Discussions budgétaires pour 2001, le 23 avril 2001.

Patrick BLOCHE, Président du Groupe Socialiste et Radical de Gauche.

Monsieur le Maire, mes chers collègues,

Le débat sur la discussion budgétaire permettant des prises de parole plurielle pour les uns, multiples pour les autres, je me contenterai de mettre l’accent sur 3 aspects d’un budget qui tient déjà plusieurs de ses promesses. Mes camarades du groupe socialiste et radical de gauche interviendront, dans le temps de parole imparti au groupe tout à l’heure, pour développer ce qui constitue les 6 autres aspects porteurs du changement.

Pour ma part, je souhaite évoquer les points suivants :
la politique scolaire ;
le développement économique et pour finir l’action culturelle.

Avant cela, je tiens à remercier Christian SAUTTER, adjoint chargé du développement économique et des finances, et l’administration des finances dans son ensemble, pour l’excellent travail qu’ils ont réalisé dans les conditions difficiles que j’ai évoquées ce matin et sur lesquelles je ne reviendrai pas.

Créer un environnement économique favorable.

En ce qui concerne le développement économique, vous savez qu’il n’appartient pas à la collectivité territoriale, ville ou département, de se substituer au gouvernement responsable de la politique économique. En revanche, les collectivités territoriales ont une responsabilité toute particulière dans la création ou l’entretien d’un environnement favorable au développement d’activités économiques. La qualité de la ville, les équipements sociaux et culturels, la qualité et la sûreté des transports sont autant d’éléments qui concourent à rendre une ville agréable et accueillante.

Le budget qui nous est proposé est riche en initiatives en ce sens. Mais il comporte, en outre, des mesures précises dont la finalité est plus directement économique. Je cite : l’augmentation des aides à la création d’entreprise ou encore la création de 2 maisons du développement économique et de l’emploi. Les dépenses du département sur le secteur progressent ainsi de 13 % et atteignent près de 94 millions de francs.

Le service public local a donc un rôle primordial à jouer dans la mise en place de cet environnement, un rôle de documentation, d’orientation, et de soutien parfois. Vous le savez depuis plusieurs semaines, 2 groupes – je veux parler de Marks & Spencer et de Danone – ont annoncé des plans de restructurations qui ont des conséquences sur les emplois et l’aménagement économique et commercial de notre Ville et de notre région. C’est pourquoi, les élus socialistes et radical de gauche ont présenté 2 vœux qui visent à soutenir l’action de ces salariés et qui, j’espère rencontreront une large adhérent au sein de ce conseil.

Je parlais tout à l’heure du rôle du service public. Il doit également intervenir en faveur de certaines initiatives profitables à l’ensemble des citoyens mais dont la réalisation doit être coordonnée. Je veux parler des nouvelles technologies de l’information et de la communication, les fameuses NTIC. Vous connaissez ma sensibilité sur le sujet et le budget intègre le soucis de placer ces NTIC au cœur de la vie des Parisiens. Ces technologies changent non seulement notre façon de communiquer, mais également notre façon de travailler, d’enseigner et de se documenter. Il est donc important que le plan  » Internet à l’école  » soit doté de 22,6 millions de francs. Mais il est aussi important que la communication interne de la ville soit améliorée dans ses réseaux et ses connexions internet par les 10 millions de francs qui lui seront consacrés.

A travers les sites internet dont celui prévu à destination de la jeunesse et des étudiants, la ville sera capable de dialoguer avec ses jeunes citoyens. C’est un premier pas vers l’affirmation d’une ville moderne, ouverte, pôle d’attraction de matière grise, de créateurs d’entreprise et d’initiatives d’insertion.

Ce budget est une première étape, il conviendra d’achever rapidement l’équipement et le câblage des services publics tant centraux que d’arrondissement ou de proximité dans la perspective de mettre le maximum d’informations disponibles pour les Parisiens, d’accélérer certaines procédures d’instruction de dossiers administratifs ou encore de rendre plus efficace les outils de travail des fonctionnaires municipaux.

Réussir la rentrée scolaire

Un autre des enjeux du budget présenté réside dans sa capacité à rattraper le retard considérable en matière d’investissement et d’entretien des locaux scolaires. Ce rattrapage ne pourra être fait en un seul exercice mais l’année 2001 doit être l’occasion d’en finir avec les sous-équipements chronique des écoles. La précédente majorité nous avait habitué aux investissements  » virtuels « , à ces autorisations de programme votées en grande pompe et sous le projecteur en début d’exercice et annulé plus ou moins discrètement en fin d’exercice.

Les responsabilités sont multiples dans ces retards chroniques. Mais le résultat est qu’ils déconsidèrent l’acte budgétaire en le réduisant à un instrument creux de communication au service d’effets d’annonce. Les causes de ces retards, de ces autorisations de programme non réalisées concrètement ont plusieurs origines : le manque de volonté et de suivi politique ; les défauts de coordination entre l’Hôtel de Ville et les mairies d’arrondissement ou entre les différentes directions de la Ville. Quoi qu’il en soit, je déplore qu’à Paris, il faille 2 fois plus de temps pour construire une école que partout ailleurs en France. L’effort budgétaire en faveur de l’investissement scolaire ne doit plus se perdre dans les méandres d’un fonctionnement technocratique!

C’est pourquoi les mesures particulières pour la réalisation des travaux d’urgence dans les écoles doivent être mises en œuvre dès l’été. A cet égard, comme le rappelait Christian SAUTER ce matin, l’incapacité devant laquelle s’est trouvée l’ancienne majorité à voter le budget fin 2000, constitue un handicap pour ces travaux qui ont subi autant de retards.

Enfin les grands investissements prévus dans le projet de budget visent à la création de 11 établissements nouveaux afin d’accompagner l’évolution démographique de la population parisienne.

Déjà, pour l’ensemble du budget, les autorisations de programme augmentent de plus de 15 %, ce qui représente 5,3 Milliards de francs en plus. Plus précisément, les crédits alloués à l’école augmentent globalement de 60 % pour les 2 priorités que j’ai citées : les travaux d’urgence et les nouveaux investissements.

La rentrée scolaire constitue pour les Parisiennes et les Parisiens et pour notre municipalité, un enjeu majeur de sécurité, d’accompagnement et d’encadrement des enfants. Monsieur le maire, les choix de votre budget sont à la hauteur de vos ambitions et les quelques mois qui nous séparent de cette rentrée scolaire ne seront pas de trop pour en assurer la réussite.

Poser les bases d’une politique culturelle

Chers collègues, je suis souvent intervenu devant vous pour déplorer l’absence de politique culturelle d’ensemble à Paris.

Le budget 2001 pose les bases de cette politique culturelle que j’appelais de mes vœux. D’abord en terme de moyens puisque l’objectif déclaré de doublement du budget culturel se traduit par une première augmentation significative des crédits. Le budget d’investissement est plus que doublé ; les participations dans les actions culturelles augmentent de 6 % et 3 projets de nouveaux équipements seront lancés.

Ensuite en terme d’objectif puisque les mesures annoncées me semblent aller dans le bon sens en cherchant à réconcilier le social avec la culture. Il ne s’agit pourtant pas de ressusciter le vieux socioculturel en niant tous les efforts de professionnalisation et de reconnaissance du secteur culturel dans les années 80. Il s’agit plutôt d’entretenir un fil conducteur et continu entre toutes les formes, passées et contemporaines, de la culture. Il revient donc à Christophe GIRARD, adjoint chargé de la culture, et à Sandrine MAZETIER, adjointe chargée du patrimoine, de renforcer ce fil conducteur, cette cohérence depuis l’équipement culturel de proximité jusqu’à l’institution de dimension nationale et le bâtiment historique ou patrimonial. Le budget culturel de 2001 leur permet de poser les bases d’une réflexion commune sur la programmation, les publics, la création et les quartiers. Pour la première fois sans doute, la politique culturelle ne se résume pas à un saupoudrage, ni uniquement à une politique tarifaire qui assimile trop souvent les Parisiens à des consommateurs.

Deux autres chantiers demeurent à explorer. D’une part les lieux de répétition et les espaces pour jouer font cruellement défaut à Paris entraînant le départ d’artistes de la capitale. D’autre part le maquis des subventions culturelles et de leurs règles d’attribution doit être clarifié. Je sais que Christophe GIRARD  » aime les artistes  » – je le cite -, son premier budget le prouve et leur adresse un signe clair. Il était temps d’inverser la tendance et de se pencher sur les causes des désertions artistiques parisiennes récentes.

Pour conclure, je voudrais simplement évoquer les 6 autres sujets des interventions de mes camarades du groupe :

– Roger MADEC, maire du XIXe arrondissement, sur le thème de la déconcentration et de la démocratie de proximité. Il devient en effet urgent en effet d’inventer un nouveau fonctionnement entre le maire de Paris et les mairies d’arrondissement et le projet de budget présente quelques pistes à mettre en œuvre.- , sur le thème de Paris au féminin. Le projet de budget vise à réduire les inégalités qui frappent les femmes. Car, alors qu’elles sont les premières victimes du chômage et de la précarité, c’est en plus sur elle, que retombe la responsabilité de concilier les vies familiales et professionnelles.


– sur le thème des moyens accordés par le projet de budget pour lutter contre l’exclusion et enfin mettre en cohérence les déclarations d’intervention avec les moyens d’urgence ou quotidien d’aides.

– Claude DARGENT, sur le thème de l’environnement et du cadre de vie. Car le budget présenté dessine les 1° contours d’une politique de propreté responsable à Paris et d’une redistribution de l’espace public.

– Gilles ALAYRAC, sur le thème de la prévention et de la sécurité puisque le projet de budget est l’occasion pour la Ville de saisir de nouvelles responsabilités en ce domaine.

– Pierre GATIGNON sur le logement. Car le budget permet d’engager une redéfinition de la politique de construction des logements sociaux associant mixité sociale et rééquilibrage géographique.

Monsieur le Maire, ce budget n’est qu’une étape dans la mandature, mais il pose les premiers termes du changement tant attendu et voulu par les Parisiens. Le groupe Socialiste et Radical de Gauche sera fier de participer à vos côtés, à sa mise en oeuvre ; de donner les moyens budgétaires d’une nouvelle politique municipale et de contribuer, ainsi au succès des 6 années de notre « contrat d’alternance ».