Intervention sur l’aménagement de la place de la République

Monsieur le Maire,
Mes chers collègues,

Rendre la place de la République au public ! Telle est, résumée en une formule, la portée de cette opération d’aménagement qui créera, en 2013, un nouvel espace de confluence entre trois arrondissements parisiens et plus largement entre trois secteurs de la capitale : le centre, l’est mais aussi le nord.

Cet aménagement, en tant que Maire du 11e arrondissement, je ne peux que l’accueillir avec une très grande satisfaction et une profonde joie. En premier lieu – et avant toute chose ! – car il répond à un engagement que nous avions mis, il y a deux ans, au cœur de notre programme pour la campagne municipale celui « d’apporter plus de sécurité pour les piétons, plus de convivia­lité, une circulation cycliste plus facile, tout en mettant en valeur le paysage ». Dès les premiers mois de la mandature, une concertation large, associant notamment les conseils de quartier, a commencé, permettant à ce projet d’envergure de prendre aujourd’hui, et sans retard, un tournant décisif.

Je me réjouis également car cet aménagement mettra un terme à un paradoxe regrettable. En effet, la place de la République est un carrefour vers lequel convergent de nombreuses personnes. Elles y convergent mais pour ne pas y rester. Quand on arrive place de la République, rapidement surgit l’envie d’en partir car, disons-le, cette place n’est guère accueillante.

Avec ses 37 000 m2, la place de la République figure parmi les plus grandes places européennes. Difficile de dire pour autant qu’elle a la convivialité des places italiennes ou bien encore l’effervescence populaire des places londoniennes. Avec ce chantier ambitieux, c’est donc le visage de Paris qui, en se transformant, devient plus séduisant encore.

De la ville, les poètes, au rythme des époques, ont beaucoup parlé pour y avoir puisé une part de leur inspiration. Au fil des strophes, la ville y apparaît certes comme la cause de tourments, mais tout autant comme le lieu par excellence de la ferveur, de l’échange, des rencontres et de l’amour aussi.

Or, changer la ville c’est également, permettez-moi la formule du poète, « changer la vie ». Par les changements de la place de la République, et notamment la transformation du rond point autour de la statue en espace piétonnier, le quotidien des personnes s’en trouvera changé. Elles seront invitées à davantage se rencontrer et se promener. Des initiatives culturelles vont également pouvoir naître et des rassemblements, qui font partie de l’expression démocratique, et de la vie de la cité, mieux s’y dérouler. On peut déjà imaginer les fêtes de la musique à venir, ou bien encore les 14 juillet, mais également ces petits bonheurs de l’instant qui peuplent nos quotidiens.

Au cœur d’un espace urbain marqué par la densité du bâti, cette place viendra offrir une respiration. Revenant sur ce mouvement qui a marqué le 20e siècle et qui a voulu rationaliser les centres urbains, notamment pour y favoriser la circulation automobile, ces aménagements installeront une nouvelle vision de la ville, pour le siècle à venir, qui redonne une plus grande place à l’individu.
A ce titre je veux souligner combien ce projet considère avec réalisme et équilibre la place de la voiture en ville. Il y avait un projet plus ambitieux encore en matière de réduction de la circulation automobile ; un projet soutenu d’ailleurs – et de manière surprenante – par ceux-là même qui se disent les défenseurs des automobilistes à Paris. Pour autant, ce projet ne prenait pas en compte, ce qu’a notamment souligné la Préfecture de Police, la réalité de la situation : une baisse tendancielle de la fréquentation automobile à Paris mais qui rend seulement possible, à moyenne échéance, une réduction des flux de voitures de 15%.

Une place, c’est sa vocation première, est un lieu du lien. Aussi, convient-il de souligner combien ce projet est vecteur de rapprochements nombreux et notamment avec le nord de Paris au travers du rattachement piétonnier au canal Saint Martin par la rue du Faubourg du Temple.

Le piéton aura donc toute sa place, place de la République, même si je crois qu’il est important de travailler davantage encore à la sécurisation des passages piétonniers. Ceci pour s’assurer que, définitivement, le piéton soit le bienvenu et ne coure plus le risque qu’il court aujourd’hui, au milieu des voitures, pour atteindre l’îlot central.

Dès lors mieux rattachée aux trois arrondissements qui la bordent, la place de la République pourra être un grand lieu de vie collective. Aussi, je me réjouis que dans ce Paris si dense, l’on danse bientôt sur une place rendue au public ; une place faite « pour tous et par tous », donc plus que jamais une place de la République