Schéma Directeur de la Région Ilde-de-France (SDRIF)
Monsieur le Maire,
Mes Chers Collègues,
Engager Paris dans la voie du développement durable – celle qui place dynamisme économique, progrès social et préoccupations environnementales au cœur de l’action publique – c’est, Monsieur le Maire, toute l’ambition qui vous anime depuis le début de la mandature. PLU, plan bruit, PDP, élaborations en cours du plan climat et de l’agenda 21, dans ces choix, notre groupe vous a toujours apporté un soutien sans failles. Cette voie, c’est celle que nous propose aujourd’hui le Conseil Régional pour l’Ile-de-France. Et nul ne sera surpris que les élus de notre groupe y souscrivent pleinement.
1) Forte de 11 millions d’habitants, 1ère région d’Europe par son PIB, l’Ile-de-France dispose d’atouts considérables mais elle est fragilisée par la persistance d’inégalités géographiques, sociales, économiques et environnementales, de nature à remettre en cause sa cohésion, son attractivité et son rayonnement. Ces difficultés n’ont que faire des contingences territoriales. Et c’est tout l’objet de ce projet de SDRIF que d’affirmer la communauté de destin de l’ensemble des collectivités et des individus qui composent le territoire régional.
Notre groupe l’a affirmé à plusieurs reprises, le SDRIF ne saurait être une accumulation de projets locaux. Cet écueil a su être évité puisque l’ensemble des parties prenantes, y compris l’Etat naturellement, a été associé à l’élaboration de ce document. Objectifs ambitieux en matière de logements, de développement économique ou encore de déplacements, choix d’une densification raisonnée (la ville dense est en effet plus respectueuse de l’environnement, plus juste, plus dynamique), reconnaissance de la place spécifique du cœur de l’agglomération, le texte qui nous est présenté ce matin – les élus de notre groupe sont rassurés sur ce point – est bel et bien l’expression d’une volonté commune. Les élus de notre groupe sont rassurés sur ce point.
2) Nous le sommes moins en revanche devant les récents propos de l’omniprésident de la République tenus sans le moindre souci de concertation ou du moins de consultation préalable. Il est vrai que l’on connaissait déjà sa propension à endosser plusieurs rôles et son goût immodéré pour la communication tous azimuts. Chef de l’Etat, chef du gouvernement, encore chef de l’UMP, voilà que désormais il se désigne chef de l’Ile-de-France. Curieuse conception de la décentralisation.
Monsieur Sarkozy a d’abord enfilé son ancien costume de Président du Conseil Général des Hauts-de-Seine en déclarant qu’il n’était pas question d’adopter en l’état ce projet de SDRIF. En prêchant le faux – l’Ile-de-France serait en déclin économique – il s’est en réalité fait le porte-parole du département des Hauts-de-Seine dont il est encore l’élu, département qui défend coûte que coûte l’extension du pôle de la Défense et s’oppose fermement à tout rééquilibrage des activités économiques à l’est du territoire francilien. Dans cette entreprise, il a même été rejoint par son Premier ministre qui vient de demander au Président du Conseil Régional de surseoir au lancement de l’enquête publique sur le SDRIF. Que l’Etat nie de la sorte plus de trois ans de travail et la légitimité des élus locaux, eux aussi issus du suffrage universel, à représenter les Franciliens est particulièrement choquant.
Plus inquiétant encore, Monsieur Sarkozy a enfilé le costume de super Préfet d’Ile-de-France, estimant qu’il fallait envisager la création d’une communauté urbaine du Grand Paris. Pour donner belle allure à sa proposition, il a évoqué Haussmann ou Delouvrier. La référence est habile, elle n’en est pas moins anachronique. Le règne de l’Empereur Napoléon III n’est plus, la présidence du général de Gaulle de même et, surtout, la décentralisation est passée par là. Loin d’être une coquille vide, elle a engendré de nouvelles pratiques en matière de relations entre les collectivités locales et l’Etat.
Alors, disons le clairement, les élus socialistes et radicaux de gauche, s’ils s’inquiètent de cet interventionnisme daté, n’en sont pas moins disposés à débattre de cette question. Il n’ont du reste pas attendu les injonctions venues d’en haut pour mener des projets renforçant les solidarités territoriales. Car c’est bien vous, Monsieur le Maire, qui avez déclaré, avant même votre élection, que » l’ère d’un exécutif parisien centralisé, replié sur ses frontières et entretenant avec la banlieue des relations qui mêlent mépris et arrogance, était révolue. » Et c’est sous votre impulsion que depuis 2001 Paris est sortie de l’enceinte de son périphérique pour s’adresser à ses voisins. Contrats particuliers avec les Départements limitrophes, élaboration du projet de PDP en concertation avec les communes riveraines et surtout mise en place de la Conférence métropolitaine, autant d’initiatives mises en œuvre par Pierre Mansat à rebours – rappelons le – de l’action de vos prédécesseurs. Ces rapprochements n’ont rien de protocolaires : ils marquent la volonté de développer des projets concrets, intéressants au premier chef les Parisiens et les habitants de l’agglomération.
Naturellement, il nous faut renforcer cette coopération. Doit-elle prendre la forme d’une structure intercommunale ? La question reste ouverte. Mais quoi qu’il en soit, c’est aux collectivités d’en discuter et d’en décider. Car, l’histoire l’a montré, la décentralisation contrainte a ses limites. Nous croyons donc qu’il n’est pas de bonne méthode de préempter un débat d’une telle importance. Et il ne faudrait pas que, face à une réalité complexe, l’annonce récente du chef de l’Etat contribue, par son caractère unilatéral, à cristalliser les positions de chacun et remette ainsi en cause le dialogue engagé depuis six ans. Mais peut-être est-ce là l’unique but poursuivi par une droite parisienne en panne de projet pour Paris et qui vient une nouvelle fois de boycotter la Conférence métropolitaine.
Que l’Etat s’intéresse au devenir de l’Ile-de-France, nous ne pouvons que nous en réjouir. Mais à revêtir tous les costumes, il ne faudrait pas que Monsieur Sarkozy oublie de sortir de sa garde robe celui qui lui a été attribué par le suffrage universel. Oui, c’est bien sur ce terrain que nous attendons de l’Etat qu’il joue pleinement son rôle. Qu’il honore ses dettes à l’égard des collectivités – il doit 200 millions d’euros à Paris ! Qu’il ne fasse pas régler la lourde facture de ses cadeaux fiscaux par une augmentation contrainte de la fiscalité locale ! Qu’il fasse appliquer la loi SRU garante de la mixité sociale ! Qu’il nous dise s’il entend participer au financement de l’extension du T3 et, plus globalement, augmenter les crédits alloués aux transports en commun qui ont diminué de 48 % ces cinq dernières années !
« Des actes, pas seulement des proclamations » avez-vous récemment déclaré Monsieur le Maire. Les élus socialistes et radicaux de gauche s’associent à vos propos et sont fiers de poser aujourd’hui un nouvel acte en faveur du territoire francilien et de ceux qui le font vivre.