Discours sur le budget de la Ville de Paris pour 2002.
Monsieur le Maire,
mes chers collègues,
Ce débat sur le budget de la Ville et du Département de Paris pour 2002 est le premier exercice complet sur une année budgétaire du contrat de mandature. Ce budget est l’occasion de confirmer, de préciser et de renforcer les réorientations déjà contenues dans le budget de 2001. En effet, voté avec retard en avril dernier, faute de majorité il y a un an, le budget 2001 n’avait pas pu prendre en compte toute l’ampleur de l’alternance politique à Paris.
Qu’il me soit permis, en préalable, de vous remercier, Monsieur le Maire, d’avoir libéré la parole et, par ce premier budget d’alternance, permis à l’opposition municipale d’ouvrir les yeux, de prendre du recul et de découvrir des problèmes qu’elle a ignorés pendant plus de 20 ans. Ainsi le RPR découvre l’habitat insalubre qui, visiblement, ne le serait que depuis mars dernier ; l’UDF découvre les problèmes de garde des jeunes enfants à Paris et la nécessité de trouver soudainement des solutions ; Démocratie libérale, après avoir expliqué que l’audit était inutile, reprend à son compte l’une de ses conclusions en réclamant une » réforme des circuits financiers » pour éviter aux investissements votés de rester virtuels. Il n’y a que le groupe Ensemble pour Paris qui reste, par nostalgie sans doute, qui reste dans une vision étroitement financière de la vie parisienne en osant affirmer qu’investir ce n’est pas » prévoir l’avenir « . Beaucoup de mauvaise foi dans bien des critiques entendues encore ce matin et surtout – ce qui est le plus frappant – une absence totale de propositions et de vision alternative aux choix budgétaires proposés par la majorité municipale.
L’exercice budgétaire s’est, récemment, enrichi de l’éclairage apporté par l’audit général sur les finances de la Ville. Cet audit a confirmé ce que les élus du groupe socialiste et radical de gauche sous votre présidence, Monsieur le Maire, avaient déjà dénoncé dans la gestion antérieure. Car nous, nous avons toute notre mémoire… à défaut de disposer aujourd’hui de toutes les archives.
Le budget 2002 se devait donc de tirer sans délai les premières leçons de l’audit. Car cet audit est d’abord un instrument de travail, une référence sur les voies à suivre pour gérer la Ville et le Département de Paris autrement, dans l’intérêt même de ses habitants et en fonction des nouvelles orientations politiques voulues par une majorité d’entre eux.
A ce titre, le projet de budget qui nous est proposé aujourd’hui traduit, dans les chiffres, la ville que nous appelons de nos vœux et que la population parisienne réclame à travers la prise de mesures concrètes et précises. Cependant, ne nous y trompons pas : la particularité de Paris quant à sa taille, l’importance de sa surface financière et son poids dans l’économie nationale font que ce budget n’est en rien un catalogue. Derrière les chiffres, il y a toute la diversité des champs d’intervention du service public municipal et départemental qui touchent bien des aspects de notre vie quotidienne. Et le budget dessine les contours d’une Ville véritablement moderne, innovante et créative.
Moderne, cela signifie, tout d’abord, de considérer les finances publiques de notre ville avec responsabilité, de savoir mobiliser toutes les marges de manœuvre possibles en ayant systématiquement le souci de la justification, de l’efficacité et du contrôle de l’utilisation de l’argent public. La stabilisation des taux d’imposition, confirmée pour 2002, relève de cette démarche qui consiste à mieux répartir et redéployer les moyens pour mieux les mobiliser sur des objectifs prioritaires. Les taux de tous les impôts locaux directs et indirects seront les mêmes en 2002 qu’en 2001. Cette stabilisation, tout en allant de pair avec une amélioration sensible du service rendu à l’usager, donne une visibilité claire aux Parisiens sur le niveau des prélèvements à venir. Le changement est important par rapport aux pratiques anciennes qui consistaient à afficher, en fin de mandature, une baisse électoraliste des taux d’imposition les plus visibles après plusieurs années de hausses inavouées. Il faut ainsi rappeler l’augmentation de 103% de la taxe d’enlèvement des ordures ménagères ou celle de la taxe d’habitation, augmentations qui, sur 10 ans, entre 1990 et 2000, ont accru les produits de la fiscalité de 56%, l’audit nous indiquant, par ailleurs, que ces hausses successives n’ont en rien amélioré l’efficacité de la dépense publique parisienne.
Moderne cela signifie aussi que tous les habitants de notre ville doivent avoir la possibilité de participer aux décisions qui les concernent, avec un droit à la critique, à la proposition, voire au contre-projet. Les crédits en faveur de la démocratie participative et de proximité témoignent de cette volonté municipale de transparence, de confiance dans les Parisiens, citoyens ou seulement résidents. Les sommes inscrites vont permettre l’installation des conseils de quartier et des conseils consultatifs qui répondent à l’attente des jeunes comme à celle des résidents étrangers.
La modernité d’une gestion, comme l’a montré le passé, ne trouve pas sa traduction dans sa notation financière, même si nous sommes attachés à ce que les autorisations d’emprunts pour 2002 ne soient pas incompatibles avec le maintien de Paris dans le haut du classement international. Les élus du groupe socialiste et radical de gauche ne considèrent pas non plus que le désendettement est une logique en soi. Nous pensons, plutôt, qu’il faut accentuer la gestion dynamique et réactive de la dette et des finances locales comme le fait déjà Christian SAUUTER, et que, dans ce cadre, le désendettement n’est qu’un des moyens d’alléger certaines charges. Or, les autorisations d’emprunts pour 2002 sont largement justifiées par le retard considérable de notre ville en matière d’investissement et expliquent la progression des crédits nouveaux inscrits à ce titre : +15% en 2001, près de 30% en 2002. 750 places pour la petite enfance, 6 écoles et 8 restructurations d’établissements sont ainsi programmées pour l’année prochaine. Par ailleurs, la démarche engagée visant à clarifier les procédures d’attribution de subventions aux associations, comme toutes les mesures pour redéployer et rationaliser les dépenses publiques répond de cette volonté de transparence affirmée à maintes reprises.
Paris, ville innovante, cela signifie oser les solutions alternatives, aborder toutes les propositions avec une ouverture d’esprit, un souci d’efficacité où la culture démocratique l’emporte sur la pratique de l’affichage et du prestige suranné. Ce budget 2002 est, à cet égard, riche en innovations précises concernant aussi bien la voirie que la politique sociale ou le logement.
L’innovation est au rendez-vous quand les couloirs de bus qui n’étaient que d’inefficaces délimitations tracées à la peinture deviennent des axes de circulation rapides pour les transports en commun et donc, pour la majorité des utilisateurs de l’espace public.
Innovation également quand les mairies d’arrondissement, c’est à dire les élus de proximité, voient leur dotation progresser en 2002 comme en 2001, soit plus de 40% en deux ans, en fonction de critères transparents établis collectivement quels que soient la localisation et l’étiquette politique du maire d’arrondissement concerné.
Innovation encore quand la logique nouvelle de coproduction avec la Préfecture de police aboutit à une prise de responsabilité conjointe et complémentaire, la Ville et la Préfecture assumant chacune son rôle. La sécurité étant partagée avec des moyens supplémentaires en personnel pour la Ville mais aussi avec des travaux d’urbanisme et de voirie tandis que la Préfecture de police accentue ses efforts pour redéployer, sur le terrain, les policiers. Le plan pluriannuel en faveur de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris complète cette politique de sécurité quotidienne mobilisant tous les moyens d’action de notre collectivité.
Innovation toujours dans l’effort continu pour apprendre à mieux vivre ensemble, par une politique ambitieuse de mixité sociale dans l’habitat, à la fois entre les arrondissements et, au sein même des immeubles, entre des locataires ayant des revenus différents. La solidarité se traduit ainsi concrètement, dans des choix budgétaires précis : c’est bien entendu la lutte prioritaire pour résorber l’habitat insalubre. C’est aussi le projet de renouvellement urbain qui permettra de requalifier les quartiers de la couronne de Paris. Alors que plus de 100 000 personnes ont déposé une demande de logement, le budget 2002 prend en compte l’objectif annoncé de 3 500 logements sociaux nouveaux par an, ce qui doublera l’effort insuffisant des années précédentes.
L’innovation est enfin présente dans le financement de nouvelles missions particulièrement indispensables. L’audit général sur les finances a révélé certaines carences criantes. Il n’est ainsi pas concevable que Paris se dispense d’expertises et de sécurisation juridique, de capacités de négociation, de médiation, de contrôle de gestion, de travail en réseau et d’évaluation. Autant de métiers à développer ou à apprendre, autant de compétences à acquérir et c’est précisément l’objectif des crédits de formation pour les personnels et d’équipements des services pour 2002.
Notre ville se doit également d’être créative. Cela signifie qu’elle doit mieux s’adapter aux rythmes de vie de ses habitants, à l’expression et à la reconnaissance de leurs initiatives. Cette expression passe par le biais des associations qui interviennent dans beaucoup de secteurs notamment sociaux, sportifs ou culturels. Outre le centre de ressources associatif parisien prévu dans le budget 2002, une nouvelle procédure de subventionnement avec un guichet unique et une instruction plus rapide seront mises en place dès l’année prochaine. L’objectif poursuivi par la municipalité et auquel les élus du groupe socialiste et radical de gauche souscrivent pleinement étant, en ce domaine, de substituer un système d’équité maîtrisé à un système lent et sans contrôle.
Répondre aux attentes des Parisiens, c’est aussi redéployer les moyens existants voire en affecter de nouveaux là où ils font défaut. Les 1 165 emplois créés au budget 2002 seront donc affectés pour des missions prioritaires concernant, par exemple, la petite enfance, la sécurité ou le nettoiement. Ces créations d’emplois se justifient d’abord par la mise en place de la réduction du temps de travail. Et il faut souligner que le nombre de créations d’emplois va au-delà de ce qui était prévu, pour 2002, dans l’accord cadre signé avec les organisations syndicales. Mais les créations sont aussi destinées à pourvoir les équipements nouveaux mis en service. Elles accompagnent naturellement l’investissement. Cet effort est également destiné à amorcer un rattrapage, compte tenu des sous-effectifs constatés dans certaines directions. C’est dire toute la confiance que nous accordons aux personnels de la Ville et du Département pour mieux assurer leurs missions au service de tous les Parisiens, avec, d’ailleurs et enfin, les matériels et outils informatiques adéquats. Les systèmes d’information d’une collectivité comme Paris doivent être fiables, sécurisés et désormais compatibles entre directions intervenant sur les mêmes dossiers.
En ce qui concerne la créativité, la politique culturelle que la nouvelle municipalité met en place, avec tout le talent de Christophe GIRARD, intègre l’objectif de démocratisation de l’accès à la culture, mais se fonde aussi sur les choix de vie des Parisiens. Car nos concitoyens souhaitent participer, créer, découvrir et sortir. C’est d’ailleurs bien le sens du doublement du budget culturel, hors frais de personnel, inscrit dans le contrat de mandature, qui donne à l’action culturelle une chance de se développer et de prendre en compte toutes les nouvelles formes d’expression et de création.
A ce titre, deux grands projets culturels de la mandature seront lancés en 2002 : le 104, rue d’Aubervilliers et la Gaîté lyrique. Je n’oublie naturellement pas que l’année prochaine sera également décisive pour le devenir de la Maison des métallos. En ce qui concerne plus particulièrement, les anciennes Pompes funèbres au 104 rue d’Aubervilliers dans le 19ème arrondissement, comment ne pas se féliciter de voir la municipalité accorder aux artistes ce très vaste espace de travail ? Paris ne manque pas de lieux de diffusion, mais souffre d’un déficit chronique de lieux de répétition et de création. Par ailleurs, en ce qui concerne le théâtre de la Gaîté lyrique dans le 3ème arrondissement, il s’agit d’un élément essentiel pour la mise en œuvre d’une véritable politique en faveur des musiques actuelles qui disposeront ainsi d’un lieu dédié. Les musiques actuelles ont ceci d’originales qu’elles rassemblent des artistes qui ne sont plus des amateurs recherchant le seul plaisir de faire de la musique, mais unissent souvent des musiciens plus professionnels sur un projet, souvent rudimentaire ou embryonnaire, tel que la production d’un concert ou d’un disque. Avec les musiques actuelles, l’enjeu est donc au moins autant économique que culturelle. Aussi, le projet concernant la Gaîté lyrique a-t-il un lien direct avec la mise en place des bourses en faveur des jeunes talents et pourrait utilement être complété par la création de studios de répétition dans plusieurs arrondissements ainsi qu’avec un partenariat municipal avec le Centre d’information et de ressources pour les musiques actuelles du 20ème arrondissement afin d’accompagner les artistes dans leurs projets de production musicale.
Monsieur le maire, ce budget 2002 est le deuxième de la mandature et il confirme les termes de l’alternance dans un projet solidaire attendu et voulu par les Parisiens. Le groupe socialiste et radical de gauche, par son vote, vous donnera naturellement et avec enthousiasme, les moyens budgétaires de cette nouvelle politique municipale et contribuera, ainsi, à l’émergence d’une ville moderne, innovante et créative.
Je vous remercie.