Plan local d’urbanisme (PLU)
Intervention de Patrick BLOCHE,
Président du Groupe socialiste
et radical de gauche
Monsieur le Maire,
Mes cher(e)s collègues,
Jean VUILLERMOZ nous appelait tout à l’heure, et nous l’approuvons, à prendre de la hauteur. Madame de PANAFIEU nous a ramené au ras du bitume. Les élus socialistes et radicaux de gauche, quant à eux, auront avant tout le souci, comme d’habitude, comme vous, Monsieur le Maire, d’aller à l’idéal et de comprendre le réel.
Nous devons aujourd’hui nous prononcer de manière définitive sur le Plan local d’Urbanisme. Ce texte fait donc suite à une première délibération, adoptée ici même par l’ensemble de la majorité municipale en janvier 2005 ainsi qu’au rapport d’enquête publique rendu le 16 juin dernier qui a approuvé ce PLU, à l’unanimité des membres de la commission, tout en faisant des réserves et des recommandations, intégrées dans cette nouvelle version.
Il s’agit donc de l’étape ultime de validation de ce texte majeur pour l’avenir de Paris puisqu’il est question de fixer les règles d’urbanisme pour les deux décennies à venir. C’est peu dire que le débat que nous avons aujourd’hui devrait normalement être, dans ces grandes orientations, la répétition de celui du début de l’année 2005 puisqu’il n’y a plus de place, à ce stade de la procédure, pour une réécriture du PLU.
Les élus du groupe socialiste et radical de gauche se félicitent, comme il y a un an et demi, de ce véritable « projet de ville », tant dans son mode d’élaboration qui est un modèle démocratique à lui seul, que dans les objectifs qu’il poursuit. Il permet de rompre avec les erreurs du passé et de donner un nouveau visage à notre cité, plus solidaire, plus dynamique, plus durable.
Le projet que vous nous soumettez, Monsieur le Maire, a été établi dans le cadre d’une large concertation, permettant l’expression de tous et rompant en cela avec les mauvaises habitudes de la majorité précédente. Car ce PLU est avant tout le fruit d’un grand travail collectif associant d’abord ceux de nos concitoyens – et ils ont été nombreux – qui ont répondu au questionnaire qui leur avait été adressé, mais aussi les associations locales, les 121 conseils de quartier et bien sûr les élus. Tous ont joué le jeu en fournissant un formidable travail d’amendement dont la synthèse a enrichi le texte initial. Ce serait donc un déni de démocratie que d’en faire aujourd’hui abstraction.
Ce PLU mérite donc un débat d’autant plus serein que les équilibres urbains établis n’ont pas été modifiés depuis janvier 2005 et l’approbation majoritaire de notre Assemblée.
Avec ce Plan local d’urbanisme, la majorité municipale s’est assignée trois objectifs majeurs: améliorer le cadre de vie de tous les Parisiens, développer l’emploi pour tous en favorisant l’implantation d’activités diverses, maintenir la mixité sociale et lutter contre les inégalités en menant une politique active de l’habitat et de création d’équipements de proximité. Les élus du groupe socialiste et radical de gauche s’inscrivent pleinement dans cette démarche et ils proposeront plusieurs vœux visant à mieux atteindre ces objectifs.
L’un des défis majeurs des années à venir est, en effet, de permettre le maintien de la population parisienne dans sa diversité. Si vous n’avez pas attendu le PLU, Monsieur le Maire, pour prendre des mesures fortes en faveur du logement, et particulièrement du logement social, ce plan va permettre non seulement la création de 4000 logements sociaux supplémentaires chaque année, comme c’est déjà le cas, mais, aussi, un rééquilibrage particulièrement nécessaire de l’offre sur l’ensemble du territoire parisien.
Car il est essentiel à nos yeux, pour l’avenir de Paris, de préserver les principes de mixité sociale et urbaine. Ce qui nous amène à soutenir la politique déjà mise en œuvre de création de logements sociaux dans les quartiers qui en comptent peu, et l’utilisation de tous les moyens mis à disposition pour ce faire: acquisitions, réhabilitations, construction neuves ou encore transformation de bureaux en logements.
Ainsi, nous portons une attention particulière à la réintroduction du logement dans le centre de Paris pour lui permettre de conserver les caractéristiques d’un quartier vivant, habité et attrayant. Un outil, telle la mise en place d’une cellule de suivi des transactions immobilières -que notre groupe vous soumet dans un vœu- devrait ainsi permettre de conserver une vision globale de l’évolution urbaine de ces arrondissements centraux, véritable vitrine de la Capitale.
Nous sommes par ailleurs sensibles à la volonté d’harmoniser logements et bureaux dans les ZAC, situées en périphérie de Paris, et de parvenir, là aussi, à une réelle diversité. Ces zones d’aménagement sont une opportunité de développement urbain et nous apprécions tout particulièrement cette recherche du bon équilibre, car il n’est pas souhaitable, de notre point de vue, de concentrer des ensembles de logements sociaux en périphérie comme cela a pu être fait malheureusement dans le passé. Nous savons les problèmes engendrés, à long terme, par ce type de politique.
C’est pourquoi le groupe socialiste et radical de gauche soutient tout à la fois, dans une même logique, la réintroduction de logement dans le centre de Paris et l’implantation d’activités diversifiées, qui ne se comptabilise donc pas seulement en m² de bureaux, dans sa périphérie. C’est un véritable défi à relever, compte tenu de la crise nationale du logement dont souffre particulièrement notre ville et du zonage figé que nous a laissé la précédente municipalité.
Un mot, à cet égard, de l’absolue nécessité de préserver l’offre locative privée mise à mal par l’ampleur qu’ont prise, ces dernières années, les ventes à la découpe. L’UMP a refusé au Parlement un vrai texte législatif protégeant efficacement les locataires découpés puisque la loi dite Aurillac ne s’intéresse qu’au tiers des habitants concernés, à savoir ceux qui ont les moyens de racheter leur appartement. Alors qu’il y avait urgence sociale puisque la mixité sociale de nos quartiers est attaquée, la droite nous a montré – une nouvelle fois – qu’elle était… vraiment de droite.
Le PLU propose de fait un développement maîtrisé du tissu existant dans les ZAC auquel nous souscrivons et qui nous a conduit à proposer, dans un vœu, que les logements supplémentaires obtenus grâce au supplément de constructibilité rendu possible par le respect des critères de performance énergétique, soient dévolus au secteur locatif social et aux logements à loyers maîtrisés. Le ratio global entre emploi et habitat pourrait ainsi être amélioré en faveur du logement.
On ne peut donc pas contester, sans risquer la mauvaise foi, la priorité absolue faite depuis le début de l’actuelle mandature à la création de logements à Paris, ce PLU en étant un nouveau témoignage. On ne peut non plus réclamer à cors et à cris médiatiques, plus de logements et multiplier, dans le même temps, les demandes de protections patrimoniales et paysagères parfois bien peu justifiées. On ne peut pas enfin prôner le « tout logement » et récuser, à juste titre d’ailleurs, une plus grande densification de la capitale. Sinon, on tombe dans l’incohérence ou l’inconséquence.
Aussi, autant être clairs : les élus socialistes et radicaux de gauche sont d’autant moins malthusiens que dans développement durable, il y a développement. Nous ne voulons pas que Paris devienne une ville-dortoir à l’horizon 2020. Il nous semble de fait incontournable pour la vitalité de Paris, de permettre le développement de l’activité économique, de plus dans un contexte national de chômage fort et persistant.
Votre objectif pour Paris, Monsieur le Maire, est ambitieux : il s’agit de retrouver les 126 000 emplois perdus depuis la décennie 1990. La tendance est, d’ores et déjà, inversée puisque le chômage a baissé dans notre ville de 20% depuis 2003, et que le solde positif de création d’entreprises est de 115.000. Pour ce faire, il sera proposé aux opérateurs, grâce au PLU, toute une gamme de locaux permettant la création d’emplois du tertiaire mais aussi d’emplois peu qualifiés, de proximité et de services comme les emplois dits résidentiels, c’est-à-dire de services à la population. Là aussi, se traduit un souci constant d’améliorer la qualité de vie des Parisiens.
La réelle diversité des types de locaux d’activités que produiront les zones dévolues à l’artisanat, au commerce, aux entreprises de services et au tourisme, lève ainsi l’interrogation sur l’adéquation entre les surfaces crées pour l’emploi et l’existence d’un chômage lié au manque de qualification.
Réunir les conditions en matière d’urbanisme, nécessaires à la relance du dynamisme économique de notre ville aura un effet d’entraînement sur tous les départements franciliens. A lire un communiqué rendu public avant-hier, il s’agirait de déshabiller Pierre pour habille Paul. Quelle erreur d’analyse économique à moins de se satisfaire du faible taux de croissance actuel, quel manque de confiance dans des politiques publiques qui seront de plus en plus concertés entre collectivités limitrophes.
Pour conclure, Monsieur le Maire, mes chers Collègues, les élus du groupe socialiste et radical de gauche se félicitent de ce projet ambitieux pour Paris. Rééquilibrer la carte urbaine, prendre des mesures fortes en faveur du logement mais aussi de l’emploi, améliorer le cadre de vie des Parisiens : c’est un immense travail qu’a réalisé Jean-Pierre Caffet pour traduire l’ensemble de ces objectifs dans le PLU, et ainsi, dessiner le nouveau visage de Paris. Le défi était de taille compte tenu d’enjeux multiples mais aussi de la complexité de la tâche. Il l’a relevé avec talent et ambition pour notre ville. Nous soutiendrons donc avec force et conviction ce véritable Projet de Ville solidaire qui a pour nom PLU.