Intervention de Patrick BLOCHE concernant les actes antisémites en France.
Monsieur le Maire,
mes chers collègues,
Le 21 janvier dernier, il y a plus de deux mois, j’avais traduit, à travers une question d’actualité posée à Monsieur le Préfet de Police, l’inquiétude du groupe socialiste et radical de gauche quant à une recrudescence des actes à caractère antisémite.
La multiplication de tels actes dans notre pays, ces dernières semaines, notamment dans le sud de la France, et plus récemment en région parisienne a malheureusement confirmé les craintes que nous avions alors exprimées. Ces violences contre des personnes ou des biens provoquent la réprobation de tous les républicains et il me revient, au sein de notre Assemblée, d’exprimer l’indignation des élus du groupe socialiste et radical de gauche.
Notre condamnation est totale, unanime et les mots ne seront jamais assez forts pour dire notre rejet de ce climat de haine que certains voudraient installer dans notre pays, mettant ainsi en péril la paix civile. Pour cela, les auteurs de ces actes doivent être activement recherchés et sévèrement punis.
Qu’il me soit permis, devant vous, d’assurer une nouvelle fois l’ensemble de la communauté juive de notre pays, et plus particulièrement les juifs qui vivent à Paris de notre amitié et de notre solidarité. Nous ne pouvons, en effet, accepter que les événements dramatiques qui se déroulent en Israël et dans les territoires autonomes palestiniens trouvent leur traduction sur le territoire national, alors même que la France œuvre pour qu’une situation politique soit trouvée dans la région permettant à Israël de vivre en paix et en sécurité dans des frontières reconnues par tous, et au peuple palestinien de pouvoir enfin inscrire son destin dans le cadre d’un Etat.
Vous-même, Monsieur le Maire, tout particulièrement depuis un an, vous vous êtes régulièrement engagé pour que la paix puisse s’établir durablement dans cette partie du monde en contribuant à la réconciliation entre deux peuples meurtris.
Monsieur le Maire, Mes chers collègues, non, notre pays n’est pas antisémite, comme vient de le rappeler le Grand Rabbin de France, Joseph SITRUK. Oui, la communauté juive subit une nouvelle forme d’antisémitisme, qui traduit l’ignorance et le rejet de l’autre de la part de ceux qui, en perte de repères, prennent prétexte des événements tragiques du Proche-Orient pour faire des juifs les nouveaux boucs-émissaires de leur refus d’une société française fidèle à ses idéaux de laïcité, donc de tolérance et de fraternité.
Au-delà de la sévère punition des auteurs de ces actes nous nous devons de relancer des actions de prévention et d’éducation : à l’école, avec l’acceptation des différences de chacun, dans nos quartiers, en multipliant les lieux d’écoute, d’échanges et de dialogue entre toutes les populations, entre toutes les cultures. Par ailleurs, nous apportons notre entier soutien aux mesures que vous avez prises, Monsieur le Maire, qu’il s’agisse de la protection des Institutions juives de la Capitale ou du projet de convention avec le Fonds Social Juif Unifié (FSJU) et l’effort financier important consenti.
Nous remercions le Préfet de police de Paris, dont nous saluons l’engagement personnel, pour les mesures de prévention et de surveillance qu’il met en œuvre pour permettre à la communauté juive de Paris de pratiquer son culte en toute sécurité. C’est également le moment pour nous de saluer les forces de police et tout particulièrement le Commissaire victime hier avec d’autres de violences inacceptables que nous condamnons avec force.
Monsieur le Maire, mes chers collègues, Paris est riche de sa mixité, des migrations humaines qui ont forgé -au cours du temps- son identité. A Paris, on se mélange depuis toujours. C’est en fidélité à cette histoire que les Parisiens et leurs élus sont déjà mobilisés pour opposer un front du refus à toute manifestation de haine et de violence dont est victime aujourd’hui la communauté juive ou demain toute autre communauté. Alors tous ensemble, comme Républicains, comme Parisiens, comme Français, répétons inlassablement que le respect de l’autre et de ses différences est la plus grande force de toute collectivité humaine.