Mesures d’urgence en faveur des commerçants et hôteliers-restaurateurs concernés par le périmètre de sécurité établi par…

Intervention de Patrick BLOCHE,
Président du Groupe socialiste
et radical de gauche

 

Monsieur le Maire,
Mes cher(e)s collègues,

Depuis plusieurs semaines maintenant, un amendement au projet de loi sur l’égalité des chances qui porte si mal son nom, sème la trouble dans notre pays.

Le CPE, contrat destiné aux moins de 26 ans qui prévoit une période d’essai de deux ans pendant laquelle l’employeur peut licencier son salarié du jour au lendemain sans motif, remet profondément en cause les garanties collectives contenues jusqu’ici dans le code du travail.

En l’instaurant, sans négociation préalable avec les partenaires sociaux, et en utilisant le 49-3 à l’Assemblée nationale, le Premier Ministre et l’ensemble du gouvernement ont suscité une angoisse sociale sans précédent dans la jeunesse, angoisse dont on avait pu sentir les prémices lors de la crise extrêmement grave qu’ont connue les banlieues à l’automne dernier.

Cette perspective de vivre moins bien que leurs parents, de voir leurs diplômes dévalorisés, de ne se voir offrir comme avenir que la précarité au travail, a conduit les étudiants, puis les lycéens, mais aussi une grande partie des salariés de notre pays, à se mobiliser pour obtenir le retrait de cette mesure qui annonce la fin du contrat à durée indéterminée.

Comme la majorité de nos concitoyens, le groupe socialiste et radical de gauche est résolument solidaire de ce mouvement et de sa revendication principale. La lutte contre le chômage ne saurait constituer un prétexte au démantèlement du droit du travail et à la généralisation de la précarité.

Notre assemblée à l’initiative des groupes de la majorité municipale a d’ailleurs, très tôt, exprimé son soutien au mouvement anti-CPE, tout comme les présidents des missions locales.

En décidant, vendredi dernier, la promulgation d’une loi si contestée tout en souhaitant, de façon incompréhensible, la suspension temporaire de son application, le Président de la République a ajouté la confusion à l’irresponsable entêtement de son Premier Ministre. En s’obstinant à ne pas retirer le CPE et en écartant ainsi la possibilité d’une sortie de crise, le Chef de l’Etat fait peser des risques inconsidérés sur le devenir d’un mouvement dont on peut craindre l’inévitable radicalisation.

Car jusqu’à présent, les formes de mobilisation de la jeunesse ont été maîtrisées et ses modes d’organisation responsables. A ce titre, ils peuvent être salués comme l’ampleur croissante des manifestations. Le blocage des universités et des lycées, lorsqu’ils ont été décidés de manière démocratique et dès lors qu’ils se déroulent pacifiquement, ne peuvent recevoir que notre soutien.

Nous avouons, par contre, notre totale incompréhension face à certains événements qui viennent de se dérouler. Ainsi, les conditions dans lesquelles l’EHESS a été occupée pendant près d’une semaine, malgré les demandes répétées de sa directrice pour que les forces de l’ordre en assurent beaucoup plus tôt l’évacuation, nous scandalise.

Notre condamnation est naturellement totale à l’égard des petits groupes organisés et extrêmement violents qui, lors des journées de mobilisation, se sont attaqués aux forces de l’ordre ainsi qu’à des manifestants, jeunes le plus souvent, provoquant des blessés et commettant de nombreuses exactions.

Paris qui accueille plus de 300.000 étudiants dans l’ensemble de ses universités et qui, à ce titre, a été le lieu des manifestations les plus importantes, a payé à cet égard un lourd tribut, notamment dans les 7ème, 13ème et 14ème arrondissements, mais aussi Places de la Nation et de la République.

Cette violence étrangère au mouvement social et qui s’est déchaînée contre des personnes, des biens privés et des biens publics, a occasionné des dégâts matériels importants à nombre de commerces parisiens et il revient à l’Etat de créer le plus rapidement possible, si ce n’est déjà fait, le cadre juridique indispensable à l’indemnisation des dommages ainsi provoqués.

De la même façon, les commerçants et hôteliers-retsurateurs du secteur de la Sorbonne doivent bénéficier d’une solidarité dont on aurait pu penser qu’elle soit d’abord nationale puisque c’est le gouvernement et tout particulièrement le Ministre de l’Intérieur, qui a décidé de cet état de siège. Aussi, notre groupe tient à saluer votre initiative, Monsieur le Maire, d’inscrire en urgence à l’ordre du jour de cette séance, le projet de délibération qui montrera que notre collectivité, elle, n’est pas indifférente au sort de ces acteurs économiques particulièrement pénalisés.

Car, si le gouvernement s’obstine à ne pas prendre ses responsabilités qui, plus que jamais, devraient le conduire au retrait du CPE, la Ville de Paris n’hésite pas, en ce qui la concerne et dans le cadre de ses compétences, à assumer les siennes.