Projet de subvention de fonctionnement à « l’association pour l’organisation d’un évènement cinématographique »

Intervention de Patrick BLOCHE,
Président du Groupe socialiste
et radical de gauche

Monsieur le Maire,
Mes Chers Collègues,


Chaque année, Paris est le décor de tournages et même le sujet de plusieurs films français et étrangers. Parallèlement, le nombre de salles à Paris, inégalé ailleurs en Europe, permet l’accès à une grande diversité de programmations, depuis les films de pur divertissement jusqu’aux œuvres d’auteurs plus personnelles. Enfin, avec ses maisons de production et les pôles cinématographiques et audiovisuels de la banlieue, c’est toute une filière, des créateurs aux spectateurs qui vit et s’exprime.

L’ancienne municipalité a fait, à l’égard du septième art des choix que j’ai eu l’occasion de contester : pour les salles arts et essais, des crédits d’équipements au suivi incertain, un accompagnement coupable du développement des multiplexes et, surtout, une absence de réflexion globale en terme de développement économique.

Le groupe socialiste et radical de gauche avait de fait salué, au mois de janvier 2002, la création d’une  » mission cinéma  » à la Ville de Paris, donnant ainsi une visibilité immédiate à l’intervention municipale dans le domaine du cinéma.

Ainsi, des nouvelles orientations ont été prises pour faire de Paris la capitale mondiale du cinéma : une nouvelle politique de soutien à la modernisation des salles, un encouragement à l’implantation d’entreprises travaillant autour de l’image et des nouvelles technologies et la création d’un festival ambitieux.

Un festival ambitieux, ce n’est pas le Festival du film de Paris qui n’a que trop longtemps marqué le triomphe de la logique commerciale, alliant un semblant de discours culturel à une réalité où les paillettes l’emportent sur la pellicule. Il ne correspond manifestement ni à l’attente des cinéphiles ni à celle des professionnels parisiens.

Il symbolise ainsi la dérive vers une marchandisation de la culture, masquant la création pour installer les marques des entreprises à la place d’honneur.

Sans ambition artistique sous les précédents municipalités, le festival du film de Paris éditait ainsi un catalogue où une marque de café était omniprésente sur l’affiche et dans lequel il fallait atteindre la quarante et unième page pour lire le premier texte sur un film. Cette présence justifiée par un engagement financier aurait pu être contre balancée par une mise en valeur des films, un travail de découverte et de promotion d’œuvres d’art ou peu vues, ou encore un effort sur les traductions et sous-titrages. Il n’en était rien.

Les petits fours primaient sur les films, les magazines people s’alimentaient de jolies photos de stars, mais aucun journal spécialisé de la presse cinématographique ne rendait compte de l’événement autrement qu’en annonçant simplement le programme.

Héritant de ce festival, vous aviez, Monsieur le Maire, l’année dernière annoncé une  » remise à plat  » pour 2003. C’est chose faite et je me réjouis de la convention qui nous est aujourd’hui proposée pour l’organisation au mois de juillet prochain d’un nouvel événement intitulé  » Paris Cinéma « .

Au lieu d’un festival dont la localisation essentielle était sur les Champs Elysées, ou au Palais des Congrès pour les soirées dites de  » prestige « , vous proposez de fédérer les salles de cinémas parisiennes, de valoriser leurs actions et la diversité des infrastructures existantes.

Au lieu d’un festival boudé par les professionnels, vous envisagez des rencontres, des colloques autour du développement de projets notamment au niveau européen, mais aussi des liens entre les professionnels et le public.

Au lieu d’un festival qui oubliait la rencontre avec le public, vous préférez un événement qui s’adresse à tous, jeunes et adultes, cinéphiles ou non.

A un festival qui manquait principalement d’ambition artistique, vous souhaitez un projet éclectique alliant grandes avant-premières, mise en lumière de cinéastes méconnus ou inclassables, projections avec accompagnement musical ou encore découverte de films d’écoles de cinéma.

Vous donnez enfin la possibilité à Paris de bénéficier d’un festival centré sur la relation particulière entre les Parisiens et le monde du cinéma : ceux qui le font, ceux qui l’écrivent et ceux qui en parlent.