Communication sur la protection de l’environnement

Intervention de Patrick BLOCHE,
Président du Groupe socialiste
et radical de gauche

 

Monsieur le Maire,
mes chers collègues,

Réconcilier environnement urbain et qualité de vie est incontestablement l’une des préoccupations majeures de nos concitoyens et l’une des priorités qui guide l’action municipale. Cette exigence d’une ville apaisée et soucieuse du bien être de ses habitants trouve ainsi, depuis plus de quatre ans, sa traduction dans une action ambitieuse rompant nettement avec la gestion des équipes précédentes dont l’absence de volonté politique dans ce domaine comme dans d’autres demeure la marque de gouvernance principale.

Sous l’effet conjugué d’une urbanisation croissante, de l’évolution de nos modes de vie et de la demande de mobilité toujours plus importante, les grandes métropoles sont confrontées à de réelles difficultés : pollution de l’air, des eaux et des sols, bruit, accumulation des déchets, dégradation du paysage urbain. Autant de nuisances, aux conséquences parfois désastreuses sur la santé de nos concitoyens et qui affectent durablement notre environnement et notre cadre de vie.

Les enjeux environnementaux sont essentiels puisqu’ils engagent le maintien de la biodiversité et l’équilibre du climat. Juste un chiffre : selon le Groupe Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC), les températures devraient augmenter à Paris de 1,4 à 5,8 degrés d’ici la fin du siècle. C’est dire la responsabilité qui est la notre aujourd’hui ! C’est dire combien il est essentiel de reconsidérer notre rapport à la ville et d’envisager de nouvelles voies de développement si nous ne voulons pas causer des dommages irréversibles et exposer, chaque jour davantage, les générations futures à des risques sans précédent.

A cet égard, la communication que nous examinons aujourd’hui illustre la diversité des actions engagées par nombre de vos adjoints, notamment Yves CONTASSOT et Myriam CONSTANTIN, fortement mobilisés autour de cet enjeu central et qui, en bonne synergie, œuvrent pour préserver nos ressources et améliorer durablement notre qualité de vie.

Les élus socialistes et radicaux de gauche tiennent ainsi à saluer les efforts déjà effectués dans le domaine de la collecte sélective des déchets, de la rationalisation de l’utilisation de l’eau pour le nettoyage des rues et des égouts, de la réduction des rejets polluants en Seine, ou de la limitation de l’usage des engrais et phytosanitaires pour les espaces verts.

Ils se réjouissent également que, dans cette lutte contre les pollutions, les démarches les plus innovantes aient été entreprises. Je pense par exemple au bilan carbone lancé en partenariat avec l’ADEME et actuellement en cours d’élaboration ou encore à la cartographie du bruit publiée l’an dernier – Paris a fait à ce titre figure de pionnière en Europe – et dont nous attendons le plan d’actions et de mesures avec impatience. La Ville vient d’ailleurs de voir reconnaître ses progrès puisqu’elle a obtenu, en avril dernier, lors du salon de l’AMIF, le prix spécial du Grand Prix de l’environnement pour ses réalisations en matière de jardins partagés, de lutte contre le bruit, de gestion de l’eau et de cahier des recommandations environnementales.

Comment ne pas évoquer aussi la politique des déplacements, menée par Denis BAUPIN, dont les premiers résultats sont très encourageants – avec une baisse du trafic automobile de 13 % depuis 2001 -, le travail essentiel de Jean-Pierre CAFFET avec l’élaboration du PLU ou encore le souci de François DAGNAUD, dans le domaine de la commande publique, de privilégier des achats correspondant à un haut degré d’éco-labellisation.

Mais, au-delà de ces actions structurantes – et sur lesquelles mes collègues Claude DARGENT et Jérôme COUMET reviendront plus amplement dans quelques instants – je voudrais appeler votre attention, mes chers collègues, sur d’autres avancées, tout aussi essentielles, et qui témoignent de l’engagement de la Ville dans une démarche de développement durable : la démocratie participative bien sûr, mais aussi une promotion d’un tourisme participatif et durable avec la charte de qualité pour les chambres d’hôtes. Je pense également aux 200 000 sacs en cotons distribués à l’occasion de la 3ème fête des marchés ou encore à l’ensemble des actions de la Ville en direction de l’économie sociale et solidaire que conduisent Christian Sautter et Lyne Cohen-Solal.

C’est ainsi, par des choix volontaires, que l’on construit et développe le Paris auquel aspirent nos concitoyens. C’est d’ailleurs avec la même exigence que vous vous êtes engagé Monsieur le Maire, avec le concours de tous vos adjoints, à proposer une candidature de Paris au Jeux Olympiques et Paralympiques de 2012 exemplaire sur le plan environnemental.

Le contraste est, de fait, saisissant avec le rôle et l’action actuels de l’Etat dans le domaine de la protection de l’environnement et du développement durable. Visiblement, quand la maison brûle, la droite regarde ailleurs. Baisse du budget de l’ADEME, un Plan climat insuffisant, un Plan de Protection de l’atmosphère frileux et sur lequel nous avons émis un avis défavorable, une loi d’orientation sur l’énergie qui fait la part belle au tout nucléaire et qui entrave le développement des énergies renouvelables. Et surtout, après un désengagement massif des transports collectifs en France, l’Etat s’apprête a transférer le STIF aux collectivités locales dans des conditions financières inacceptables.

Ce bilan est, à bien des égards, édifiant.

En signant la Charte d’Aalborg en mars dernier et en nous proposant aujourd’hui l’élaboration d’un agenda 21 local, vous nous invitez, Monsieur le Maire, à franchir une nouvelle étape. De quoi s’agit-il ? Il s’agit de mettre en application les principes de développement durable tels qu’ils ont été définis lors du Sommet de Rio : Elaborer un processus de développement qui concilie l’environnement, le développement économique et le progrès social et établir un cercle vertueux entre ces trois sphères, fondé sur les principes de solidarité, de précaution et de participation. Cette nouvelle impulsion, le groupe socialiste et radical de gauche entend y participer pleinement et souhaite que cet agenda 21 soit le plus ambitieux possible.

Ambitieux tout d’abord dans son contenu. L’agenda 21 ne doit pas être un inventaire des beaux gestes se contentant de compiler ce qui se fait ici ou là. Il doit être un vrai projet politique global de long terme, impliquant nécessairement un décloisonnement des domaines de compétences et constituant le fil rouge de l’action municipale des prochaines années. Il doit nous amener, sans aucun dogmatisme, à élaborer des indicateurs pour se donner les moyens d’atteindre nos objectifs.

Un récent rapport du CODEV sur le développement durable identifie par exemple quelques axes sur lesquels il faudra entamer une réflexion : Quels moyens d’anticiper les risques et de gérer les crises imprévues ? Comment redonner à la Seine son rôle vital ? Comment maîtriser les émissions de CO2 ? Mais c’est également lutter contres les inégalités écologiques quand on sait que ce sont les Parisiens qui vivent à proximité du périphérique, donc principalement dans des logements sociaux, qui subissent le plus les nuisances sonores et les effets de la pollution atmosphérique.

Cet agenda 21 local se doit d’être également ambitieux dans sa méthode d’élaboration. L’expérience le montre, la réussite d’une telle entreprise dépend de la capacité des élus à mobiliser l’ensemble des acteurs concernés. C’est pourquoi, nous souhaitons que l’ensemble des groupes composant le Conseil de Paris, dans leur diversité, soit associé, sous une forme qui reste à définir, à l’élaboration de l’agenda 21.

Pour autant, il ne s’agit pas de fixer des objectifs et d’imposer un texte par le haut. Car, si l’Agenda 21 local désigne un document établissant un programme d’actions, il est aussi et surtout une dynamique d’initiatives concertées avec l’ensemble des partenaires socio-économiques : associations, conseils de quartier, entreprises, partenaires institutionnels mais aussi les citoyens eux-mêmes, tous doivent être impliqués dans ce processus. Sur ce point nous ne doutons pas de votre volonté, Monsieur le Maire. La démarche collective et consultative qui a prévalu pour l’élaboration du PLU en témoigne et renforce notre idée que c’est par le dialogue avec ceux qui font vivre la ville, que nous parviendrons à la rendre plus harmonieuse et plus juste.

Vous l’aurez compris, Monsieur le Maire, mes chers collègues, démocratie et développement durable vont de pair. C’est la raison pour laquelle notre groupe se sent particulièrement mobilisé sur l’idée pour notre Ville d’un projet maîtrisé et partagé.