Question au Gouvernement

Depuis maintenant quatre semaines, notre assemblée examine un funeste projet de loi qui passe la corde au cou de l’audiovisuel public en le plaçant dans une double soumission financière et politique.

Comme s’il ne vous suffisait pas que le chef de l’Etat dispose désormais d’un droit de vie et de mort sur le Président de France-Télévisions, ce que condamnent 3 Français sur 4, vous avez hier serré un peu plus fort le noeud coulant – suprême lâcheté après celle du décret avorté –  en contraignant Monsieur de CAROLIS à supprimer lui-même la publicité dans une vingtaine de jours.

Ce nouvel épisode d’un mauvais feuilleton illustre parfaitement votre conception de l’exercice du pouvoir : brutale et monarchique.

La parole présidentielle, si féconde et toujours pas décomptée, a désormais pour vous force loi dès qu’elle est prononcée. Qu’importe si le prix démocratique à payer conduit à abaisser le Parlement et à ignorer le juge constitutionnel.

Nous le répétons avec force et conviction : priver France-Télévisions de ressources publicitaires, c’est creuser un déficit de 135 millions d’euros  dès 2009 alors qu’il y a tant d’urgences sociales à financer, c’est  condamner la télévision publique – faute de moyens – à des programmes médiocres, c’est l’empêcher de soutenir la création cinématographique et audiovisuelle, c’est la rendre dépendante du rendement de deux taxes, deux de plus, qui font à nouveau du gouvernement le champion toutes catégories de la hausse des prélèvements obligatoires.

Ce sont par ailleurs et plus que jamais des cadeaux honteux faits aux propriétaires des chaines privées, ces puissants qui vivent des commandes de l’Etat et ont table ouverte hier au Fouquet’s, aujourd’hui à l’Elysée.

Pour toutes ces raisons, pour préserver l’indépendance et le pluralisme des médias, pour éviter la casse de France Télévisions et sa facture sociale, allez vous enfin, Monsieur le Premier ministre, prendre la seule décision qui s’impose : retirer ce projet de loi inutile et dangereux.