en faveur de la dénomination d’une artère Gaston MONNERVILLE

Voeu de Patrick BLOCHE,
Gilles ALAYRAC,
Jean-Bernard BROS
et des élus du groupe socialiste et radical de gauche.

 

Authentique « homme d’Etat » au sens où il fut un responsable politique qui laissa une trace durable dans l’histoire de la démocratie parlementaire, Gaston MONNERVILLE (1897-1991) n’est le plus souvent connu du grand public que pour sa vive opposition au referendum de 1962.

Quoique spectaculaire et ayant marqué son temps, cette image est beaucoup trop réductrice. Nombreux furent ses combats, et celui contre le racisme, l’esclavagisme et le colonialisme n’en fut pas des moindres. Cet enfant de l’Outre-Mer resta attaché, sa vie durant, au sort des peuples lointains de la République. A ce titre, il fut l’un des initiateurs, en 1946, du statut de l’Union française, de la transformation des quatre vieilles colonies (Guyane, Martinique, Guadeloupe et Réunion) en départements et de la création du FIDES, fonds visant à leur développement économique et social.

Né en Guyane, boursier de la République, Gaston MONNERVILLE put faire de brillantes études de droit et de lettres à Toulouse. Par la suite, il s’inscrivit au barreau de Paris où son talent l’amena très rapidement à la présidence de l’Union des Jeunes Avocats. Orateur brillant, homme de conviction, il s’illustra comme un grand défenseur des droits de l’Homme, notamment au sein de la Ligue des droits de l’Homme ou de la LICRA dont il fut l’un des fondateurs, mais aussi au sein du Parti radical dont il resta toujours membre.

Gaston MONNERVILLE débuta, dès 1932, une exceptionnelle carrière politique guidée par sa haute considération pour la République. Député de Guyane, maire de Cayenne, par deux fois sous-secrétaire d’Etat aux Colonies avant 1939, il s’engagea volontaire dans la Marine pour défendre sa patrie. Démobilisé trop tard, il ne put cependant pas participer au vote du 10 juillet à Vichy pour refuser les pleins pouvoirs à Pétain. Son engagement contre le nouveau régime et l’occupant fut immédiat. Ainsi il rejoignit le réseau Combat tout en défendant, en tant qu’avocat, les résistants arrêtés, ce qui lui valut d’être arrêté et emprisonné. En 1942, il entra dans la clandestinité aux côtés des FFI d’Auvergne sous le pseudonyme de « commandant Saint-Just ».

Acteur du retour à la République, Gaston MONNERVILLE deviendra sénateur du Lot, président du Conseil de la République, puis du Sénat jusqu’en 1968. Pendant ces 22 années, il défendra les prérogatives de la Haute Assemblée, et sera l’initiateur du transfert des cendres de Victor SCHOELCHER et de Félix EBOUE au Panthéon. Il approuvera la Constitution de la Vème République, mais sera aussi l’homme qui dira  » non  » au général DE GAULLE dans le débat référendaire de 1962. Il fut membre du Conseil Constitutionnel de 1974 à 1983.

Décoré de la Croix de Guerre, de la Médaille de la Résistance avec rosette, chevalier de la Légion d’Honneur à titre militaire, officier de la Légion d’Honneur, commandeur des Arts et des Lettres, Gaston MONNERVILLE, l’homme de tous les combats, s’éteindra à Paris le 7 novembre 1991.

Le Conseil de Paris émet le vœu que le nom de Gaston MONNERVILLE soit attribué à une artère de la capitale.