En hommage à Marc BLOCH

Voeu de Patrick BLOCHE
et des élus du groupe socialiste et radical de gauche.

 

 » L’historien n’a rien d’un homme libre.
Du passé, il sait seulement ce que ce passé même veut bien lui confier « 

Marc Bloch

Né le 6 juillet 1886 à Lyon, Marc Bloch s’installe à Paris pour poursuivre ses études au lycée Louis-le-Grand, puis à l’Ecole normale supérieure. A 22 ans, il est reçu à l’agrégation d’histoire.

Professeur d’histoire-géographie dans un lycée d’Amiens, il est mobilisé en août 1914 comme sergent d’infanterie. Cité quatre fois à l’ordre de l’armée – soit une fois par an -, il termine la guerre avec le grade de capitaine et la Croix de guerre. Ses états de service ne peuvent que souligner son « mépris du danger ». Pourtant, selon ses dires, « (ses) services de guerre de 1914-1918 sont normaux » !

En 1919, il est nommé chargé de cours d’histoire du Moyen Age à l’Université de Strasbourg, et épouse la même année Simonne Vidal avec laquelle il aura six enfants. Poursuivant sa carrière professionnelle, il deviendra professeur sans chaire, puis professeur d’histoire du Moyen Age en 1927 dans cette même faculté. C’est d’ailleurs avec l’un de ses collègues, Lucien Febvre, qu’il fonde, deux ans plus tard, les Annales d’histoire économique et sociale. Finalement en 1936, il retourne à Paris comme maître de conférence, puis professeur en chaire d’histoire économique à la Sorbonne.

Malgré son âge (53 ans) et ses charges de famille, Marc Bloch fait, pour son pays, le choix de s’engager comme capitaine d’état-major dès le 24 août 1939. Aux derniers jours de la bataille des Flandres, il rejoint Dunkerque pour ne pas se rendre à l’ennemi. Brièvement passé en Angleterre, il retourne à Cherbourg où il contribue au regroupement de l’armée du Nord. Puis, après l’armistice, il passe en zone libre, déguisé en civil.

Il adhère au réseau « Combat » et contribue à organiser le mouvement clandestin dans la région de Montpellier. Son action passera également par la plume en écrivant L’étrange défaite entre juillet et septembre 1940. Description lucide de l’effondrement de la France, ce manuscrit était destiné à n’être publié que dans un pays libérée de l’occupant, ce sera chose faite en 1946.

En 1943, il entre complètement dans la clandestinité au sein du mouvement « Franc-Tireur », et rejoint Lyon. Il devient alors, sous le pseudonyme de Narbonne, membre de la direction régionale des Mouvements Unis de la Résistance.

Pour Marc Bloch, « tous ceux qui l’auront méritée ne verront pas la grande récompense. Elle n’en sera pas moins celle qu’ils ont souhaitée et préparée ». En effet, sa réflexion sera malheureusement pleine de justesse à son égard : arrêté par la Gestapo le 8 mars 1944, il sera torturé, puis finalement abattu le 16 juin à Saint-Didier-de-Formans, près de Lyon. En tombant, il cria :  » Vive la France ! « 

Dans une lettre d’adieu rédigée en 1941, prévoyant une possible capture, Marc Bloch écrivait : « Attaché à ma patrie par une tradition familiale déjà longue, nourri de son héritage spirituel et de son histoire, incapable en vérité d’en concevoir une autre où je puisse respirer à l’aise, je l’ai beaucoup aimée et servie de toutes mes forces. »

C’est à trois hommes différents et complémentaires que nous entendons rendre hommage : Marc Bloch l’Historien, qui a renouvelé en profondeur la discipline historique en l’ouvrant sur les phénomènes socio-économiques ; Marc Bloch le Résistant, qui sacrifia sa vie pour l’amour de son pays ; et Marc Bloch le Républicain, qui définissait sa France aimée à travers son histoire et sa diversité, non à travers des retranchements communautaires.

Afin de contribuer à ce que chacun entende aujourd’hui encore l’écho de sa pensée, le Conseil de Paris émet le vœu :
– que la municipalité parisienne, par l’intermédiaire de son maire, Bertrand Delanoë, exprime son soutien à l’initiative prise par dix-sept historiens demandant à Jacques Chirac, président de la République, que les cendres de Marc Bloch soit transférées au Panthéon ;
– qu’un établissement scolaire parisien porte le nom de cet homme, grand historien, mais aussi héros de la Résistance.