Intervention sur le schéma départemental de prévention et de protection de l’enfance 2010-2014

Monsieur le Président du Conseil général,
Mes chers collègues,

Par la loi du 5 mars 2007, les départements se sont vu attribuer de nouvelles responsabilités en matière de prévention, d’aide aux familles et de protection de l’enfance. Ils sont, dès lors, en première ligne pour assurer cette mission fondamentale pour notre société qui consiste à aider, mais aussi à mettre à l’abri, l’enfant et le jeune quand les difficultés de la vie, qu’elles soient familiales, sociales, économiques ou éducatives, les submergent et menacent alors leur avenir voire leur intégrité.
Agir avec détermination en matière d’aide à l’enfance c’est, pour Paris, affirmer ses valeurs au premier rang desquelles figurent la solidarité et le droit pour chacun de croire en un avenir meilleur.

Par la mise en place de ce nouveau schéma 2010-2014, le département de Paris a pris toute la mesure de la charge qui lui a été transférée et assume donc pleinement comme d’habitude ses responsabilités. Certes, protection de l’enfance et prévention sont deux missions distinctes, menées par des professionnels spécialisés, et qui n’ont ni les mêmes méthodes, ni les mêmes publics, mais elles doivent toutes deux répondre efficacement à ces trois impératifs qui sont la condition de la réussite d’une politique d’aide à l’enfance et de prévention, à savoir : la proximité, le suivi dans le temps et la prise en compte du contexte.

Le Schéma  détermine, pour les années à venir, dix priorités d’action. Parmi celles-ci, il en est une essentielle, formant la priorité des priorités, qui vise à renforcer la prévention et l’action de proximité.

Pour promouvoir une action au plus près des enfants et des familles, le Schéma entend ainsi s’appuyer sur les arrondissements. Aussi, prévoit-il la déconcentration du Bureau de l’aide sociale à l’enfance et la création de services d’accueil des jeunes et des familles dans les arrondissements. Les élus en responsabilité dans les arrondissements ne peuvent que se féliciter d’un tel mouvement qui constitue une avancée d’importance.

A l’instar des autres démarches en cours à Paris en matière de décentralisation et de déconcentration, cette création de services dans les arrondissements participe de la modernisation de l’administration parisienne. Une administration moderne et efficace, c’est une administration qui, agissant au plus près des difficultés, peut répondre de manière adaptée aux besoins. Cette déconcentration modernisera donc l’Aide sociale à l’enfance en permettant de mieux répondre aux nombreux besoins d’interventions sociales et éducatives et également d’assurer plus efficacement une mission de suivi.

Le suivi, c’est peut-être ce qui prend le plus de temps en matière d’aide à l’enfance et de prévention. C’est également, ne nous le cachons pas, ce qui « paie le mieux ». Aider un enfant ou un jeune, cerner ses difficultés et comprendre les facteurs déstabilisants demande une connaissance fine des situations personnelles et des caractères individuels qui ne peut s’acquérir qu’avec le temps. La proximité, à la fois géographique et relationnelle, constitue le facteur clé pour connaître l’enfant ou le jeune, le comprendre et l’accompagner dans les différents moments de son existence.

Par ailleurs, un dialogue régulier entre les différentes structures (établissements scolaires, centres sociaux, clubs de préventions, associations, clubs sportifs,…) et les différents acteurs (enseignants, éducateurs, formateurs, professionnels de santé,…) est primordial. C’est par la cohérence des actions menées sur un territoire et en agissant sur chacun des temps (scolaire, périscolaire, loisirs, personnel) qu’ensemble, les professionnels peuvent accompagner le développement de chacun des enfants et adapter les mesures de prévention et de protection.

Ce suivi individuel, et la capacité d’alerte des professionnels sont essentiels, et parfois vitaux. Ils seront renforcés par la mise en place d’un nouveau cadre de coordination locale : le « comité prévention protection enfance famille » qui, en  rassemblant de manière régulière, tous les acteurs locaux de la prévention et de la protection de l’enfance, permettra, au niveau des arrondissements, un examen approfondi des situations complexes. Ces comités sont également mieux à même, si nécessaire, de signaler à la Cellule Parisienne de Recueil des Informations Préoccupantes toute situation grave.

C’est par la constitution d’un maillage étroit entre l’ensemble des professionnels concourant à la protection de l’enfance que l’on atteint les meilleurs résultats. Je tiens, à ce titre, à souligner le travail remarquable que mènent les centres sociaux tels que, à titre d’exemple, dans le 11e arrondissement, les centres Le Picoulet ou Solidarité Roquette. La création de six nouveaux centres sociaux associatifs, programmée dans le Schéma, est une réponse indispensable au lamentable désengagement du gouvernement qui, derrière des discours lénifiants sur la famille et sur les droits de l’enfant, n’est même pas capable  d’appliquer les lois qu’il a fait voter et tout particulièrement celle de 2007. Un parfait exemple parmi tant d’autres du mode de gouvernance de votre Président de la République, Madame ONGHENA.

Et pourtant le tissu local a toute son importance en matière de prévention. Il est ainsi un élément de contexte qu’on se doit de prendre en compte afin de permettre l’ancrage territorial des dispositifs. Un ancrage qui est un garant de leur succès. La prévention doit en effet s’appuyer sur l’histoire des lieux, sur la réalité des quartiers, sur les caractéristiques des familles ou bien des groupes sociaux, et également sur les possibilités qui sont offertes. Si l’on peut s’inspirer des projets qui fonctionnent, les dispositifs ne peuvent être calqués d’un territoire sur l’autre et doivent répondre à des besoins précis.

Déconcentration, coordination, territorialisation, tels sont les axes, mes chers collègues, qui donnent toute sa pertinence à ce Schéma de Prévention et de Protection de l’Enfance financé, rappelons-le, à hauteur de 300 millions d’euros et porté avec tant de conviction et de dynamisme par Myriam EL KHOMRI.