Relatif à la dénomination d’une école, d’un centre d’animations ou d’un équipement public, Etienne Roda-Gil

Voeu de Patrick BLOCHE,
Anne HIDALGO,
Pierre CASTAGNOU,
Lyne COHEN-SOLAL,
Danièle POURTAUD
et les élus du groupe socialiste et radical de gauche.

 

« A quoi sert une chanson Si elle est désarmée ?, me disaient des chiliens, Bras ouverts, poings serrés… ».

A être « Utile » répondit Etienne Roda-Gil,

Utile à « Vivre et à rêver »…

Etienne Roda-Gil. Un homme de révolte, par les mots.

Il est des hommes artistes que l’on connaît sans les connaître, à la fois proches de nous mais invisibles.

Etienne Roda-Gil était avant tout un Grand artiste, un poète, un parolier.

Parisien de cœur et d’humeur, il garda toute sa vie un sentiment de révolte qui fit de lui un homme engagé, un iconoclaste, un inclassable, un poète féru de verbe et plein de verve, un artiste indispensable.

C’est d’abord un homme d’exil dont la famille fit de la France sa terre d’adoption et en apprivoisa la langue jusqu’à la dompter.

Né dans un camp de réfugiés espagnols à Montauban le 1er août 1944, Etienne Roda-Gil était issu d’une famille modeste, dont le père fut contraint de quitter l’Espagne après la prise de pouvoir du dictateur Franco. Élevé dans la langue catalane auprès d’une mère passionnée de musique, Roda-Gil a du apprendre le français.

Licencié es Lettres, visiteur médical il sut forcer le destin et forger sa propre légende en faisant de la langue française sa plus fidèle alliée, de sa plume une arme pour conquérir Paris…

Il n’a que 29 ans quand il rencontre Julien Clerc au détour d’un café d’étudiants près de la Sorbonne, en 1968. C’est le début d’une longue collaboration avec le titre La Cavalerie et d’une amitié qui durera jusqu’à la fin de sa vie.

Dans les années 70, Roda-Gil rencontre aussi Mort Schuman, alors inconnu du public français et lui écrit son premier succès francophone : Le lac majeur en 1972, et quelques autres dont Monsieur Lee, Brooklyn by the sea… On lui doit aussi d’avoir lancé la carrière de Vanessa Paradis avec Joe le taxi et Marilyn et John…

Les années 80 seront celles de la consécration pour l’artiste ; il continue son ascension vers le succès en mettant ses talents de parolier au service d’un répertoire populaire chanté par les plus grands : les textes de l’auteur ont été interprétés par Barbara, Juliette Gréco ou Louis Bertignac, Christophe, France Gall, Catherine Lara et Nicoletta. Il collabore également avec Jean-Claude Petit et Jean-Pierre Bourtayre pour offrir à Claude François Magnolia for ever et Alexandrie, Alexandra.

En 1989, il a reçu le grand prix de la chanson de la Sacem, dont il fut administrateur de 1996 à 1999 et de 2000 à 2003.

Dans le même temps, il affirme ses talents d’auteur en publiant au Seuil « La porte marine » et en adaptant pour le cinéaste Andrzej Zulawski « L’idiot » de Dostoïevski, rebaptisé « L’amour braque » (1985).

Homme de paroles en musique et de Parole, Nadine Delahaye, peintre, devient sa femme et l’amour de sa vie jusqu’à son décès en 1990.

Mort quatorze ans plut tard d’une congestion cérébrale, à l’âge de 62 ans, Etienne Roda-Gil laisse la chanson française orpheline.

« Utile », Etienne Roda-Gil l’était. Afin que sa pensée vive et se survive dans les paroles, ces étoiles souveraines, qu’il nous a laissées,

Afin que son ombre tutélaire continue de hanter et de tapisser les nuits parisiennes de ces mots de 2 syllabes qu’il affectionnait tant et dont il avait même fait un dictionnaire,

Sur la proposition de Mme Anne HIDALGO, MM. Patrick BLOCHE, Pierre CASTAGNOU, Mmes Lyne COHEN-SOLAL, Danièle POURTAUD et des élu(e)s du groupe socialiste et radical de gauche,

Émet le vœu :

– que le nom d’Etienne Roda-Gil puisse être donné à une école ou à un centre d’animation ou un autre équipement public, si possible dans le 14e arrondissement.