60ème anniversaire de la Libération de Paris – Dénomination de…
Intervention de Patrick BLOCHE,
Président du Groupe socialiste
et radical de gauche
Monsieur le Maire, Chers Collègues,
En inscrivant dans les lieux de Paris la mémoire glorieuse de Jacques Chaban-Delmas, de Joseph Epstein, de Benoît Frachon et de Jean Prouteau, vous nous proposez, Monsieur le Maire, de croiser quatre destins qui, à partir d’engagements et de parcours différents, ont su – en une période tragique de notre Histoire – converger au nom d’un idéal commun : la liberté.
Ces héros partageaient le même esprit de résistance. Comme tant d’autres, il ont eu le courage de se dresser pour refuser la lâcheté et la trahison, pour combattre le Régime de Vichy qui avait assassiné la République et engagé notre pays dans une collaboration honteuse et criminelle avec l’Allemagne nazie.
Ils ont été l’honneur de la France, cet honneur que, dès le 18 juin 1940, à Londres, le Général de Gaulle avait su relever.
L’hommage que Paris leur rend aujourd’hui et auquel s’associe pleinement le groupe socialiste et radical de gauche, s’inscrit dans le cadre de la commémoration de la Libération de Paris dont ils ont été des acteurs majeurs. Jacques Chaban-Delmas, le légendaire général deux étoiles a 29 ans, a – en effet – joué un rôle central dans l’organisation de l’insurrection parisienne comme délégué militaire national du gouvernement provisoire de la République française. Jean Prouteau, délégué militaire des Forces Unies de la Jeunesse Patriotique (FUJP), a pris, lui aussi, une part décisive dans les combats pour la libération de notre ville, comme Chef des F.F.I. pour le sud de Paris. Benoît Frachon, c’est l’apport essentiel des forces syndicales dans la résistance à Vichy et à l’occupant, c’est également la direction politique du Parti communiste dans la clandestinité qu’il partagea avec Jacques Duclos.
Seul des quatre à ne pas avoir vu la libération de Paris et de la France puisqu’il fut fusillé en avril 1944, au Mont Valérien, Joseph Epstein, né en Pologne, engagé au sein des Brigades internationales contre l’Espagne franquiste, symbolise la contribution héroïque des immigrés – et tout particulièrement des membres de la FFP-MOI aux combats de la résistance. La mémoire de ces combattants de l’ombre reste à ce titre dans le Nord-Est parisien.
Ces quatre héros, parce qu’ils étaient d’abord des républicains, chérissaient la liberté qui signifiait libération du joug de l’occupant, mais aussi l’égalité qu’avec d’autres ils inscrivent dans le programme du Conseil national de la Résistance et bien sûr la fraternité, celle des réseaux et des maquis.
A votre initiative, Monsieur le Maire, nous allons en août prochain donner au soixantième anniversaire de la Libération de Paris, un éclat particulier pour faire vivre les valeurs de la Résistance. Cette commémoration rappellera ce que fut l’engagement des Parisiens dans les combats pour la libération de leur Ville, du début de l’insurrection le 19 août jusqu’à l’entrée de la 2ème DB le 25. Et l’explosion de joie populaire qui s’ensuivit, l’immense fête d’un Paris libéré, libéré par lui-même, libéré par son peuple, pour rependre les mots célèbres prononcés par le Général de Gaulle ici même, à l’Hôte de Ville.
Il faut, en effet, mesurer ce que signifia pour les Parisiennes et les Parisiens les quatre années d’occupation, en humiliations, en privations et souffrances pour prendre l’ampleur de l’explosion de joie, du bonheur intense et collectif de la liberté recouvrée, de ce sentiment partagé de délivrance.
N’oublions pas le choc de cette sortie soudaine d’un état d’oppression et d’asservissement. N’oublions pas que le 31 juillet 1944, moins d’un mois avant le 25 août, partait de Drancy vers les chambres à gaz d’Auschwitz, 1300 déportés juifs de France dont 300 enfants de moins de 18 ans.
Il nous revient de restituer cette période à la fois tragique et glorieuse de notre Histoire. Il nous revient de faire ce travail de mémoire à l’égard de celles et de ceux qui ont payé de leur vie la Libération de Paris et de la France. Il nous revient de nous adresser, en priorité, aux plus jeunes des Parisiens avec les mots qu’ils comprennent, pour leur rappeler toute la signification du » plus jamais ça « , dans un contexte hélas de recrudescence des actes de haine et de violence antisémites et racistes.
Il nous revient, dans un monde instable et dangereux, de ne pas oublier que la Paix fut le premier facteur de la construction européenne.
En agissant ainsi, nous serons fidèles au message d’espoir que nous ont légué celles et ceux qui ont libéré Paris. Sachons nous rassembler pour que, soixante ans après, Paris soit plus que jamais Compagnon de la Libération.