Plan de Déplacements pour Paris
Intervention de Patrick BLOCHE,
Président du Groupe socialiste
et radical de gauche
Monsieur le Maire,
Mes chers Collègues,
Après avoir adopté le Plan local d’urbanisme au début de cette année, il nous faut doter la Ville d’un projet tout aussi ambitieux en matière de déplacements. La loi SRU indique, en effet, que le développement harmonieux des zones urbaines doit concilier des enjeux majeurs comme le développement économique, l’équilibre social de l’habitat, les équipements et les services et, bien évidemment, les déplacements.
Cette nécessité dépasse d’ailleurs le seul cadre hexagonal et s’impose aujourd’hui à l’ensemble des grandes métropoles internationales confrontées aux problèmes de pollution. Toutes les études le montrent, la pollution à Paris est principalement d’origine automobile et son impact sur la santé de nos concitoyens est aujourd’hui clairement avéré. Elle accroît le nombre de maladies et d’accidents cardio-vasculaires, diminue l’espérance de vie et augmente le nombre d’enfants touchés par l’asthme. Elle a même des effets là où on ne l’attend pas, puisque des spécialistes avancent l’hypothèse que certains polluants émis par les voitures contribueraient à la prise de poids. Dans cette lutte contre ce véritable fléau, le groupe socialiste et radical de gauche tient à vous assurer, Monsieur le Maire, de son soutien sans failles. Il l’a d’ailleurs exprimé avec force le mois dernier à l’occasion de la communication sur l’environnement. Et il le montre depuis quatre ans en soutenant activement la politique volontariste de redistribution de l’espace public au profit des transports en commun et des circulations douces que vous avez engagée avec Denis BAUPIN.
La délibération que nous examinons aujourd’hui nous place au début d’une nouvelle phase d’élaboration. Elle appellera naturellement discussions et débats. Mais, gardons à l’esprit, chers collègues, que dans le domaine des déplacements, si la situation était celle que l’on sait en 2001 – à savoir le choix du tout automobile auquel Monsieur GOASGUEN nous a rappelé son attachement viscéral – depuis, un important travail a été accompli et, quatre ans plus tard, nous mesurons le chemin parcouru. Ce bilan depuis 2001, quel est-il ? D’abord, une nette amélioration de l’usage des transports en commun. Le nombre de voyages effectués en métro a augmenté, entre 2003 et 2004, de 7%, la fréquentation du RER de 9%, et celle du bus de 2%. Quant à la fréquentation des aménagements cyclables, elle a connu une hausse de plus de 30%. Il n’est ainsi pas étonnant que la circulation automobile ait baissé de 13% depuis le début de la mandature. N’en déplaise aux rares détracteurs de cette politique, la vitesse moyenne de circulation est restée stable à Paris.
Efficacité, qualité et accessibilité, les enjeux d’une ville moderne, où les motifs de déplacements se diversifient, exige une offre de transports, elle aussi, diversifiée. Ce bilan, aussi encourageant soit-il, doit nous amener à être plus exigeants encore. C’est précisément ce à quoi nous invite l’élaboration du PDP.
Parmi le nombreux enjeux du PDP, le groupe socialiste et radical de gauche tient particulièrement à celui du stationnement résidentiel. Déjà, lors de l’élaboration du PLU, nous avions proposé de moduler le nombre de places de stationnement pour les constructions neuves en fonction des besoins locaux. On sait que plus le stationnement à proximité des lieux de résidence est favorisé, plus l’utilisation des transports en commun est encouragée. Et qu’au contraire, plus il est facilité à proximité des lieux de travail et plus c’est l’utilisation de la voiture qui est favorisée. Dès lors, il s’agit de permettre aux personnes qui utilisent occasionnellement leur véhicule de ne pas le prendre et donc de stationner facilement et à un coût avantageux. De nombreuses mesures ont déjà été prises en ce sens, mais cela impose aussi d’optimiser les possibilités de stationnement résidentiel notamment en examinant les moyens d’exploiter au mieux les 22.000 places libres du parc des bailleurs sociaux.
Autre enjeu, la question du centre de Paris, dont la moitié du trafic automobile est une circulation de transit. Pour des raisons que nous partageons tous au sein de la majorité municipale, nous avons, contrairement à d’autres villes, exprimer clairement notre refus d’une ségrégation par l’argent. Gardons-nous également de solutions qui enfermeraient le centre de Paris. Plus que jamais, l’amélioration de notre cadre de vie doit se concilier avec le dynamisme économique de la capitale. Ayons toujours à l’esprit le triptyque protection de l’environnement – développement durable – progrès social. Plus que jamais la question du centre de Paris doit être pensée de manière globale tant elle est étroitement liée à celle des autres arrondissements.
Je souhaiterais terminer mon propos en abordant la question de la concertation.
Comme vous le savez, c’est la loi relative aux libertés et responsabilités locales qui nous permet d’élaborer un Plan local de déplacements ayant une valeur juridique. Son article 40 précise ainsi qu’ « un plan local de déplacements couvrant l’ensemble de son territoire peut-être également élaboré à l’initiative de la Ville de Paris. […] Il est approuvé par le Conseil de Paris après enquête publique. » Il est donc particulièrement surprenant qu’un vœu de l’UMP propose l’extension du périmètre du PDP alors même que la loi ne l’autorise pas. Certes, le périmètre défini ne correspond que partiellement à la réalité des déplacements. Mais, vous avez su, Monsieur le Maire, surmonter cette difficulté en associant largement à l’élaboration de ce texte l’ensemble des partenaires institutionnels de la Ville ainsi que l’ensemble des communes et départements riverains. Cela, c’est la prise en compte de la réalité de l’agglomération parisienne, sans poser – comme le fait M. GOASGUEN – la question institutionnelle comme préalable. La droite parisienne qui, lorsqu’elle était à la tête de la municipalité avait contribué à opposer Paris et banlieue, serait nettement plus inspirée si elle s’intéressait de plus près à la décentralisation du STIF et au non-respect des engagements contractuels de l’Etat, sujets ô combien essentiels pour les déplacements à l’échelle de la région et de l’agglomération parisienne.
Comment ne pas s’étonner également d’un autre vœu visant à donner des leçons en matière de concertation et de consultation alors que, là encore, du temps où elle était aux responsabilités, la droite n’a jamais pris la moindre initiative pour consulter les Parisiens. Là où la loi n’impose aucune règle, vous avez choisi, Monsieur le Maire, la voie de la concertation la plus large possible : commission extra-municipale des déplacements, mairies d’arrondissement, conseils de quartier… tous les Parisiens pourront contribuer aux choix qui détermineront leur cadre de vie de demain.
C’est avec cet esprit constructif que le groupe socialiste et radical de gauche votera naturellement ce projet de délibération.