Débat budgétaire

Intervention de Patrick BLOCHE,
Président du Groupe socialiste
et radical de gauche

Monsieur le Maire,
mes chers collègues,

Un rendez-vous budgétaire est toujours un moment important. Il indique les choix, démontre des volontés. Le budget modificatif qui nous est présenté ce jour en est une nouvelle illustration. L’exécutif municipal s’était engagé en décembre dernier à présenter à notre Assemblée un budget primitif sincère. Vous disiez alors, Monsieur le Maire, qu’il était possible et souhaitable d’établir un document budgétaire qui trace les grandes masses sans être modifié de fond en comble en juillet. Que n’avons-nous alors entendu comme commentaires. Impossible, irréaliste, inadapté. Six mois plus tard, la réalité s’impose : les masses budgétaires par rapport à décembre ne sont pratiquement pas changées. Les ajustements concernent, en effet, 2,8% du budget primitif. Le maintien de ces grands équilibres traduit bien l’effort de transparence engagé depuis.

Nous débattons aujourd’hui de l’affectation au sein de ce budget modificatif de 152 millions d’euros supplémentaires. Ce qui permet notamment de répondre à la demande sociale de plus en plus forte qui s’exprime dans notre pays en général et à Paris en particulier.

En effet, la politique menée par le gouvernement fragilise les protections sociales les unes après les autres. Hier, les retraites. Aujourd’hui le régime d’assurance-chômage des intermittents du spectacle. Demain, l’assurance maladie.

A cela s’ajoutent le chômage qui augmente et le nombre de Rmistes qui repart à la hausse. A Paris, c’est 125 000 demandeurs d’emplois de plus en un an, une hausse de 15% . C’est près de 50 000 allocataires du RMI, chiffre en baisse en 2001 et reparti à la hausse depuis 2002, conséquence des restrictions touchant les conditions d’indemnisation du chômage et de la réduction des emplois aidés.

Face à cette situation, vous avez su, Monsieur le Maire, prendre vos responsabilités. Vous avez construit un budget qui fait réellement de Paris la Capitale de la solidarité.

Comme vous l’avez sûrement lu, mes chers collègues, Paris est classée première par le journal L’Expansion pour l’investissement pour la petite enfance et pour la dépense par habitant pour l’action sociale. C’est 242,3 euros par habitant que notre collectivité consacre en ce domaine. Nullement comparable aux 81,1 euros de Marseille, aux 64,8 de Toulouse ou aux 35,9 de Bordeaux. Oui c’est bien le choix de la solidarité qui est fait pour Paris et que confirme ce budget modificatif.

L’Allocation personnalisée d’autonomie est un choix de notre collectivité pour que tous nos seniors vivent dans la dignité. Ce sont 27 millions d’euros supplémentaires, 92 millions d’euros au total pour cette année, qui sont engagés. C’est près de 16 000 personnes qui sont concernées par ce dispositif marquant de façon éclairante la rupture intervenue avec les 1 800 bénéficiaires de la PSD. Il faut savoir que 83% des bénéficiaires de l’APA ne recevaient aucune aide auparavant. C’est donc bien un acte de solidarité majeur que notre collectivité assume.

Est donc fait le choix de lutter avec une efficacité encore plus grande contre l’exclusion et la précarité. 28,3 millions d’euros supplémentaires pour un total de 63,6 millions viennent ainsi renforcer le volet insertion du RMI. Sont ainsi créées les conditions d’un suivi personnalisé dans la perspective d’une réinsertion durable. Le taux de contractualisation en janvier 2003 est de 21% soit en hausse de 9 points depuis 2 ans. Cette volonté doit s’inscrire dans la durée. C’est le choix qui a été fait avec cette rallonge budgétaire.

Le Fonds de Solidarité Logement (FSL) touche 9700 ménages parisiens. Ce budget e, constante augmentation a atteint 17 millions en 2002. Cependant, il manque 4 millions d’euros. La Ville prend ses responsabilités et s’engage à attribuer 2 millions supplémentaires. Au gouvernement de prendre désormais ses responsabilités.

La solidarité c’est enfin 23,5 millions destinés à l’aide sociale à l’enfance, l’augmentation de la subvention au Centre d’action sociale de la Ville de 13,6 millions ou les 3,5 millions supplémentaires consacrés, en investissements, à des travaux d’accessibilité touchant la voirie parisienne pour les personnes à mobilité réduite.

L’engagement de rendre Paris plus solidaire et plus juste est ainsi confirmé. De fait, nous ne pouvons que nous féliciter de cette proposition de ce budget modificatif.

D’autant, et cela n’aura échappé à personne, vous accompagnez, Monsieur le Maire, le présent tout en inscrivant résolument notre Ville dans l’avenir avec les prévisions d’investissements pour Paris, que vous venez de rendre publiques. Ce sont 4 milliards sur les quatre prochaines années qui sont ainsi affectés à l’investissement. C’est un effort colossal qui amènera notre collectivité à investir 433 euros par an et par habitant, portant ainsi notre Ville à un niveau bien supérieur à la moyenne des grandes villes françaises qui se situe autour des 344 euros. Rien de comparable avec les 264 euros investis par la précédente municipalité.

De fait, comment ne pas trouver que nos collègues de l’opposition sont au mieux des mauvais joueurs, mais – après avoir entendu Monsieur Goasguen, j’ajouterai : ont un sacré culot.
La fuite en avant, l’absence de crédibilité, c’est Monsieur Goasguen lorsqu’il assène ses assertions de façon aussi péremptoire. En fait, cela traduit avant tout la tentative pour l’actuelle minorité municipale de dissimuler son effroyable bilan dans le domaine de l’investissement qu’elle avait durablement plombé et, encore plus, de sa durable incapacité à faire des propositions alternatives.
Je suis certain que les 8 maires d’arrondissement de l’opposition boycotteront, dans les prochaines années, les ouvertures officielles des équipements publics réalisés dans leurs arrondissements : au moins par solidarité avec les propos tenus aujourd’hui par leurs dirigeants.

Certes, ces prévisions d’investissement ne sont pas un dogme absolu. Rien n’empêche de faire plus, bien évidemment. Mais, le premier souci sera de réaliser d’ici à 2007 tout ce qui est prévu. La souplesse nécessaire, le dialogue permanent viendront enrichir à coup sûr les projets retenus.

En outre, notre groupe tient à saluer le choix fait par la Municipalité de gager chacune des propositions d’investissement sur les crédits de paiement et non sur les autorisations de programme. C’est un engagement fort qui permet d’apporter de la visibilité, de la cohérence, et de la dynamique. C’est donner à la majorité municipale un très haut niveau d’exigence qui, les élus socialistes et radicaux de gauche n’en doutent pas, écartera tout esprit de surenchère.

Nous voterons donc avec enthousiasme ce budget modificatif qui s’inscrit pleinement dans les principes qui nous guident : la solidarité, la justice et la transparence.