Apposition d’une plaque commémorative en souvenir des événements du 17 octobre 1961, au pont Saint-Michel.

Le projet de plaque qui nous est proposé mérite un débat serein et digne. Les polémiques et les amalgames ne sont pas de mises, lorsqu’il s’agit de commémoration. C’est donc dans cette perspective que je voudrais placer mon intervention au nom des élus du groupe socialiste et radical de gauche, la fédération socialiste de Paris étant d’ailleurs signataire de l’appel qu’avait lancé le Collectif pour le 17 octobre 1961.

Ce projet exige de nous de faire preuve de maturité historique et politique en reconnaissant enfin un événement particulièrement douloureux qui a eu lieu il y a 40 ans. Les Parisiens sont des citoyens qui ont le droit de savoir aujourd’hui ce qu’on leur a trop longtemps dissimulé. La France a reconnu qu’elle a fait une guerre en Algérie. La Capitale peut aujourd’hui inscrire, dans les lieux mêmes du drame, le souvenir d’un de ses épisodes parisiens.

Plus personne ne conteste les faits. Oui, la manifestation était pacifique. Oui, il y eut répression. Oui, il y eut de nombreux morts qui avaient le tort d’être algériens. Il est à cet égard surprenant qu’un groupe de notre assemblée – par le dépôt d’amendement – puisse encore évoquer l’existence d’une controverse sur ce qui s’est passé le 17 octobre 1961 à Paris alors que les travaux de référence de plusieurs historiens ainsi que de la commission MANDELKERN ont établi les faits de manière désormais irréfutable.

Il est tout aussi étonnant que les élus de ce même groupe, et en premier lieu son président, qui se réclament toujours de la pensée du général de GAULLE, puissent considérer que l’indépendance nationale, l’indépendance de son pays est une cause qu’on  » se choisit  » parmi d’autres sans doute.

Mais laissons là de côté ces interrogations. Chers collègues, à travers cet acte de reconnaissance, il ne s’agit pas de raviver de vieilles haines entre Français, ni d’être sélectif dans notre travail de mémoire – l’hommage national qui sera rendu demain à nos concitoyens harkis en témoigne -, ni de désigner des responsables : cela, c’est d’abord le travail des historiens et ensuite, éventuellement, celui des juges. Le but recherché par l’apposition de cette plaque est avant tout de rassembler la communauté parisienne et nationale – tout particulièrement dans le contexte international actuel – en souvenir de ce jour de 1961, des déchirements passés et des vies détruites.