Orientations budgétaires de la Ville et du Département pour 2004
Intervention de Patrick BLOCHE,
Président du Groupe socialiste
et radical de gauche
Monsieur le Maire,
Mes cher(e)s collègues,
Comme chaque année, nous entrons dans le temps budgétaire, ce temps qui nous permet de donner corps à nombre de propositions qui sont celles d’un contrat de mandature que la gestion municipale n’a pu qu’enrichir.
L’exercice budgétaire pour 2004 s’inscrit dans un contexte économique et social détérioré qui a inévitablement des conséquences pour la première ville de France. La croissance est en panne. Les déficits publics s’envolent. Les plans sociaux se multiplient comme pour TATI à Paris. Quand les Français souffrent, les Parisiens souffrent. Quand le chômage progresse, il progresse aussi à Paris. A cet égard, l’extraordinaire réussite de la manifestation » Paris pour l’emploi » dont vous êtes à l’initiative, Monsieur le Maire, avec Christian Sautter et plusieurs autres adjoints, montre une capacité de passer des discours aux actes qui pourrait utilement inspirer Messieurs Raffarin et Fillon.
Il n’est, de fait, pas étonnant que la priorité soit, une nouvelle fois, donnée dans ce budget à la solidarité envers les Parisiennes et les Parisiens les plus faibles et les plus vulnérables. Avec heureusement des choix municipaux qui pour le bien de nos concitoyens, ne sont pas les choix gouvernementaux.
La lutte contre l’exclusion constitue ainsi un axe majeur de la politique engagée depuis mars 2001 par la municipalité. L’exclusion, le chômage mettent chaque jour, un peu plus à mal notre pacte social. Les combattre est essentiel pour la cohésion, la diversité et la force de notre collectivité. A ce titre, Paris est plus que jamais la capitale de la solidarité.
Il nous faut donc redoubler d’efforts. Le budget en faveur de la solidarité progressera en 2004 de près de 10%, pour trois publics prioritaires : les personnes âgées, les personnes handicapées et les plus démunis.
Conséquence de la crise sanitaire de cet été, le budget en faveur de celles et ceux que l’âge rend plus vulnérables, qui avait déjà augmenté de près de 30%, connaîtra une hausse significative afin de renforcer les moyens des services sociaux de la Ville. L’APA verra son enveloppe de croître de 40% par rapport à 2003, soit 92 millions d’euros pour 17 000 Parisiens pris en charge. Ce sont également les travaux de climatisation ou de réfrigération des résidences-santé ou des Clubs Emeraude réalisés dès 2004.
Par ailleurs, vous vous êtes engagé, Monsieur le Maire, à rendre notre Cité toujours plus accessible aux Parisiennes et aux Parisiens handicapés. L’aide sociale en leur faveur progressera ainsi pour atteindre 107 millions d’euros. Un nouveau moyen de transport spécifique se traduisant par la mise en service de navettes adaptées aux besoins des personnes handicapées verra le jour. C’est une initiative permettant de rompre leur isolement et d’accroître leur autonomie, dont le groupe socialiste et radical de gauche se réjouit.
Le choix de la solidarité, c’est aussi l’engagement de la Ville en direction de ses habitants les plus démunis. Ce budget en progression constante bénéficiera en 2004 d’une augmentation de près de 10% ce qui permettra d’ouvrir des lieux d’hébergement d’urgence pour répondre plus efficacement aux situations de détresse. Dans le 15ème, c’est un lieu destiné aux femmes victimes de violences et aux jeunes en difficulté qui verra le jour. Continuons dans cette voie.
Se loger à Paris reste naturellement une vraie difficulté pour un grand nombre de ménages. Cette année encore, la Ville de Paris financera la construction de 3500 logements sociaux, amplifiera son action de lutte contre l’insalubrité en intensifiant son soutien budgétaire à la SIEMP. N’oublions pas que ce sont près de 1100 familles vivant dans des immeubles insalubres ou en péril qui ont été relogées depuis mars 2001. A cet égard, les récentes interventions d’élus de l’opposition municipale sur ce sujet, Monsieur Tibéri pas plus tard qu’hier, sont d’une rare indécence. Quand pendant 25 ans, on a conduit une politique de logement qui n’avait qu’un but : chasser de Paris les classes populaires, les classes moyennes et les familles, afin de renforcer son assise électorale, soit on assume, soit on a la pudeur de se taire !
La situation du Fonds de solidarité logement est d’ailleurs révélatrice de votre volonté de faire pour la France d’aujourd’hui ce que vous faisiez pour Paris hier. Comme vous le savez, en effet, chers collègues, ce fonds géré à parité avec l’Etat est destiné à prévenir les expulsions et à permettre le maintien dans le logement. Et nous savons tous l’importance cruciale d’un toit dans un processus d’insertion et dans le renforcement des liens de socialisation. Ce fonds, largement sous utilisé lors de la précédente mandature, a été réformé en 2002 et a aidé près de 10 000 Parisiens depuis. Les évolutions de la demande sociale dans le domaine du logement, cette année, ont généré une nécessaire augmentation de la dotation prévue initialement. Or, l’Etat a décidé de se désengager et n’a pas versé sa part nécessaire au bon fonctionnement du FSL. La Ville a donc décidé de prendre seule à sa charge l’augmentation de 2 millions d’euros en sortant des règles habituelles du financement paritaire avec l’Etat. Une nouvelle fois, la preuve est donnée que pour la municipalité, ce sont avant tout les actes qui comptent.
Nos inquiétudes sont également vives – et nous souhaiterions les faire partager à notre Assemblée – concernant la pérennité du RMI et la mise en place du RMA dès le 1er janvier 2004 alors qu’au 20 octobre, nous ne savons rien. Comment la CAF va-t-elle assurer cette nouvelle gestion ? Comment le gouvernement compte-t-il effectuer le transfert de ressources du RMI vers les départements ? Quelles vont en être les conséquences pour les finances locales ?
La décentralisation, ce beau projet porté par la gauche dans notre pays pendant vingt ans s’apparente de plus en plus, avec ce gouvernement, à la seule décentralisation de ses déficits. Et les collectivités territoriales sont ainsi de plus en plus régulièrement appelées à la rescousse pour assurer les fins de mois d’un Etat nécessiteux. Prenons un dernier exemple. La décision de réduire l’ASS fera dès cette année, de 130 000 chômeurs de longue durée des Rmistes. Où sont les moyens supplémentaires pour permettre à ces femmes et à ces hommes de retrouver la voie de l’emploi ? Où sont les crédits prévus pour leur donner une seconde chance ? Nous attendons, en vain, des initiatives du gouvernement. Vous avez refusé, Monsieur le Maire, que la valeur de solidarité soit ainsi bafouée et vous avez pris la décision d’augmenter de 7.5% les crédits destinés à l’insertion des bénéficiaires du RMI. Mais, jusqu’où , jusqu’à quand ira cette défaillance de l’Etat aussi soigneusement que cyniquement organisée.
Je voudrais cependant conclure mon intervention sur une note optimiste en rappelant que ces orientations budgétaires vivent le présent mais engagent aussi l’avenir de notre Ville. Vous avez voulu, Monsieur le Maire, avec le PIPP donner, dans la transparence, des axes stratégiques à notre collectivité. Vous avez indiqué les réalisations futures et mis en place une véritable révolution budgétaire en engageant une programmation pluriannuelle donnant de la visibilité et une garantie de saine gestion des deniers publics. C’est donc avec une feuille de route dûment établie que nous avançons. C’est une très bonne chose pour la démocratie.
Cette année, c’est donc 1 milliard d’euros qui sera engagé pour changer la vie des Parisiennes et des Parisiens. C’est un niveau d’investissement sans précédent dans l’histoire de notre Ville qui nous permettra de conduire Paris sur la voie du progrès, de la solidarité et du développement durable. Son financement s’appuiera sur la mobilisation des marges financières de notre collectivité mais aussi sur le recours raisonné et raisonnable à l’emprunt.
La recherche d’une meilleure gestion des ressources de la Ville restera le guide de votre action. Meilleure gestion pour les ressources évidemment, meilleure gestion pour les dépenses inévitablement. Maintenant, à nous tous d’être efficaces pour faire rapidement sortir de terre ces projets si essentiels à une meilleure qualité de vie à Paris.
Monsieur le Maire, dimanche prochain, vous inaugurerez le Quai François MITTERRAND. Il me revient une phrase du Président Mitterrand qui avait l’habitude de dire » là où il y a une volonté, il y a un chemin « . Monsieur le Maire, avec ces orientations budgétaires, il y a et la volonté et le chemin : celui que le groupe socialiste et radical de gauche a emprunté à vos côtés, il y a deux ans et demi.