Plan Climat
Monsieur le Maire,
Mes Chers Collègues,
Habituellement, à six mois d’une échéance électorale, une municipalité se contente de boucler des dossiers déjà instruits. Or, Monsieur le Maire, vous avez refusé ce confort qu’offre une fin de mandature en plaçant plus que jamais au cœur de votre démarche cette prise de risque qui donne tout son sens et toute sa valeur à l’action publique.
C’était Vélib et son éclatante réussite cet été, c’est au début de l’automne le Plan Climat dont vous proposez aujourd’hui à notre assemblée l’adoption pour mettre Paris à la pointe de la lutte contre le réchauffement climatique.
Ce plan qu’ont élaboré avec talent plus particulièrement deux de vos adjoints, Anne Hidalgo et Yves Contassot, nous le savons prendra toute sa dimension au cours de la prochaine mandature, même si vous avez voulu, Monsieur le Maire, que le budget de notre collectivité pour 2008 que nous voterons en fin d’année, en porte déjà la marque.
Il est, de fait, passionnant d’un point de vue institutionnel et politique, de constater que le mouvement de Paris impulsé depuis mars 2001 ne suspend pas son vol alors qu’approche le grand rendez-vous démocratique que nous aurons, les uns et les autres, avec nos concitoyens en mars prochain.
Le Plan Climat, n’est-il pas d’ailleurs et d’abord celui des Parisiens qui, de réunions d’information en ateliers thématiques, ont fait valoir leurs idées et ont posé ainsi les bases de ce document à travers l’élaboration d’un Livre Blanc ? Car une fois de plus, c’est la démarche consultative qui a prévalu, permettant d’aboutir à un texte » ambitieux et engagé « , je reprends là les propres termes du projet de délibération.
« Ambitieux », ce plan l’est, assurément. D’abord, parce que ses objectifs vont au-delà des normes fixées par les textes internationaux. Ensuite, parce que le défi que représente la lutte contre le dérèglement climatique est ici appréhendé, non pas comme une contrainte, mais bien comme une opportunité en termes de création d’emplois ou de lutte contre la précarité. Aussi, ce projet ne se contente-t-il pas d’aligner des mesures coercitives, il avance également toute une série de dispositions incitatives : je pense ainsi aux aides visant à améliorer la qualité environnementale des logements privés ou aux mesures pour stimuler le secteur des emplois de demain.
« Engagé », ce Plan Climat, l’est tout autant. La municipalité a fait le choix d’être exemplaire, que ce soit au niveau de son patrimoine, de sa flotte de véhicules ou de la commande publique. Nous souscrivons à cette ambition et, pour tout dire, nous n’en attendions pas moins compte tenu de ce qui a été accompli depuis plus de 6 ans.
« Ambitieux, Engagé », j’ajouterais un autre adjectif : « déterminé ». Car, pour que ce Plan ne se résume pas à un inventaire de beaux gestes, encore fallait-il que les dispositions qu’il contient soient efficaces. Et à cet effet, la Ville recourt aux outils les plus innovants et les plus performants. Je pense au Bilan Carbone dont la réévaluation périodique constitue le gage de l’efficacité des actions engagées.
Bien entendu, cette détermination sans failles doit être aussi celle de l’Etat dont le concours sur le terrain de l’excellence environnementale est incontournable.
Or, à l’heure où le gouvernement prépare à grand renfort médiatique son « Grenelle de l’environnement », nous ne saurions nous contenter de » parlote « . Nous avons encore tous à l’oreille la forte déclaration d’un ancien Président de la République qui n’hésitait pas à déclarer, c’était à Johannesburg : » La maison brûle et tout le monde regarde ailleurs » et qui n’a cessé pourtant de détourner les yeux pendant 12 ans d’une urgence qui mobilise désormais tous les continents. Son successeur vient, à la tribune de l’ONU, d’appeler de ses vœux un » New Deal écologique et économique « , et ce à » l’échelle planétaire « . Or, concomittement, pointons la contradiction, son gouvernement rappelait son attachement au tout routier en s’opposant au choix de la Région Ile-de-France de privilégier, dans le cadre du SDRIF, le développement de l’offre de transports collectifs.
C’est donc, par les engagements clairs et d’abord budgétaires de l’Etat, que nous jugerons bientôt ce qui n’est encore qu’une politique du verbe. En attendant ce passage – s’il a lieu – du discours aux actes, les proches de Nicolas Sarkozy au sein de notre Assemblée trouvent, à les entendre, bien des vertus au Plan Climat. Sachant que ce plan n’est que la suite logique qu Plan de Déplacements pour Paris et du Plan Local d’Urbanisme sur lesquels ils ont tiré à boulets rouges, doit-on y voir la » rupture » si chère au Président de la République, un simple effet de mode ou un retournement saisonnier lié à la période préélectorale dans laquelle nous sommes ? En tout cas, le paradoxe est si évident et la contradiction si éclatante, que nous nous contenterons d’en sourire, laissant les Parisiens seuls juges.
Pour notre part, nous tirons notre fierté d’une action de la majorité municipale toute entière qui, sous votre impulsion, Monsieur le Maire, est basée sur des convictions fortes qui lui ont assuré toute sa cohérence.
Oui, chers collègues de la majorité municipale, soyons fiers du travail accompli collectivement et du bilan commun qui est le nôtre. Le développement durable a constitué le fil de l’action de la municipalité parisienne tout au long de ces six, bientôt sept années. La volonté politique a été constamment présente pour repenser notre rapport à la ville. Et cette volonté politique a d’abord été la vôtre, Monsieur le Maire.
De fait, les élus socialistes et radicaux de gauche auront moins le souci, dans les mois à venir, de rappeler qu’en octobre 2005, ils avaient proposé un vœu pour la mise en place d’un dispositif de vélos en libre-service, que de dire tout simplement que par leurs votes ici même – si nécessaires – Paris est devenue une ville écologique.