Communication de M. le Maire de Paris sur le bilan des festivités liées au passage à l’an 2000
M. Patrick BLOCHE. – Merci, Monsieur le Maire.
Si je n’avais pas été amené, comme tous les Parisiens, à suivre ce qui s’est passé lors du passage à l’an 2000, si je n’avais pas lu la presse, rien qu’en prenant connaissance de la communication sur les manifestations de l’an 2000, je me serais dit sans doute, quelque part, qu’il y a anguille sous roche car près de la moitié de cette délibération est consacrée à des justifications, à une auto-justification qui amène à avoir de grands doutes sur la réalité et l’ampleur des manifestations qui étaient prévues.
Je vois qu’au passage d’ailleurs, cette auto-justification amène, pour sans doute cacher ses propres insuffisances, à pointer celles des autres et j’ai été assez surpris que l’ancien directeur des affaires culturelles de la Ville de Paris, qui préside la mission nationale mise en place pour les festivités prévues par le ministère de la culture, soit ainsi interpellé sur ses propres responsabilités.
Cela dit, si j’en reviens au dossier lui-même, je dois avouer, Monsieur le Maire, que si je résumais en un seul mot la pensée du groupe socialiste, je dirai que la montagne a accouché d’une souris. Car, pour qui a en souvenir le programme ambitieux que vous aviez rendu public il y a un an, on voit qu’il y a loin de l’effet d’annonce aux réalisations en ce début d’année.
Je pense qu’au départ, sans doute, y a-t-il eu fondamentalement une erreur qui a visé à ce qu’il y ait une conception très unilatérale de ce que devaient être les festivités à Paris pour le passage à l’an 2000.
Si, certes, l’appel aux projets fut large, malheureusement le choix des projets s’est ensuite passé en un comité restreint qui fait qu’il n’y a pas eu réellement de concertation et que les Parisiens n’ont pas été directement associés, comme cela aurait été sans doute nécessaire, au programme des festivités prévues.
De la même façon, si je me rapporte au projet de délibération que vous nous soumettez, je constate que beaucoup de projets que vous entrez dans le programme des festivités sont des manifestations habituelles à Paris qui se passent et qui se sont passées en 1999 ou en 1998 et qui se passeront en 2000 comme en 2001, mais sans doute l’insuffisance de réalisations estampillées « spécial 2000 » nécessitait de remplir avec des manifestations habituelles.
Je voudrais surtout m’interroger sur l’intérêt qu’il a pu y avoir à donner de façon assez large un label à un certain nombre de projets qui avaient été proposés et qui, de ce fait, ont été sélectionnés et présentés ensuite dans la communication de la Ville.
Je m’interroge en effet car : à quoi sert-il de donner un label si ensuite la ville de Paris laisse les initiateurs de ces projets se débrouiller tout seuls ?
A quoi sert-il de donner un label s’il n’y a pas d’accompagnement, s’il n’y a pas d’appui, et notamment d’appui financier ?
Comme je suis, vous le savez, un élu raisonnable, il ne s’agit pas pour moi de dire, aujourd’hui, en cette séance du Conseil de Paris qu’il fallait que tous les projets soient financés complètement sur fonds publics, mais on aurait pu espérer que la Ville de Paris suive ces projets de manière plus forte afin notamment de lever un certain nombre d’obstacles financiers ou, pour tel ou tel projet, de pouvoir offrir à leurs initiateurs une garantie d’emprunt.
Je prendrai un exemple parmi d’autres qui est ce beau projet de « Livre capitale » dont la réalisation est remise à plus tard et qui a amené les initiateurs de ce beau projet à se tourner vers d’autres capitales étrangères, faute d’avoir pu trouver à Paris, et notamment de la part de la municipalité, les financements souhaitables.
Le Président de notre groupe, Bertrand DELANOË, vous a interpellé à la mi-décembre pour reprendre, et je ne le ferai pas compte tenu du temps qui m’est imparti, le détail de certaines opérations dont, d’ailleurs, vous avouez vous-même qu’elles ont été retardées. Le mot « retard » apparaît constamment d’ailleurs dans votre projet de délibération. « Les projets étaient prévus à telle ou telle date, ils n’ont pas encore eu lieu, mais rassurez-vous, cela va durer dix-huit mois, ils auront lieu un jour ». Nous pouvons l’espérer, nous l’espérons et c’est sans doute dans un an que nous pourrons tirer un bilan plus complet.
Je voudrais néanmoins attirer votre attention sur un projet tout particulier qui est la carte Paris 20 ans 2000 qui devait être mise en place au printemps 1999 et qui doit permettre aux jeunes Parisiens âgés de 20 ans, âgés de 25 ans d’ailleurs depuis, en l’an 2000 de profiter de la gratuité ou de tarifs préférentiels pour toutes les activités culturelles, les transports et nombreux autres services.
Plusieurs dizaines de milliers de jeunes Parisiens sont concernés par cette initiative. Vous en avez annoncé le retard, mais là nous n’avons plus de date, et nous ne savons pas à partir de quand les jeunes Parisiens pourront bénéficier de ce passeport culturel.
En conclusion, Monsieur le Maire, je souhaiterais vous dire que le programme des festivités pour Paris prévu par la municipalité est un peu à l’image des choix qui sont faits en matière culturelle.
Je pense que des fonds publics insuffisants ont été mobilisés, et je ne saurai, à mon avis, laisser de côté les choix budgétaires qui vous ont…
M. Roger ROMANI, adjoint, président. – Voulez-vous conclure, vous avez largement dépassé le temps !
M. Patrick BLOCHE. – Pour conclure, je voudrais rapprocher en termes de financement le manque de financement dont ont fait preuve ces projets visant à fêter l’an 2000 à Paris des choix budgétaires qui, il y a peu, ont conduit de manière automatique à baisser les subventions de 2 % en l’an 2000 pour les associations culturelles. Siégeant au conseil d’administration du T.M.P. j’en mesure, hélas, toutes les conséquences.
Je souhaiterais, Monsieur le Maire, vous poser deux questions pour conclure :
Première question : pouvez-vous nous présenter un programme plus complet, mieux daté et surtout mieux financé des opérations à mener durant l’année 2000 ?
Deuxième question : comptez-vous, dans le cadre d’un collectif budgétaire, revenir sur ces baisses arbitraires des subventions aux associations culturelles pour l’an 2000 ?