Attribution d’une subvention exceptionnelle à l’association pour le « Forum Social Européen »

Intervention de Patrick BLOCHE,
Président du Groupe socialiste
et radical de gauche

Le Forum social européen (FSE) qui se tiendra à Paris, ainsi que dans les départements de la Seine-Saint-Denis et du Val de Marne, du 12 au 15 novembre prochain, s’annonce déjà comme un événement phare de l’année 2003. Entre 30 000 et 50 000 participants sont attendus dont 10 000 à 15 000 étrangers.

Le FSE est l’une des déclinaisons continentales du Forum social mondial (FSM) organisé pour la première fois à Porto Alegre (Brésil), en janvier 2001. Depuis cette date, un processus d’essaimage s’est mis en route tant au niveau national que local.
Le premier forum social européen s’est tenu à Florence en novembre 2002, montrant l’ampleur de la mobilisation des acteurs sociaux qui sont à la recherche d’alternatives à la mondialisation libérale, mais également des citoyens et organismes qui se sentent concernés par les effets néfastes de la globalisation.


· La métropole qu’est Paris ne pouvait rester à l’écart de cette mobilisation.
La métropolisation est en effet la résultante de phénomènes économiques nés de la globalisation. Elle se manifeste par la concentration de richesses, des activités et des emplois mais aussi par des phénomènes d’exclusions sociales et de ségrégations spatiales qui nécessitent de nouveaux modes de gouvernance fondés sur des logiques de réseaux et de solidarités tant au niveau local que mondial.

Lors de votre participation au Forum de Porto Alegre en janvier 2002, vous avez ainsi exprimé le souhait, Monsieur le Maire, que la Ville de Paris parisienne puisse s’associer à l’organisation d’un forum social européen, témoignant de votre intérêt pour ces questions.
La délibération qui nous est présentée traduit de façon concrète cet engagement et marque l’aboutissement des démarches entreprises en ce sens par Pierre Schapira et Marie-Pierre de la Gontrie dans le cadre de leurs délégations respectives ; je tenais ici à saluer, au nom du Groupe socialiste et radical de gauche, l’efficacité de leur action.

Selon la Charte de principes du FSM (qui vaut pour les autres Forums), les partis politiques et les autorités locales ne peuvent intervenir directement dans l’organisation ou le contenu des rencontres. Ils peuvent en revanche apporter leur soutien matériel et financier. Cela s’est vérifié à Porto Alegre, où la ville et l’Etat de Rio Grande do Sul ont apporté un appui matériel important, de même qu’en Italie où la ville de Florence et la région toscane ont largement financé la tenue du premier Forum Social Européen en novembre 2002.

La Ville de Paris, tout comme les villes de Saint-Denis et de Bobigny, et les Départements de Seine-Saint-Denis et du Val de Marne, s’inscrit pleinement dans ce dispositif de soutien pour le forum de 2003.

D’un point de vue financier, tout d’abord, la participation de la Ville est loin d’être négligeable puisqu’elle s’élève à 1 million d’Euros.
Cette somme pourra contribuer, par exemple, au bon déroulement des manifestations à la grande Halle de la Villette.

D’un point de vue matériel ensuite, la Ville s’est engagée pour le prêt de locaux, qui comprend la mise à disposition d’équipements municipaux comme des gymnases dans les différents arrondissements de la capitale quand cela est possible. Sur les 30 000 à 50 000 personnes attendues pour ce forum, 10 000 à 15 000 participants non français sont attendus par les organisateurs du forum.
Le FSE intéresse les citoyens du monde entier et la Ville de Paris s’honore de pouvoir, par sa contribution, les accueillir du mieux possible.
Un amendement de l’exécutif à la délibération vient encore renforcer cette aide puisque la Ville de Paris s’engage à mettre à la disposition du Comité français un local à titre gracieux et propose également que l’aménagement de ce local (mise en sécurité, câblage, mobilier de 1ère nécessité, abonnements téléphoniques) soit pris en charge par la Municipalité.

á L’engagement de la municipalité est bien à la hauteur de sa vocation internationale : faire de Paris une ville ouverte sur le monde attentive aux enjeux économiques, politiques et sociaux de la mondialisation.

· Au-delà de sa volonté de répondre à sa vocation internationale, l’engagement de la Ville trouve aussi pleinement, dans sa participation à l’organisation de ce forum, sa justification politique. Comme vous l’avez bien souligné Monsieur le Maire, ces débats :  » sont utiles à des avancées pour tous « .

[Les Forums sociaux, à quelque niveau géographique que ce soit, ne sont pas des entités appelées à prendre position de manière définitive sur telle ou telle question. Ce sont des espaces privilégiés de débat et d’élaboration de propositions par les acteurs sociaux. Si les participants sont extrêmement diversifiés : associations altermondialistes (ATTAC…), ONG (OXFAM…), syndicats, associations citoyennes, ils sont liés par un objectif commun qui est également au centre des préoccupations de notre équipe municipale : celui de lutter contre les effets néfastes de la mondialisation libérale].

Si Paris ne peut influer, en tant que collectivité, sur le contenu des débats – elle ne peut que s’enrichir et rebondir sur ces débats pour valoriser lors du FSE de novembre prochain son engagement international auprès des parisiennes et des parisiens d’une part, et d’autre part, appuyer deux axes forts de la politique municipale depuis le début de la mandature : le renforcement de la démocratie participative, et la prise en compte du développement durable dans la gestion municipale.

En ce qui concerne son engagement international, Paris entend bien montrer que les acteurs locaux constituent une force de proposition avec laquelle il faut désormais compter au niveau mondial.
– Lors du troisième forum des autorités locales pour l’insertion sociale qui s’est tenu à Porto Alegre les 21 et 22 janvier 2003 en marge du Forum social mondial, Pierre Schapira est ainsi intervenu pour la municipalité parisienne sur la problématique de la mise en réseau des villes, un des grands chantiers du maire de Paris dans le domaine de la politique internationale.

Cette démarche accompagne la constitution de la nouvelle organisation mondiale des villes, fruit de la fusion entre La Fédération Mondiale des Cités Unies (FMCU) et l´Union Internationale des Autorités Locales (IULA), fusion qui aura lieu à Paris en mai 2004.


– Le forum européen de Florence marque quant à lui une prise de conscience partagée des acteurs sociaux que l’Europe peut, à certaines conditions, être un levier essentiel pour réguler les effets néfastes de la mondialisation. Pour la première fois en effet on note la participation du CES (Confédération européenne des syndicats) et la volonté des institutions européennes de s’inscrire dans les débats.


Le rôle de l’Union européenne dans la mondialisation libérale, la démocratie et la citoyenneté, le contenu des politiques économiques et sociales communautaires, l’attitude à l’égard de l’hégémonie des Etats-Unis, enfin les politiques de solidarité à mettre en place à l’égard des pays tiers, devraient être les principales thématiques abordées lors du forum en novembre.
La coopération décentralisée constitue à cet égard un moyen privilégié pour renforcer le dialogue avec les pays candidats à l’adhésion et de promotion des actions de solidarité, grâce aux compétences de la ville de Paris, notamment en matière de gestion urbaine.
La mise en place de synergies avec l’AIMF et la Maison de l’Europe, deux outils phares de la politique internationale de la Ville mais dont les parisiennes et les Parisiens méconnaissent encore trop les actions, pourraient ainsi être examinées. Ne serait-il pas envisageable, par exemple, que la Maison de l’Europe puisse servir de lieu de débats et de rencontres sur la politique européenne lors du forum social ?

L’action politique menée par la Ville dans le domaine international trouverait ainsi pleinement sa cohérence.


Le FSE de novembre prochain devrait être un moment important contribuant à la richesse du débat démocratique puisqu’il rassemblera des hommes et des femmes de conviction unis par des valeurs communes fondées sur le respect de la dignité humaine et de l’environnement.
C’est pourquoi, c’est avec une satisfaction toute particulière que les membres du groupe socialiste et radical de gauche voteront cette délibération.


Paris, ville de tous les Parisiens,
Paris, ville ouverte sur le monde où nous vivons,
Tel est le Paris que nous aimons.