Schéma gérontologique

Intervention de Patrick BLOCHE,
Président du Groupe socialiste
et radical de gauche

Monsieur le Maire,
Mes cher(e)s collègues,

Le schéma gérontologique qu’il nous est proposé d’adopter ce matin va permettre, une nouvelle fois dans cette enceinte, de débattre d’un choix de société majeur pour Paris. Car lorsqu’on évoque la place des aînés dans la cité, c’est bien du vivre ensemble dont nous parlons. Or, c’est tout l’enjeu de ce plan que d’offrir aux personnes âgées parisiennes une place humaine et digne dans leur ville. La manière qu’a une société de traiter ses aînés est souvent le miroir de son état social tout entier. C’est à la lumière de ce constat que le débat d’aujourd’hui doit nous interpeller, tout particulièrement sur la responsabilité collective que nous avons, en tant qu’élus, sur la place que nous offrons à la génération, toujours plus nombreuse, des plus de 60 ans.

Et c’est bien ce sens des responsabilités qui a amené l’équipe municipale, dès 2001, à réparer les erreurs faites sous les précédentes mandatures, et à remédier à des insuffisances criantes, quantitatives comme qualitatives, tant en ce qui concerne les conditions d’accueil en résidence des personnes âgées parisiennes que leurs conditions de vie à domicile et au quotidien.

Oui, Monsieur le Maire, Mes chers collègues, on peut parler, tout particulièrement en ce domaine depuis 5 ans, de rupture, une rupture avec la politique purement électoraliste de la droite parisienne dont le clientélisme débridé frôlait l’indécence dans nombre d’arrondissements jusqu’à interdire aux élus de l’opposition que nous étions alors, de pouvoir pénétrer dans les résidences pour personnes âgées.

Et c’est bien ce passif que le plan de très grande qualité élaboré par Danièle HOFFMAN-RISPAL, dont le groupe socialiste et radical de gauche tient à saluer l’investissement personnel, nous propose un peu plus aujourd’hui d’oublier, en faisant de l’humanisation des conditions de vie des personnes âgées à Paris, une priorité.

Un fait éloquent, mes Chers Collègues, pour casser un mythe politique qui a eu la vie dure durant les 4 mandatures de la droite parisienne : je veux parler des engagements financiers en investissement en direction des personnes âgées. Ils ont été multipliés par 2 en 2002 et par 9 en 2003 par rapport à 2000. Autant de crédits dégagés afin, notamment, de rendre les établissements d’accueil plus agréables. Ainsi, alors qu’en 2001, seuls 18% des résidents des établissements du CASVP disposaient d’un douche individuelle, on en comptera 50% à la fin de la mandature, soit une pour deux résidents.

Comment ne pas souligner à cet égard que l’action municipale en direction de nos aînés se développe, depuis 2002, dans un contexte national dégradé. Ce que la gauche avait su bâtir de solidarités et de garanties sociales entre 1997 et 2002, se trouve ainsi remis en cause mesure après mesure :

– Abaissement des seuils d’exonération de participation des usagers à l’Allocation Personnalisée à l’Autonomie, ce qui a tout bonnement conduit à ce que les personnes déjà modestes voient leurs droits APA diminués
– Gel du fonds de modernisation de l’aide à domicile mis en place en 2001 pour professionnaliser le secteur de l’aide à domicile et offrir aux personnes âgées un service de qualité
– Mise en place, dans la précipitation et sans aucune concertation, d’une hasardeuse « journée de solidarité » pour répondre à une non moins hasardeuse gestion de la canicule en 2003…
– Effet d’annonce, il y a deux semaines, d’un nouveau plan national dit « solidarité Grand âge » qui ne fait que reprendre des financements déjà annoncés

Pour revenir à la situation parisienne, le précédent schéma gérontologique, adopté en 1998 sous le mandat de Jean Tiberi, ne peut faire l’objet que d’un bilan sévère. Alors qu’il estimait à 100 le nombre de lits à ouvrir par an à Paris, ce sont 1.079 places en maisons médicalisées qui ont été ouvertes depuis 2001, soit plus du double de l’objectif fixé par l’ancienne municipalité. Sans compter le déséquilibre flagrant d’implantation des établissements d’accueil. Au contraire, depuis 2001, la majorité municipale a veillé à ce que les créations d’établissements permettent aux personnes âgées d’être accueillis près de leur quartier d’origine.

C’est en restant fidèle à cet esprit, et en ayant pour ambition de répondre aux attentes des aînés parisiens et de leurs familles, que la majorité municipale tente depuis cinq ans d’apporter des réponses aux problèmes auxquels les Parisiens âgés de plus de 60 ans sont confrontés dans leur vie quotidienne telles que le passage à la retraite, la santé, les loisirs, l’adaptation du logement, le choix du lieu de vie…

Et s’il est une priorité transversale que s’est fixée la municipalité pour répondre aux attentes des seniors parisiens, c’est bien la recherche de la qualité. Maître mot de l’action municipale en ce domaine, elle a guidé l’ensemble des actions entreprises depuis cinq ans, que ce soit le plan de 63 millions d’euros destiné à moderniser les résidences du CASVP, l’effort de 3 millions d’euros pour moderniser l’aide à domicile ou encore l’ouverture des 36 clubs émeraude de 10h à 18h, et non plus seulement l’après-midi, avec la titularisation d’autant d’animateurs. Permettez moi ici d’aborder un point loin d’être anecdotique: 19 de ces 36 clubs émeraude offrent des cours d’initiation aux nouvelles technologies et des accès libres à Internet pour les personnes ne disposant pas de matériel informatique à domicile. Comment répondre plus concrètement aux attentes de nos aînés que de proposer des activités nouvelles, en lien avec la société actuelle, tout en corrigeant les inégalités sociales ? Cet exemple illustre parfaitement les objectifs que la Ville s’est fixés en terme de création de lien intergénérationnel et en terme de généralisation de l’accès à internet.

Le schéma « Paris et ses aînés » s’inscrit donc dans le droit fil de la politique gérontologique engagée depuis 2001 et dont vous avez, Monsieur le Maire, formalisé une première fois les principes lors de votre communication dans cette même assemblée en mars 2002. Fruit de la concertation la plus large, associant plus de 250 participants aussi divers que les acteurs du secteur, les représentants des usagers, les services de la ville ou les maires d’arrondissements, ce plan permet de répondre aux attentes de nos aînés, et ceci dans un objectif de justice sociale.

Avec des mesures aussi diverses que :

– la création de 2.200 places d’accueil en maison de retraite médicalisée entre 2006 et 2011,
– la création de 300 places supplémentaires d’accueil de jour pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou de troubles apparentés,
– la formation des personnels municipaux, l’adaptation des logements privés et des logements sociaux à la perte d’autonomie,
– ou l’accompagnement des personnes vieillissantes en extrême fragilité sociale

Le schéma gérontologique que vous nous proposez répond complètement aux trois objectifs que l’équipe municipale s’était fixé : permettre aux personnes âgées de mieux vivre le temps de la retraite, accompagner le temps de la perte d’autonomie et accueillir les personnes âgées dans des lieux de vie alternatifs au domicile.


Pour conclure Monsieur le Maire, Chers Collègues, je dirais simplement que l’ambition d’un Paris plus juste et plus solidaire guide notre action, tout particulièrement en ce domaine, depuis 2001. Ce schéma gérontologique en est une parfaite illustration. La solidarité de tous avec les plus âgés, les plus dépendants et les plus démunis est toujours un gage de dignité et d’humanité. Parce qu’il organise les solidarités entre les générations dans un souci de justice sociale, ce projet de délibération fait honneur à Paris. Il sera donc voté, avec fierté et avec enthousiasme, par le groupe socialiste et radical de gauche.