Conséquences de la canicule
Intervention de Patrick BLOCHE,
Président du Groupe socialiste
et radical de gauche
Monsieur le Maire,
mes chers collègues,
Notre pays vient de souffrir d’une situation de canicule exceptionnelle à l’origine d’un drame sanitaire qui a choqué tous les Français.
Le groupe socialiste et radical de gauche tient, une nouvelle fois, à exprimer son émotion et sa solidarité à toutes les familles touchées par un deuil.
Nous souhaitons aussi remercier très vivement l’ensemble des personnels de la Ville et de l’Etat qui ont su montrer, dans des conditions éprouvantes, un dévouement exemplaire. L’efficacité dont ont fait preuve l’ensemble des services municipaux concernés et notamment ceux du CAS-VP ou des services d’urgence et des pompes funèbres, – notre collègue Alain MORELL comme acteur de la mobilisation de la S.E.M. qu’il préside, peut en témoigner – a notamment permis à la Ville de Paris, en collaboration étroite avec l’AP-HP et la Préfecture de Police, d’alerter dès le début de la canicule des personnes identifiées comme étant en grande difficulté ou d’embaucher des vacataires supplémentaires pour épauler les personnels travaillant dans les maisons de retraite.
Nous avons été particulièrement attentifs, Monsieur le Maire, à la lettre que vous nous avez adressée le 27 août dernier rappelant de manière précise et chronologique ce qu’a été l’action municipale face aux effets de la canicule tout au long du mois d’août.
Cet effort d’information et de transparence se devait être prolongé afin d’évaluer, à l’échelon parisien, toutes les conséquences de ce drame qui a frappé la collectivité nationale. D’où la création d’une mission, émanant de notre Assemblée, qui s’est d’ores et déjà mise au travail.
Nul n’est responsable de la canicule mais il est nécessaire de s’interroger sur la réactivité des pouvoirs publics et d’expertiser les processus de décision qui ont prévalu dans la gestion de cette crise sanitaire. Il est de la responsabilité régalienne de l’Etat d’être en mesure de faire face à un problème de santé publique et de pouvoir protéger les personnes les plus vulnérables. Pour Paris, il nous faut donc réfléchir, échanger, écouter pour – dans le futur, et face à une catastrophe naturelle de ce type ou d’un autre type – encore mieux anticiper, alerter et réagir.
De fait, notre groupe se gardera bien, au cours de cette séance, de préempter les résultats de la mission d’évolution dont nous souhaitons cependant qu’elle puisse fournir un rapport d’étape à la fin du mois prochain.
A ce stade, comment néanmoins ne pas rappeler – ce que vous faîtes d’ailleurs régulièrement, Monsieur le Maire – l’incidence de la pollution atmosphérique sur la santé des Parisiens, des plus âgés comme des plus jeunes. Aussi, les élus socialistes et radicaux de gauche considèrent logiquement que l’ambitieuse politique de la circulation et des déplacements mise en œuvre depuis plus de deux ans ne peut que se trouver validée et confirmée au moment où nous tirons les enseignements de cette crise, qu’il s’agisse du projet de tramway sur les Maréchaux-Sud, de la création des quartiers verts ou du nouveau partage de l’espace public au profit des piétons, des circulations douces et des transports collectifs.
De la même façon, nous ressentons d’ores et déjà la nécessité d’une réactivité encore plus opérationnelle des responsables politiques et administratifs. Il pourrait être ainsi envisagé de désigner un coordinateur parisien à la gestion des risques, de mieux utiliser la plate-forme Paris – info Mairie ou de développer des moyens de communication innovants et mieux adaptés aux populations les plus concernées.
Il est également souhaitable de contribuer à rompre l’isolement d’un trop grand nombre de Parisiens. Pour que ces femmes et ces hommes puissent vivre dans un environnement moins égoïste et donc plus solidaire, il faut que les institutions sociales et le réseau associatif puissent les identifier ou mieux les connaître.
La période estivale contribue ainsi à la fermeture saisonnière d’un nombre conséquent de commerces de proximité : le bureau des temps peut, à cet égard, jouer un rôle opportun de régulation et d’information.
Dans ce contexte de responsabilisation collective, n’est-il pas nécessaire de revoir une politique d’économie qui vient de révéler ses limites, nous voulons ainsi évoquer la disparition progressive des gardiennes et des gardiens d’immeuble et des logements qui leur sont affectés.
Nous vous rejoignons naturellement, Monsieur le Maire, lorsque vous vous engagez à développer la télé-assistance, en réduisant son coût, ou à climatiser dès 2004 des pièces au sein des résidences-santé de la Ville et des clubs Emeraude.
Notre groupe tient à rappeler les décisions les plus récentes prises par la municipalité dont certaines destinées à pallier au désengagement de l’Etat décidé par l’actuel gouvernement dans le domaine de la solidarité envers les personnes âgées. Ce sont ainsi les 30 millions d’euros supplémentaires pour 2003 en faveur de l’APA, ce sont les 13,6 millions d’euros supplémentaires votés en juillet dernier pour le Centre d’Action Sociale, ou encore les 6,7 millions d’euros qui seront consacrés de 2004 à 2007 à la construction de nouvelles maisons de retraite médicalisées, démontrant avec force la volonté d’agir pour la solidarité à Paris.
Notre groupe compte ainsi continuer, par ses propositions comme par ses votes, à apporter sa contribution à l’amélioration concrète de la vie de dizaines de milliers de Parisiennes et de Parisiens que l’âge, la maladie ou un handicap ont rendu plus fragiles.