Budget 2008

Intervention de Patrick BLOCHE, Président du Groupe socialiste et radical de gauche

Budget 2008

Monsieur le Maire,
Mes Chers Collègues,

J’aurais pu utiliser mon temps de parole à répondre point par point à Mme de Panafieu. Tant de mensonges, de caricatures, de mises en, cause personnelles frisant la diffamation m’en ont découragé. Avec tout le respect que je dois à votre personne, je qualifierai votre intervention, Madame de Panafieu, d’un seul adjectif : ridicule !

Nous allons donc voter demain le dernier budget de cette mandature. Un budget que vous avez voulu ambitieux, Monsieur le Maire, à l’image de l’action que vous menez depuis bientôt 7 ans pour Paris avec l’équipe municipale que vous animez.

De fait, une double ambition : d’abord d’être à la hauteur des attentes des Parisiennes et des Parisiens et de rattraper par là même le retard que vos prédécesseurs avaient fait prendre à notre capitale, en matière d’équipements, de services et de dynamisme économique et culturel notamment.

Cet objectif ne vous a cependant jamais fait perdre de vue cette autre ambition essentielle de faire de Paris une collectivité gérée avec exigence, au service de ses administrés, avec tout le talent de Christian Sautter.

Notre groupe tient à saluer à ce titre le souci de transparence en matière de gestion budgétaire, dont les huit « bleus budgétaires » que nous avons reçus en sont la meilleure preuve. Ils permettent aux élus d’avoir une connaissance précise de l’ensemble des mesures prévues dans ce budget dans des domaines aussi essentiels que le logement, la politique de la ville ou la lutte contre le réchauffement climatique avec la mise en œuvre du Plan Climat.

Exigence et fidélité à vos engagements comme le montre la stabilité des taux d’imposition durant la durée de la mandature, fait inédit depuis 30 ans. C’est une contribution majeure en faveur du pouvoir d’achat, et les Parisiens l’apprécient à sa juste valeur, eux qui voient avec consternation la frénésie de mesures précipitées annoncées par le gouvernement en la matière, à l’instar du démantèlement des RTT, imposé dans la hâte aux administrations publiques. Le choix que vous avez fait pour les agents de Paris, Monsieur le Maire, est tout autre, et nous nous en félicitons, car le sujet est trop sérieux pour être traité au détour d’une circulaire : parce qu’il s’agit de respecter la valeur de chaque jour de travail, et non de « travailler plus pour gagner moins », parce qu’il s’agit aussi de respecter la valeur du travail de chaque salarié, et non seulement de ceux qui ont la possibilité de choisir entre plus de revenus ou plus de temps libre. D’ailleurs, le maire de Marseille lui-même, peu suspect de rébellion contre le Président de la République, n’appliquera pas non plus les mesures gouvernementales. Cela en dit long sur le décalage entre ceux qui multiplient les effets d’annonce et ceux qui assument les responsabilités…

Soulignons, par ailleurs, la politique de performance que mène la municipalité, afin d’offrir aux Parisiens le meilleur service au meilleur coût. Cette politique alliée à un effort significatif d’économies sur le fonctionnement quotidien de la collectivité, ainsi qu’à une valorisation du patrimoine public, caractérise la qualité de gestion de la municipalité, et nous sommes fiers que ces exigences soient tenues.
De même la Ville bénéficie-t-elle aujourd’hui d’une politique dynamique en matière financière, avec une gestion active de trésorerie et une gestion de la dette innovante et sécurisée, distinguées par la notation AAA décernée par plusieurs organismes internationaux indépendants.

Distinction d’autant plus remarquable pour une collectivité qui s’est engagée dans un effort sans précédent d’investissement, afin de rattraper des années de pénurie. Ce sont près de 1,5 millions d’euros d’investissements annuels à ce jour, soit quasiment deux fois plus que sous la mandature précédente. Et ceci en restant dans le cadre d’un endettement extrêmement modéré en comparaison d’autres collectivités.

Tous les moyens ont été mobilisés au service d’une véritable ambition pour Paris et les Parisiens. Les recettes tirées des droits de mutation, par exemple, qui font tant fantasmer l’opposition, ont servi à financer nombre de priorités municipales comme l’hébergement d’urgence, la lutte contre l’insalubrité, et surtout l’effort sans précédent en faveur du logement social. En la matière, le Groupe socialiste et radical de gauche et ses partenaires de la majorité ne peuvent être que fiers du chemin parcouru. Les crédits du compte foncier-logement ont notamment été multipliés par 5 en 6 ans, pour rattraper le bilan déplorable des mandatures précédentes, dont les Parisiens payent encore le prix.

Car l’opposition municipale a beau jeu de critiquer le nombre de constructions neuves à Paris, alors que la Ville saisit toutes les opportunités foncières qui se présentent, tandis que le gouvernement réduit ses marges de manœuvre en étant peu pressé de lui céder les terrains disponibles qu’il possède ; et malgré ces obstacles, les objectifs progressent, puisque 64% des 6.000 logements sociaux financés en 2007 ont été des constructions neuves. Si la crise du logement prend de l’ampleur depuis 6 ans, c’est bien parce que les gouvernements qui se sont succédé n’ont rien fait pour enrayer la spéculation immobilière. C’est la raison pour laquelle, d’ailleurs, notre groupe a été à l’origine d’un vœu sur le plafonnement des loyers du parc privé, et je rappelle combien nous avons été en première ligne pour la lutte contre les ventes à la découpe. Les 8.000 logements acquis par la Ville, dans ce cadre, ont de fait porté un coup d’arrêt à ces opérations hautement spéculatives.

Cette année encore, votre gestion exigeante, Monsieur le Maire, contraste avec celle du gouvernement. Dénonçons donc toujours et encore les carences d’un Etat qui décidément est un bien mauvais partenaire pour les collectivités locales. Le changement intervenu au printemps dernier, n’a rien changé à la manière dont la décentralisation est pervertie, depuis déjà plusieurs années, dans notre pays. Car sous couvert d’efficacité, au prétexte de rapprocher les financements des acteurs, c’est bien sa mission de solidarité que l’Etat abandonne.

D’année en année, la facture s’alourdit, et c’est aujourd’hui plus de 200 millions d’euros que l’Etat doit aux contribuables parisiens. A titre de comparaison, c’est très précisément le montant qui sera disponible au compte foncier-logement de la Ville pour l’année 2008. Le gouvernement cherche aujourd’hui toutes les voies possibles pour se désengager et priver les collectivités des ressources nécessaires pour mettre en place les équipements et services dont leurs administrés ont besoin : rupture de ses engagements en ralentissant la progression des dotations, qui est aujourd’hui bien en-deçà de l’inflation, mais aussi en diminuant sa contribution à de nombreuses politiques publiques, qu’il s’agisse de l’hébergement d’urgence, de certains projets de transports en commun, et bien sûr de la politique de la Ville – et on a vu avec quelles conséquences !

Cette austérité imposée aux acteurs locaux, comme celle qui s’annonce pour les Français, est une grave menace pour la croissance de notre pays. D’autant qu’il ne s’agit pas d’une gestion prudente qui préserverait les générations futures, mais d’un laisser-aller clientéliste qui crée de nouvelles injustices.

Monsieur le Maire, mes chers collègues, moins de trois mois d’une échéance électorale, les responsables politiques peuvent être tentés de relâcher l’effort. Or, Monsieur le Maire, vous avez refusé ce confort, en nous présentant un budget dont l’exigence et l’ambition sont dans la droite ligne de votre bilan. Même en fin de mandature, vous opérez de nouvelles impulsions comme le Plan Climat que nous avons voté tout récemment et qui recevra dès 2008 des moyens significatifs de mise en oeuvre. Le groupe socialiste et radical de gauche est donc extrêmement fier d’apporter son soutien, cette année encore, à une gestion exemplaire au service des Parisiennes et des Parisiens.