Politique pour les familles

Intervention de Patrick BLOCHE,
Président du Groupe socialiste
et radical de gauche

Monsieur le Maire,
Mes cher(e)s collègues,

Quel contraste, depuis 5 ans, avec le manque d’initiatives et de moyens budgétaires qui prévalait sous les mandatures précédentes et qui dissimulait mal une vision banalement conservatrice poussant les mères à rester au foyer pour élever leurs enfants. Il a donc fallu l’alternance de 2001 pour que dans notre ville, les Parisiennes puissent désormais mieux combiner maternité et activité. Même si une politique sinistrée du logement social en a été la première cause, rappelons à cet égard un chiffre qui vaut tous les discours : 20.000 familles ont dû quitter Paris entre 1990 et 1999.

Depuis 2001, la municipalité parisienne tient l’engagement de la solidarité et de la justice sociale. Dans le contexte actuel de crise économique, de remise en cause des garanties sociales collectives, de persistance du chômage, de précarisation massive, de développement de l’exclusion et de la pauvreté, c’est au sein des familles que convergent et se cristallisent l’ensemble des préoccupations liées à l’emploi, au logement, à l’éducation et à la santé.

C’est dans la sphère privée qu’on est, de plus en plus souvent, amené à trouver une protection et une sécurité que la solidarité nationale n’assurent plus.

C’est en ayant conscience de cette réalité sociale que la politique pour les familles a été immédiatement considérée, il y a cinq ans, comme une priorité de l’ action municipale. Ne tirant pas prétexte d’un partage de compétences qui fait de l’Etat le pilote des politique publiques familiales, contrairement sans doute à nos prédécesseurs qui n’ont jamais saisi le Conseil de Paris sur ce sujet, nous considérons comme naturel que cette question fasse l’objet, pour la première fois ce matin, d’une communication du Maire de Paris.

Car, en complément du cadre national, les politiques publiques menées en direction des familles dans un contexte de proximité et de recherche de pertinence doivent pouvoir s’appuyer sur la réalité de leurs lieux de vie et, de fait, sur les compétences des collectivités locales. C’est ainsi que Paris, à la fois commune et département, a su allier, depuis 2001, les moyens de deux collectivités territoriales pour mener une politique volontaire et cohérente.

Auparavant contraints, pour être reconnus, de se conformer à un modèle imposé et rigide présenté comme dominant, les modes de vie familiaux ont extraordinairement évolué ces trente dernières années. Paris est au cœur de ces bouleversements. C’est pourquoi notre ambition est bien de tenir compte de cette diversité en adaptant les politiques municipales à la liberté de choix qu’expriment nos concitoyens dans l’organisation de leur vie de couple et de leur vie de famille, en étant au plus près de la réalité des familles parisiennes et en répondant ainsi à la pluralité de leurs besoins.

Une politique municipale progressiste dans ce domaine se doit donc d’appréhender les familles telles qu’elles sont, qu’elles soient nombreuses ou non, monoparentales, homoparentales, recomposées ou immigrées.

La disparition de toute discrimination répond avant tout à la nécessité d’assurer l’intérêt supérieur de l’enfant dont le statut, définitivement unifié dans le Code civil, doit être indépendant de celui de ses parents que ceux-ci soient mariés, pacsés ou concubins. Surtout lorsqu’une majorité d’enfants parisiens naissent désormais hors mariage. C’est dans le même esprit que le département de Paris s’honore aujourd’hui, à votre initiative, Monsieur le Maire, et à celle de Gisèle STIEVENARD, d’avoir fait disparaître toute discrimination basée sur l’orientation sexuelle dans les procédures visant à donner l’agrément préalable à une adoption.

Paris aime les familles et mène, depuis 2001, une action basée sur des valeurs partagées et répondant à des objectifs clairement affirmés : développer les solidarités, assurer l’égalité et tout simplement innover.

Développer les solidarités, c’est à titre d’exemple, avoir créé depuis 2001 deux nouveaux centres pour les femmes seules en grande difficulté avec un enfant, c’est permettre à 5.000 foyers monoparentaux de bénéficier de l’allocation Logement Familles Monoparentales, c’est attribuer aux familles, dès le deuxième enfant, l’ allocation  » Paris Logement Familles « .

Consacrer l’égalité des droits entre les familles, c’est, en matière d’équipements pour la petite enfance, rétablir l’équité territoriale quand, auparavant, le rapport entre l’offre et la demande pouvait aller du simple au double entre certains arrondissements ; c’est modifier les aides sociales municipales avec comme objectif la justice sociale par une mise sous conditions de ressources, des aides facultatives ; c’est permettre que, dès le mois de septembre de leur 3 ans, quasiment tous les petits Parisiens soient accueillis à l’école, quand parallèlement, le ministre de l’Education nationale se refuse à affecter des enseignants dans 56 salles de classes maternelles.
Assurer l’égalité d’accès de toutes les familles aux crèches municipales passe aussi par la rupture avec l’opacité qui régnait en ce domaine. C’est le choix d’avoir installé des commissions d’attribution pluralistes et transparentes dans la plupart des arrondissements, à défaut de pouvoir dire, chers collègues de l’opposition, dans tous les arrondissements.

Innover, c’est ainsi créer des lieux de concertation comme le Conseil Consultatif des Familles et de la Petite Enfance, les conseils de crèches ou les conseils de centres de loisirs. C’est surtout prendre enfin en compte une spécificité française et encore plus parisienne, la combinaison d’un fort taux de natalité et d’un fort taux d’activité des femmes de 20 ans à 49 ans – qui s’élève à 70% – et vouloir y répondre. Plutôt que de multiplier les aides individuelles de garde à domicile au détriment des accueils collectifs, nous avons défini une politique ambitieuse d’accueil de la petite enfance comme action prioritaire de la municipalité. L’une de vos premières décisions, Monsieur le Maire, n’a-t-elle pas été de transformer les anciens appartements du Maire de Paris à l’Hôtel-de-Ville en une crèche municipale ? Cette action fortement symbolique a ouvert la voie à une politique à grande échelle. De fait, de la créativité, il en aura fallu à Olga TROSTIANSKY pour arriver à ouvrir une centaine de nouvelles crèches et de haltes-garderies depuis 2001 et se fixer comme objectif de créer non plus 4.500 mais 5.200 places en structure d’accueil collectif d’ici la fin de la mandature. Répondre aux attentes, c’est aussi proposer, pour 1 000 d’entre elles, des horaires élargis, donc adaptés, à la vie professionnelle, et expérimenter, depuis 2005, DOMINO, un mode de garde-relais à domicile à des horaires atypiques. Donner la liberté de choix aux parents passe aussi par la création d’une nouvelle aide à la garde à domicile, PAPADO, dès le premier enfant.

Cette communication, symbole des valeurs qui guident notre action depuis cinq ans, est le résultat du travail collectif et transversal de tout l’exécutif municipal. A l’horizon 2008, notre ambition commune est plus que jamais de permettre aux Parisiennes et aux Parisiens de mieux concilier leur vie familiale et leur vie professionnelle. Paris aime toutes les familles et nous le prouvons.