Extension du tramway T3

Monsieur le Maire,
Mes Chers Collègues,

Je sais que la tâche de notre assemblée consiste plus à examiner des projets en devenir qu’à s’exprimer sur des aménagements déjà réalisés, mais je voudrais néanmoins saisir l’occasion qui nous est offerte ce matin pour vous féliciter Monsieur le Maire. Vous féliciter, au nom des élus de notre groupe, vous et votre adjoint Denis BAUPIN, du succès du tramway sur les maréchaux sud.

1) Quelques semaines seulement après sa mise en service, ce succès est incontestable. Plus de 5 millions de voyageurs ont déjà emprunté le T3. Son affluence ne cesse d’augmenter, passant de 60 000 personnes par jour à l’ouverture à 80 000 personnes actuellement. Et, avec la montée en puissance du tramway, ce sont 100 000 personnes qui, demain, l’emprunteront quotidiennement, là où le bus PC ne permettait que 50 000 voyages. C’est dire l’ampleur des besoins et l’urgence qu’il y avait à renforcer l’offre de transports dans les quartiers périphériques. Parisiens et Franciliens bénéficient donc aujourd’hui d’un moyen de transport moderne, rapide, régulier, peu polluant, silencieux et accessible à tous. Habitants des 13ème, 14ème et 15ème arrondissements voient, quant à eux, leurs quartiers rénovés, embellis et redynamisés. Trois mois auront donc suffi à lever toute ambiguïté quant à la pertinence d’un tel aménagement qui s’affirme désormais comme un des modes de déplacement incontournable de l’agglomération parisienne. Alors je ne sais si le tramway est un aménagement allant à  » l’encontre de l’histoire  » comme le prétend Madame de Panafieu. Ce qui est sûr en revanche, c’est que les positions de la droite vont, elles, à l’encontre des besoins de nos concitoyens.

Pourquoi dis-je cela ? Non par excès de triomphalisme même si – avouons ce petit péché d’orgueil – notre groupe est particulièrement fier que ce projet qui a mobilisé la majorité municipale pendant près de six ans soit devenu réalité. Mais, tout simplement, parce qu’à l’aube d’un nouveau développement pour le tramway, il nous faut garder à l’esprit que nous ne partons pas de rien. Certes, les projets de délibération que vous nous soumettez ce matin, Monsieur le Maire, nous placent au début d’une nouvelle phase d’élaboration et celle-ci appellera naturellement d’autres discussions et d’autres débats. Pour autant, il ne s’agit pas d’un saut dans l’inconnu, l’adoption rapide et massive du tramway par les Franciliens nous encourageant à aller plus loin encore, plaidant aujourd’hui pour un prolongement à l’Est.

2) Ce qui est désormais solidement établi, c’est bien la pertinence de ce projet. Pertinence relevée par le STIF et par la Commission Nationale du Débat Public qui a confirmé l’intérêt d’une extension jusqu’à la Porte de la Chapelle, voire au-delà jusqu’à la porte d’Asnières. Je ne reviendrai pas en détail sur ce projet mais je voudrais insister sur deux points. D’abord, il s’agit d’un projet de dimension régionale qui illustre la volonté de cette municipalité de traiter la question des déplacements à l’échelle de l’agglomération. Ensuite, les élus de notre groupe y sont particulièrement attachés, ce projet donne force au nécessaire rééquilibrage à l’Est des investissements publics entamé depuis le début de la mandature.

3) De fait, comment ne pas être interpellé par l’opposition résolue de la droite au tramway et, plus généralement – c’est désormais son programme – à tout renforcement de l’offre de transports en commun de surface.
Bien sûr, comme à son habitude, l’UMP va nous dire que non, qu’elle est favorable aux objectifs, pas aux moyens pour les mettre en œuvre, qu’elle est pour le principe du tramway, pas pour le réaliser tout de suite. « Oui », « non », « peut-être », « à condition que », « trop tôt », « trop tard », à l’évidence, les positions de la droite parisienne en ce domaine ne sont jamais claires : les quelques rares soutiens qu’elle a apportées aux actions de l’exécutif depuis le début de la mandature sont toujours alambiqués. Et les nombreuses tentatives d’obstruction – la liste commence à être impressionnante – ne sont, quant à elles, jamais assumées. Bref, quand elle se dit pour un projet, la plupart du temps, elle vote contre ; et lorsqu’elle vote contre, elle nous explique pourtant qu’elle est pour.

Dans cette entreprise, vous n’avez peur de rien Madame de Panafieu. Le mois dernier, vous êtes même allée jusqu’à citer Gandhi pour justifier votre opposition au PDP. Permettez-moi de citer les mots que vous avez rapportés : « Nous devons être le changement que nous voulons voir dans le monde ». Alors, bien que ne saisissant pas nettement le lien entre le défenseur de la non-violence et l’action d’une collectivité locale en matière de vélos, de bus ou encore de transports de marchandises, j’accepte néanmoins, puisque vous nous y invitez, de me prêter à ce petit jeu des « grands de ce monde à qui on finit par faire dire n’importe quoi « en citant à mon tour le même Gandhi : « le bonheur écrivait-il, c’est lorsque vos actes sont en accord avec vos paroles ». Cela voudrait-il alors dire que le succès du tramway et de la politique des déplacements entamée depuis 2001 vous a rendu à ce point malheureuse Madame de Panafieu ? Ou vos contradictions répétées sur ces questions seraient-elles le signe avant-coureur d’une dépression généralisée qui est en train de s’abattre sur les élus de votre groupe ? Nous n’en serions du reste guère surpris. Car, comment ne pas sombrer dans une certaine schizophrénie quand on tente, coûte que coûte, de concilier l’inconciliable ? D’un côté, faire croire aux Parisiens que leur aspiration à une ville où l’on peut mieux se déplacer est prise en compte ; de l’autre continuer à œuvrer inlassablement pour une politique du tout-automobile.

Toute ressemblance avec l’attitude de la droite à la tête de l’Etat ne saurait d’ailleurs être fortuite. Car, à l’heure où les exigences environnementales sont au cœur des préoccupations de nos concitoyens, l’Etat préfère s’abriter derrière des discours lénifiants plutôt que d’assumer ses responsabilités. Le caractère  » consensuel  » des débats sur les grands travaux d’infrastructure que vous évoquez Madame la Présidente du groupe UMP, a de fait bon dos. La réalité est là : un désengagement massif (-48%) de l’Etat du financement des transports collectifs dans notre pays depuis cinq ans, un contrat de Projets Etat-Région au rabais et duquel il a exclu de manière unilatérale nombre d’opérations importantes en Ile-de-France, c’est sans surprise que nous constatons aujourd’hui l’absence au financement national de l’extension du T3.

Fort éloigné de cette conception de l’action publique, vous restez fidèle à vos engagements Monsieur le Maire, et à ce que vous déclariez le mois dernier : « l’urgence environnementale appelle des actes ». Et bien en voici un de plus posé aujourd’hui. En voici un de plus à mettre au crédit de cette majorité municipale qui, depuis 2001, est animée par cette forte volonté d’engager Paris dans une véritable démarche de développement durable.