Communication sur l’audit budgétaire et financier de la collectivité parisienne.

Monsieur le Maire,
mes chers collègues,

lorsque l’audit, voulu par la nouvelle majorité municipale, annoncé lors de la campagne électorale, a été rendu public par le Maire de Paris et son Adjoint aux finances, Christian SAUTTER, l’opposition s’est divisée dans ses commentaires – une nouvelle fois dira-t-on – : « Ouf », ont dit certains, « Tout ça pour ça » ont dit les autres.

Et pourtant ! Quelle pire sanction pour un responsable politique, au-delà de celle du suffrage universel naturellement, que le constat de faillite de sa gestion passée, dressée de plus par des organismes indépendants ! Et ce qui est sans doute le plus significatif dans la lecture politique de cet audit de 900 pages, c’est l’échec évident d’une gestion marquée par d’importants dysfonctionnements, la vétusté des outils de travail, un pilotage défaillant et des contrôles inexistants.

Plus grave sans doute ! Les investissements votés, qui écrivent pourtant l’avenir de Paris, n’ont été que très partiellement réalisés. La précédente majorité était visiblement habituée à ces travaux virtuels, à ces autorisations de programmes bruyamment annoncées et cependant annulées en fin d’exercice, réduisant l’acte budgétaire à un simple instrument de communication. Ah ! Elle est belle, cette gestion parisienne, vantée, que dis-je, mythifiée durant plus de deux décennies, jusqu’à conduire celui qui en était le premier responsable à avoir cette formule qui prend tout son sens aujourd’hui, à l’heure de tous les bilans : « Je ferai pour la France ce que j’ai fait pour Paris » !

Le hold-up médiatique ayant définitivement cessé, comment ne pas se réjouir une nouvelle fois de la double lucidité de nos concitoyens, nationale en 1997, parisienne il y a neuf mois.

Rendons, de fait, hommage tout particulièrement aujourd’hui, à l’opposition municipale d’hier qui, dans le désert des critiques, n’avait pas attendu cet audit pour pointer l’opacité, la bureaucratie, l’absence de cohérence et de coordination de ce qui est devenu, au fil du temps, le système parisien, une gestion au fil de l’eau qui, finalement, après d’ultimes flottements, a coulé. Elle est donc enfin révolue cette époque où un directeur des affaires financières devenait, du jour au lendemain, Adjoint aux finances, (Matignon ce fut pour plus tard), traduisant cette confusion coupable entre pouvoir technocratique et responsabilité politique et dont l’administration parisienne toute entière, pourtant si compétente, fut la première victime.

Car c’est la démocratie elle-même, chers collègues, qui a finalement payé le prix fort de ce pilotage à vue, avec des systèmes d’information différents dans chaque direction et une totale absence de mise en commun et d’échange de données touchant pourtant aux mêmes secteurs, avec des procédures d’achat dispersées et des applications si anciennes que le savoir-faire s’était perdu au fil des années. Et que dire enfin de ces choix budgétaires opportunistes longtemps assimilés à la politique de la cassette, qui consistaient à augmenter fortement les impôts en début de mandature pour mieux se vanter d’une stabilité fiscale à l’approche des élections ?

Adieu donc, la gestion de papa, celle des années 70, sacralisée durant près d’un quart de siècle !

Bienvenu au changement d’ère, tout particulièrement en ce domaine, ce changement profond de méthode et d’orientation voulu par les Parisiens eux-mêmes. Ce n’est pas seulement de la majorité municipale d’aujourd’hui qu’est d’ailleurs venu le souhait de tirer les enseignements de cet audit.

Eh bien, tirons-les tous ensemble, pour l’intérêt même de Paris et des Parisiens. Et ces enseignements sont nombreux. Ils nous incitent ainsi à mettre en œuvre une ambition politique de modernisation, à apprendre ou à approfondir de nouveaux métiers, comme le contrôle de gestion, le travail en réseau, l’expertise juridique, la négociation active, l’évaluation en fonction du service rendu à nos concitoyens, le dialogue fructueux entre les élus et une administration qui ne demande qu’à être mobilisée sur des objectifs nouveaux pour elle. Le chantier est vaste. Alain MORELL, Gérard REY et Jacques BRAVO y reviendront plus en détail.

La durée de la mandature n’y suffira sans doute pas, mais la volonté politique est enfin là et c’est, à n’en pas douter, l’essentiel. Je vous remercie.

(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste et radical de gauche, du Mouvement des citoyens, communiste et « Les Verts »).