Ratification du traité relatif à l’adhésion de la République de Croatie à l’Union européenne
Monsieur le Ministre, Madame la Présidente,
Mes chers collègues, Monsieur le Président du Sabor,
C’est avec beaucoup d’émotion que j’interviens aujourd’hui sur le projet de loi autorisant la ratification du traité relatif à l’adhésion de la République de Croatie à l’Union européenne.
En tant que Président du groupe d’amitié France-Croatie au sein de notre assemblée depuis plus de dix ans, c’est naturellement avec enthousiasme que je salue l’aboutissement du processus d’adhésion de la Croatie. En effet, durant ces années, j’ai pu constater le chemin parcouru et les efforts réalisés au fil des ans pour arriver à cet objectif.
Car, rappelons-le, le processus de négociation pour la Croatie a été particulièrement exigeant. La Croatie aura au total été soumise à 23 critères d’ouverture et à 104 critères de clôture.
Lorsque me reviennent ainsi à l’esprit la restructuration des chantiers navals, l’affaire dite « Gotovina » ou plus récemment le différend territorial avec la Slovénie, je mesure -comme vous chers collègues- ce qu’il a fallu de détermination, de courage et de conviction que l’avenir de la Croatie ne pouvait être qu’européen, pour avoir surmonté bien des obstacles et finalement fermé tous les chapitres.
De la guerre et de l’indépendance à l’adhésion le 1er juillet prochain à l’Union européenne en en devenant le 28eme pays membre, la Croatie a connu de nombreux bouleversements depuis une vingtaine d’années. Dans le même mouvement, la relation franco-croate a évolué de manière si positive que c’est l’honneur de la France d’avoir été le grand pays de l’Union européenne le plus militant pour l’adhésion de la Croatie.
Il est vrai que nos deux pays entretiennent des relations culturelles, linguistiques et artistiques anciennes qu’illustrent si parfaitement les figures de Boscovitch dont le nom sera prochainement inscrit dans l’espace public parisien ou de Mestrovic, l’élève de Rodin. J’évoque souvent le fait que la Croatie, alors provinces illyriennes, est sans doute le seul pays européen à avoir gardé un bon souvenir des conquêtes napoléoniennes.
La Croatie et la France ont également en commun d’avoir été, au siècle dernier, particulièrement éprouvés par deux guerres mondiales et ce d’autant plus que nos deux peuples ont subi concomitamment deux régimes collaborant avec l’occupant nazi. Et c’est une fierté partagée que des résistances nationales aient contribué si activement à la libération de nos deux pays.
J’ai évidemment à cet instant, à l’esprit, le fait que le peuple croate pour avoir à nouveau le droit de disposer de lui-même et de décider de son destin, a connu au XXe siècle une troisième guerre qui l’a profondément et si cruellement meurtri. Et, c’est une aspiration naturelle à une paix durable d’ailleurs constitutive du projet européen, qui a conduit la Croatie, ayant tout juste recouvré son indépendance, à vouloir confondre son destin national avec celui de l’Union.
Le 1er juillet 2013, la France et la Croatie se trouveront donc à égalité de droits et de devoirs au sein de l’Union européenne. Dans cette perspective, je lance un message à nos amis Croates pour qu’ils contribuent fortement à donner au projet européen cette dimension culturelle qui se doit d’être plus que jamais renforcée.
Pour l’avenir, le groupe d’amitié France-Croatie de notre Assemblée va continuer à multiplier les initiatives pour que les relations franco-croates se développent dans les domaines économiques et notamment touristiques mais aussi culturelles et éducatives. En effet, notre partenariat s’inscrit, je le crois, dans une triple dimension : européenne, méditerranéenne et francophone puisque nous avons un continent, une mer et une langue en partage.
J’appelle donc de mes vœux un renforcement des échanges éducatifs -en souhaitant notamment que la France accueille de nombreux étudiants croates mais aussi que la Croatie accueille de nombreux étudiants français- mais aussi culturels. Le festival Croatie, la voici qui s’est déroulé en France entre septembre et décembre derniers, a d’ores et déjà merveilleusement témoigné des liens culturels riches et anciens entre nos deux pays.
Pour toutes ces raisons, Chers Collègues, permettez-moi en mon nom personnel et au nom des membres du groupe d’amitié France-Croatie de vous appeler à voter cette ratification car elle va dans le sens de l’histoire, celle de la Croatie, celle de la France et bien entendu, celle de l’Europe.