M. Jean-François LEGARET, adjoint, président. – Nous passons au projet de délibération DAC 198 concernant la subvention d’investissement au cinéma  » Le Brady « .
La parole est à M. BLOCHE.

M. Patrick BLOCHE. – Monsieur le Maire, j’ai effectivement souhaité m’inscrire sur ce projet de délibération qui vise à accorder une subvention d’équipement au cinéma  » Le Brady  » dans le 10e arrondissement, cinéma d’art et d’essai, qui a été acquis par Jean-Pierre MOCKY en 1994.
Nous nous réjouissons évidemment qu’une subvention de 135.000 F soit attribuée à ce cinéma, même si nous avons été un peu étonnés de la rédaction de l’exposé des motifs qui visait à faire du 10ème arrondissement un quartier à population peu cinéphile.
Si vous avez des informations pour déterminer où se trouve la population cinéphile à Paris, ce serait tout à fait intéressant.
Cela dit, il ne faudrait pas que l’arbre cache la forêt.
Je pense, Monsieur le Maire, que vous me voyez arriver à grands pas, étant donné que vous faites régulièrement des choix qui ne sont pas en faveur du cinéma indépendant à Paris, mais qui visent plutôt à favoriser l’installation de multiplexes. Le souvenir du dossier de l’Aquaboulevard et de l’implantation d’un multiplexe de 14 salles est assez proche pour que je me permette, à travers ce projet de délibération, de vous interpeller sur l’effort de la Ville en faveur du cinéma indépendant.
Je ne souhaite pas, en effet, qu’à travers une opération comme  » 18 heures – 18 francs  » pour laquelle nous avons quelques réticences, car nous ne considérons pas qu’une politique tarifaire suffise à faire une politique de démocratisation culturelle en faveur d’un plus large accès du public au cinéma, vous vous donniez bonne conscience. Je souhaiterais que votre conscience soit précisément alertée sur la situation de deux salles d’art et d’essai qui sont, d’une part,  » l’Entrepôt  » dans le 14e et  » l’Espace Accatone  » dans le 5e arrondissement .
Ces deux salles sont menacées de fermeture et doivent impérativement bénéficier d’un fort soutien public dans les semaines et mois qui viennent, si on veut qu’elles puissent continuer à proposer une programmation tout à fait originale aux Parisiens.
Lors de la discussion du budget de la culture pour 1998 à l’Assemblée nationale, Mme TRAUTMANN a souhaité marquer l’effort de l’Etat en direction du cinéma indépendant et notamment à Paris, en débloquant 20 millions de francs dont 15 millions pour les salles qui se situent dans la zone d’influence des multiplexes et 5 millions de francs pour la rénovation des salles parisiennes.
Je souhaiterais vivement que vous puissiez nous apporter des informations marquant l’effort soutenu et si possible amplifié de la Ville de Paris en faveur des salles d’art et d’essai, ces salles qui font vivre le cinéma indépendant à Paris.

(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste, du Mouvement des citoyens et communiste).

Mme Hélène MACÉ de LÉPINAY, adjoint, au nom de la 4e Commission. – Monsieur BLOCHE, puisque vous évoquez le débat sur le budget de la culture à l’Assemblée nationale, est-ce que je peux vous dire combien j’ai été attristée qu’un élu parisien attaque la politique de la Ville à l’Assemblée nationale ?
J’ai trouvé cela assez peu élégant.
J’ai compris ce que vous vouliez dire, c’est-à-dire que l’Etat ne doit pas retirer son effort sur la Ville. Vos propos ont probablement été déformés par la presse, mais ce qui est apparu, c’est que vous critiquez la politique de la Ville à l’Assemblée. Je trouve cela peu élégant !
C’était une parenthèse.
Vous m’interpellez donc sur  » Le Brady « , et vous êtes heureux que nous apportions une subvention à cette salle. Je m’en réjouis comme vous.
Cela montre que nous continuons notre effort en direction des salles indépendantes. Ce sont 8,5 millions que la Ville a consacrés à des investissements dans ces salles de cinéma depuis quelques années.
Vous nous dites que nous créons régulièrement des multiplexes. Monsieur BLOCHE, ce n’est pas parce que nous avons voté un projet il y a quelques semaines ou quelques mois, qu’il faut obligatoirement continuer. Je vous rappelle que nous sommes conscients de la richesse de notre patrimoine cinématographique. Paris est la capitale mondiale du cinéma, nous le savons tous. Pourquoi ?
Précisément parce que tous les jours, à toutes les heures, il se passe quelque chose dans les cinémas parisiens qui offrent une grande variété de salles ainsi qu’une grande richesse de programmation.
Ce sont les salles d’art et d’essai qui abordent vraiment l’aspect culturel du cinéma à Paris. Nous n’avons pas l’intention de lâcher les salles de cinéma mais nous ne pouvons pas les subventionner en fonctionnement.
Le problème de l’Entrepôt est un problème qui nous dépasse complètement. Nous n’allons pas verser à la salle de l’Entrepôt une subvention d’investissement si cette salle n’est pas viable économiquement. Voilà en quels termes la question est posée.
Quant à l’Accatone, nous lui avons versé en 1995 une subvention d’investissement de 400.000 F. Je tenais à le rappeler. Je vous remercie de bien vouloir voter ce projet concernant  » Le Brady « .

M. Jean-François LEGARET, adjoint, président. – Je mets aux voix, à main levée, le projet de délibération DAC 198.
Qui est pour ?
Contre ?
Abstentions ?
Le projet de délibération est adopté à la majorité, MM. DUMAIT, MESMIN et Mme TAFFIN s’étant abstenus, M. REVEAU ayant voté contre.
(1997, DAC 198).
Je vous remercie.