Projet d’Aménagement et de Développement Durable (PADD) de la Ville de Paris

Intervention de Patrick BLOCHE,
Président du Groupe socialiste
et radical de gauche

Monsieur le Maire,
chers collègues,

Nous sommes, je crois, tous conscients de l’importance du débat qui nous réunit ce matin, tant le Projet d’Aménagement et de Développement Durable (PADD) qui nous est présenté est un document essentiel dans la procédure d’élaboration du Plan Local d’Urbanisme (PLU). Il offre, en effet, l’occasion de repenser et de redéfinir un projetr global pour notre Ville après une large concertation qui nous permet de rendre tout particulièrement hommage à votre adjoint Jean-Pierre Caffet. Car c’est d’un projet global dont il s’agit, l’esprit Paris-villages, aussi sympathique qu’il soit, n’étant pas la marque la plus signifiante du PADD.


Vaste (autant qu’indispensable) ambition qui doit beaucoup à la grande loi sur la solidarité et le renouvellement urbains (SRU) que seuls des imprudents veulent aujourd’hui remettre en cause. En effet, avant la loi SRU, les règles de droit dictaient le projet d’urbanisme. Désormais, l’urbanisme et l’aménagement doivent reposer sur un projet et celui-ci détermine quelles règles de droit s’imposent.


Dans sa déclinaison parisienne, le PADD reprend logiquement les objectifs qui président à la réalisation des grands projets parisiens depuis le début de la mandature, et cela dans le respect naturellement des principes du développement durable.


Ceci explique la diversité des thématiques abordées que les orateurs du groupe socialiste et radical de gauche ont souhaité se répartir, en n’oubliant évidemment pas que certaines des orientations reprises dans le PADD figurent dans le Contrat de plan, notamment en matière de déplacements, ou ont déjà fait l’objet de délibérations votées par notre Conseil comme, par exemple, la lutte contre l’insalubrité.


Paradoxe parisien : le rayonnement économique et culturel de notre Ville-Capitale est indéniable et pourtant – depuis longtemps – Paris se dépeuple à la différence de nombreux centres de grandes agglomérations et – phénomène plus récent sur lequel Christian Sautter nous alerte régulièrement – le chômage augmente.


Même si le Département de Paris – avec un revenu par habitant presque deux fois supérieur à celui de la moyenne nationale – reste le plus riche de France, les inégalités entre les ménages et les déséquilibres entre les quartiers subsistent.


Il convient donc de prendre en compte ces réalités sociales que pourraient dissimuler la seule image de Paris, ville riche et capitale touristique attractive.


Affirmer la place de l’emploi dans la capitale et réduire les inégalités figurent, logiquement, parmi les principaux objectifs poursuivis par le PADD.


Ce qui fonde la spécificité de Paris, c’est la dimension qualitative de nos activités économiques : qu’il s’agisse ainsi de l’innovation technologique, de la mode ou du design. Pour autant, cette diversité d’activités peut se trouver menacée si l’offre immobilière n’est pas adaptée.


D’où l’intérêt de favoriser les territoires de  » projet « , de créer de nouveaux pôles économiques sur des zones délaissées comme les quartiers de gares, la ZAC de la Porte des Lilas ou les territoires du Nord-Est parisien.


Concernant plus précisément le Nord-Est parisien, une action volontariste permettra d’accompagner le développement de filières constituées ou émergentes dans le domaine des technologies de l’information et de la communication de part et d’autre du boulevard périphérique et intégrera en conséquence la dimension intercommunale dans le développement de ces projets.


Car faire du développement économique une priorité du PADD c’est également sortir Paris de son isolement territorial. Il convient plus que jamais de concevoir l’avenir de notre Ville à l’échelle de son agglomération. (Sans crainte particulière à l’égard des autres, notamment des Hauts-de-Seine qui visiblement obsèdent plus Monsieur Goasguen que la majorité municipale.)


Cette nouvelle façon de travailler, autrement de penser la ville est valable dans tous les domaines.


Le PADD pose ainsi les enjeux stratégiques d’une requalification de la couronne : en cohérence avec la réalisation du tramway sur les Maréchaux, il s’agit également de prendre toute la mesure des opérations de requalification des Portes inscrites dans les grands projets de renouvellement urbain et faisant partie intégrante de l’effort mené au niveau de la politique de la ville.


Un des défis que doit également relever le PADD, et non des moindres, est celui d’accéder au difficile équilibre habitat-emploi.
Car si Paris se dépeuple, c’est au profit de sa périphérie.


La mobilisation de toutes les potentialités foncières, en prenant en considération non seulement le paramètre de la densité mais aussi celui de l’environnement, constitue un enjeu majeur du PLU et du PLH.


Les objectifs de mixité sociale, de lutte contre l’insalubrité et le saturnisme, avec l’ambition de mener une politique d’offre de logements adaptés à la demande (logement social bien sûr mais aussi logements étudiants, ateliers d’artistes..), conduisent à affirmer – notamment en direction des opérateurs privés – la volonté de réduire les inégalités territoriales entre les arrondissements. Il s’agir aussi d’utiliser toous les outils disponibles permettant de réguler le marché de l’immobilier parisien dont l’évolution inflationniste (actuelle) freine l’accession à la propriété des couches moyennes et pousse des couches moyennes et pousse sans cesse plus loin hors de Paris, les populations les moins favorisées.


Pour réduire les inégalités sociales et économiques, le PADD promeut utilement une vie économique mieux équilibrée, notamment au bénéfice des quartiers les moins riches. Il encourage ainsi une politique d’aménagement des pieds d’immeubles pour accueillir les jeunes entrepreneurs. Il marque également la nécessité de rechercher des synergies entre les équipements ou services localisables sur une même unité foncière.


De la même façon, l’objectif de renforcement de la vie des centres de quartiers conduits à retenir des dispositions concernant l’activité commerciale, comme l’établissement particulièrement opportun de plans de sauvegarde de la diversité commerciale. Cela doit permettre d’aller au-delà d’une réglementation qui voit l’action publique trop régulièrement limitée par la garantie constitutionnelle de la liberté du commerce et, de fait, fonder l’intervention des opérateurs municipaux, telles des SEM expressement missionnées pour cela. Un quartier aussi touché par la mono-activité commerciale que celui de Sedaine-Popincourt attend ainsi beaucoup de ces initiatives nouvelles.


On le voit bien là, , nous retrouvons, avec les orientations du PADD, l’ambition partagée d’un Paris innovant, en perpétuel mouvement, d’un Paris dynamique qui sait faire le lien entre tradition et modernité.


Cette ambition a aussi une dimension humaine, celle d’améliorer les conditions de vie des populations qui sont en difficulté sociale pour que tous les Parisiens puissent mieux vivre la Ville, leur Ville, aujourd’hui et plus encore demain.