Intervention concernant la communication du Maire de Paris sur la politique de la Ville en direction des personnes âgées.
Monsieur le Maire,
mes chers collègues,
Si tout le monde veut vivre longtemps, personne ne souhaite vivre vieux. Cet apparent paradoxe reflète le sentiment qui peut parfois animer les seniors face aux difficultés qu’ils éprouvent pour trouver toute leur place dans notre société et plus précisément – pour ce qui nous concerne – dans une métropole comme Paris.
Comment ne pas se sentir ainsi exclu quand la ville a une tendance spontanée à faire surtout de la place à ceux qui vont le plus vite, à ceux qui sont les plus autonomes, physiquement comme financièrement ? Au regard de ces enjeux d’intégration, de solidarité et de vie apaisée, l’intervention de la puissance publique se justifie d’elle-même.
Cette intervention permet notamment d’associer l’Etat aux actions engagées par le Département et la Ville de Paris. Plusieurs accords témoignent de la réussite de cette collaboration et de la complémentarité des interventions des différents acteurs publics.
De fait, notre débat d’aujourd’hui sur la place des seniors mérite certainement mieux que les interpellations de certains de nos collègues qui semblent, une fois de plus, découvrir dans l’opposition, ce qu’ils n’ont pas voulu faire, hier, quand ils étaient majoritaires.
Ainsi, est-ce vraiment sérieux de faire mine de déplorer le manque de mesures en faveur de la lutte contre la maladie d’Alzheimer alors que, précisément, des Unités de vie protégée seront réalisées dans 9 résidences santé pour l’accueil des résidents atteints de ces troubles ?
Est-ce vraiment sérieux de découvrir le retard parisien relatif au nombre de résidences pour personnes âgées, comme si ce retard datait du 18 mars 2001 – Joyeux anniversaire, à ce propos, Monsieur le Maire ! – alors que l’ancienne municipalité n’a jamais profité des 24 ans qu’elle a passé aux responsabilités pour investir dans Paris avec la même intensité qu’elle a su pourtant déployer dans le 5ème arrondissement?
Pour notre Ville, la volonté qui s’affiche dans votre communication, Monsieur le Maire, est semblable à celle qui vous a déjà animé à l’occasion d’autres débats sur la mixité sociale.
Elle se décline aujourd’hui en mixité entre générations, c’est à dire dans l’élaboration d’un projet urbain et social d’une ville qui ne se résout pas aux mécanismes de ségrégation, au laisser faire et au laisser aller. Il nous semble essentiel d’aborder la politique en faveur des seniors parisiens non pas comme une politique à part, comme une série de mesures qui traiteraient les personnes de plus de 60 ans comme un segment ou un échantillon isolé de la population parisienne.
Au contraire, il faut intégrer, à chaque fois que c’est possible, un volet senior dans toutes les politiques municipales. La liberté de choix, la dignité, l’autonomie et la citoyenneté concernent tous les membres de la collectivité parisienne.
C’est précisément l’un des axes de la nouvelle politique municipale que de lutter contre la » ghettoïsation » des seniors par des actions intergénérationnelles renforcées. Ces actions mélangent et fédèrent les générations dans des projets partagés où chacun valorise sa participation à la société. Le jumelage entre seniors et collèges pour apprendre la navigation sur l’internet et l’usage des nouvelles technologies de l’information, est un succès remarqué. D’autres expériences qu’il faut développer à Paris, ont fait leurs preuves ailleurs comme la réalisation de crèches ou de halte-garderies au sein même des maisons de retraite. Au-delà du droit commun, il existe évidemment des mesures qui, par leur nature, ne concernent que les seniors.
Je pense, en premier lieu, à l’Allocation personnalisée d’autonomie (APA), mesure phare de l’actuel gouvernement, mise en œuvre de façon exemplaire à Paris grâce à l’action de votre adjointe, Danièle HOFFMAN-RISPAL, et qui concerne les personnes âgées en perte d’autonomie.
Je pense également à l’objectif de création de 300 places dans des établissements municipaux nouveaux d’ici à la fin de la mandature dans Paris et non plus, comme cela était le cas précédemment, en Ile-de-France, en saisissant toutes les possibilités de la politique foncière et en soutenant les initiatives associatives ou mutualistes. Par ailleurs, la population des seniors est extrêmement diverse. Qu’ils soient jeunes retraités ou plus âgés mais encore autonomes, qu’ils soient en couple, veuf ou veuve, les 417 000 Parisiens de plus de 60 ans connaissent des situations très variées.
Il faut donc souligner l’effort engagé pour mettre en place des services personnalisés, des réponses individualisées. Citons ainsi le soin particulier apporté à répondre aux faits de maltraitance dont sont victimes des seniors avec la mise en place d’une antenne spécialisée.
Evoquons également les handicaps d’intégration que cumulent, lors de leur passage à la retraite, des seniors d’origine étrangère, le plus souvent des femmes, qui ne maîtrisent pas la langue française malgré une présence à Paris depuis de nombreuses années.
Citons enfin la réponse qu’il faut apporter lorsque des seniors perdent leur carte » Emeraude « , réponse qui, pour respecter notre souci de justice sociale, doit logiquement conduire au remplacement de cette carte sans attendre son renouvellement annuel, même s’il est nécessaire de prendre naturellement en compte le souci d’une bonne utilisation de l’argent public ainsi qu’une évaluation de la réalité de la fréquentation des transports publics par les personnes concernées.
Il reste que, comme l’a déjà fait Liliane CAPELLE, comment ne pas pointer le culot d’acier de trois de nos collègues de l’opposition qui ont déposé un vœu purement démagogique sur cette question.
Votre politique, Monsieur le Maire, est moderne en ce qu’elle propose des réponses personnalisées avec un objectif constant d’intégration et de solidarité, en un mot, de mieux vivre ensemble.
Cette politique nouvelle qui rompt avec plus de deux décennies d’assistanat à visée clairement électoraliste, passe par la réforme de l’aide à domicile et par le lancement d’appels à projets en direction des associations pour inventer les structures d’accueil adaptées à la vie de notre cité.
Votre politique est moderne parce qu’elle combine ainsi des offres de services infirmiers, d’aides ou encore de conseils, pour répondre au plus près aux besoins des seniors. Elle sait aussi intégrer une vraie dimension humaine lorsqu’elle s’exprime à travers un soutien et un accompagnement aux » aidants familiaux « , ceux qui aident et vivent avec les personnes âgées. Cette dimension humaine est encore présente dans la création des Centres locaux d’information et de coordination (CLIC) qui relèvent d’une démarche de guichet unique et de centre de ressources pour prendre en compte les problèmes, petits et grands, que rencontrent les personnes âgées dans leur vie quotidienne. C’est l’un des enjeux de l’amélioration du service rendu par les résidences santé du Centre d’action sociale de la Ville de Paris (CASVP), tout particulièrement dans les secteurs de l’hygiène et de l’esthétique, de l’animation ou de l’accueil.
Evoquer cette dimension humaine, enfin, passe nécessairement par l’augmentation significative des moyens en personnel et, là encore, la rupture avec l’action passée est clairement visible : c’est ainsi la création de 140 postes au sein des résidences santé du CASVP ou encore celle de 100 postes supplémentaires dans les Unités de vie protégée. Au-delà de l’accroissement si nécessaire du nombre d’emplois publics consacrés aux différentes actions conduites en direction des seniors, il ne s’agit pas de sous-estimer, bien au contraire, le rôle essentiel joué par les associations et les entreprises d’insertion, notamment pour les services à domicile. Les services aux personnes âgées constituent ainsi un grand gisement d’emplois et contribuent très directement au développement économique de la collectivité parisienne toute entière.
Par ailleurs, en ce qui concerne plus particulièrement les personnels, confrontés quotidiennement à la maladie, à la douleur, à la disparition de ceux qu’ils ont en charge, il est indispensable qu’il puissent bénéficier d’un statut, d’une convention collective, intégrant cette dimension hautement sensible et qu’aucune statistique ne peut véritablement prendre en compte.
La modernité est enfin présente dans le souci d’évaluation qui vous anime, Monsieur le Maire. C’est ainsi que le CASVP va effectuer un audit général sur les prestations sociales servies par la collectivité parisienne dans la perspective de nécessaires réformes pour mettre en place des aides plus performantes, plus tournées vers l’autonomisation des individus et plus justes socialement.
A travers une politique ambitieuse qui a pris rang de priorité municipale, nous rompons délibérément avec l’esprit des » bureaux de bienfaisance » qui imprégnait encore tant les actes de la majorité d’hier.
En associant toujours plus les aînés à la vie de la cité, l’actuelle municipalité entend ainsi montrer qu’à Paris, ce n’est pas parce que les années passent qu’on est moins concerné par l’avenir, surtout quand c’est aussi celui de ses petits-enfants.