,6 millions de francs, vont à seulement 9 structures. Comparativement, le fonds de soutien au théâtre privé reçoit 3,8 % du total des subventions, l’aide à la création artistique reste remarquablement stable à 350.000 F depuis plusieurs années et le sous-chapitre intitulé « Encouragements aux beaux-arts et sociétés culturelles » est en baisse, restreignant de fait les marges de manoeuvre permettant de soutenir financièrement nombre d’initiatives locales hors institutions.
Combien de demandes d’aide au projet recueillies dans les mairies d’arrondissement vont rester sans suite ? Comment financer l’animation culturelle dans des quartiers où l’aspiration à la fête est grande ? En un mot, pourquoi faut-il que le budget que vous nous présentez n’offre la possibilité d’aucune remise en cause au fil des années, ne permettant pas l’indispensable soutien aux nouvelles forces de la création ? Au moment d’achever cette intervention, je souhaiterais évoquer brièvement le budget de la jeunesse et des sports pour déplorer certains choix. En premier lieu, l’aide aux mouvements de jeunesse est en baisse de 3 % et, hormis la Fondation « USHUAIA », toutes les autres subventions au mieux sont reconduites sans augmentation et le plus souvent diminuent. Par ailleurs, si l’aide aux sports de haut niveau croît de 10 %, les subventions de fonctionnement aux Offices municipaux des sports chutent de 10 % et celles aux associations sportives de 5 %. Enfin, dans le cadre des actions de prévention visant à faire de la pratique sportive un élément de l’intégration des jeunes, vous nous avez encore rappelé- lors de votre communication, il y a un mois- votre souci d’ouvrir des équipements sportifs en dehors des heures d’utilisation habituelle. Or, le crédit destiné à financer l’encadrement des jeunes qu’assurent les associations sportives baisse de près de 20 % !