Débat sur les rythmes éducatifs – Conseil de Paris

Le débat que nous avons aujourd’hui à votre initiative,  Monsieur le Maire, sur la question des rythmes éducatifs à Paris doit s’inscrire dans le cadre plus large des choix ambitieux qui sont faits, depuis mai 2012, par le gouvernement et le Président de la République en direction de la jeunesse et, par conséquent, pour l’école de la République.

 

Le choix a été clairement affirmé de miser sur l’éducation qui est la première priorité budgétaire en 2013 et restera la priorité du budget de l’Etat tout au long du quinquennat. Car, nous le savons, le processus de refondation de l’école est inévitablement un processus de long terme. Il a d’ailleurs commencé dès le mois de juillet dernier par une large concertation avec l’ensemble de partenaires de l’école. Il y a deux semaines, l’Assemblée nationale a débattu et adopté en première lecture le projet de loi d’orientation et de programmation visant à refonder l’école de la République et qui permettra d’assurer à nouveau une formation adaptée aux futurs enseignants, ces enseignants dont le mal-être est si perceptible après une décennie de pouvoir de la droite, de donner la priorité au primaire, de mieux accueillir les enfants de moins de trois ans notamment dans les secteurs les plus défavorisés et de mettre en place une nouvelle pédagogie par le dispositif du « plus de maîtres que de classes » et de redynamiser les RASED, si fragilisés ces dernières années (nous avons tenu à insister sur ce dernier point par vois d’amendement).

 

On le voit bien, il s’agit de donner une vision pour l’avenir, de bâtir une école à la fois juste pour tous et exigeante pour chacun, car l’avenir de notre pays dépend de la réussite de ce grand dessein éducatif.

 

La réforme des rythmes éducatifs est une composante essentielle de cette politique ambitieuse. L’objectif est, là encore, de permettre de mieux apprendre et de favoriser la réussite scolaire de tous. Car le constat établi depuis la mise en place brutale et si funeste de la semaine de quatre jours en 2008 est édifiant. La situation faite aux élèves de France est unique au monde et leur est préjudiciable : ils n’ont que cent quarante-quatre jours de classe par an et de fait des journées de cours surchargées.

 

Cette situation explique la baisse des performances scolaires de nos élèves, qui ne cesse malheureusement de se vérifier étude après étude, ainsi que l’accroissement des inégalités entre ceux qui réussissent le mieux et les autres : à l’entrée au collège, on compte 25 % d’élèves en difficulté, et 35 % dans les zones les plus sensibles.

 

Cette réforme permettra aussi une meilleure articulation des temps scolaires et périscolaire. C’est important pour ne pas accentuer la fracture entre les enfants au calendrier d’activités bien chargé les mercredis et ceux qui n’ont rien à faire ce jour-là.

 

Car  nous le croyons fondamentalement, comme l’on d’ailleurs porté avec conviction les grands défenseurs d’une éducation au service de tous au long de l’histoire de notre République (Jean Zay a ainsi été un précurseur lors du Front populaire) : il est essentiel pour  réussir de créer des synergies entre instruction, culture et loisirs.

 

C’est cette approche qui a été retenue pour la réforme des rythmes éducatifs qui nous est proposée.  Ecoles, collectivités territoriales, associations culturelles et sportives,  mouvements d’éducation populaire ont ainsi l’opportunité, ensemble, de construire un cadre nouveau dans l’intérêt même des enfants, en organisant de manière globale leurs temps de vie scolaire et leur accès à tout ce qui peut contribuer à les éduquer, à cultiver leurs corps comme leurs esprits, à en faire pleinement des citoyens. C’est de cela dont nous débattons précisément aujourd’hui.

 

Un cadre national a été fixé mais de manière souple, en permettant des déclinaisons locales pour que soit, à tout moment, privilégié l’intérêt des élèves. La mise en place d’un projet éducatif territorial est l’outil même de la mise en œuvre de cette réforme. C’est dans ce cadre que la Ville de Paris a été amenée à réfléchir, beaucoup consulter et proposer un projet que présente le vœu de l’exécutif soumis à notre approbation.

 

La décision que vous avez prise, Monsieur le Maire, avec le volontarisme, la détermination et le sens de l’intérêt collectif que l’on vous connait, de mettre en œuvre cette réforme dès la rentrée 2013 fait suite à une très large concertation menée auprès des Parisiennes et des Parisiens dans le cadre de multiples réunions publiques parisiennes comme d’arrondissement mais aussi à un dialogue constructif avec les représentants des parents d’élèves, les enseignants et les directrices et directeurs d’école, ainsi que les personnels de la Ville de Paris. 13000 réponses apportées au questionnaire mis en ligne sur le site de la mairie, témoigne de l’ampleur de la consultation conduite depuis le début de l’année à laquelle vous-même Monsieur le Maire, Anne Hidalgo, Colombe Brossel et le Recteur François Weil avez pris une part active que nous tenons à saluer.

 

Ces échanges ont permis, comme le décret y engage vivement les collectivités territoriales, de dégager les modalités les plus adaptées à ce changement. A Paris, plusieurs pistes de travail ont ainsi été évoquées et étudiées permettant de faire évoluer le projet, notamment sur la durée de la pause méridienne ou le renforcement de la présence des personnels de la Ville dans les écoles pour permettre aux enseignants de se consacrer pleinement à leur mission.

 

Cela a permis de confirmer toute l’importance d’un projet éducatif de territoire. Il permettra, à Paris, de proposer aux enfants un temps périscolaire à la fois ambitieux, reposant et correctement articulé au temps scolaire.

 

C’est tout le sens du retour à la semaine de quatre jours et demi qui faisait déjà l’objet d’un large consensus mais qui attendait une réelle volonté politique de mise en œuvre. Une telle réforme de société n’est jamais simple car elle conduit inévitablement à changer des habitudes même si ces habitudes sont récentes. Mais l’enjeu est tel que nous ne pouvons attendre et que le plus tôt sera forcément le mieux. Car comme le déclarait tout récemment Marcel Gauchet cette réforme est « essentielle » tant, je le cite, « il est indispensable d’optimiser le temps de classe ».

 

Plus que jamais, l’école est le lieu où l’on doit donner le goût d’apprendre, de chercher, de savoir. Il faut, pour cela, que chacun ait la même chance d’accéder à cette découverte et la même chance de réussir.

 

C’est une évidence de le dire, cela l’est moins quand il faut traduire le changement dans les faits, nous en avons bien conscience. C’est pourquoi vous nous invitez une nouvelle fois, Monsieur le Maire, à mettre Paris en mouvement pour appliquer cette réforme des rythmes éducatifs tant nous la considérons comme une contribution décisive au mieux-être et à la réussite scolaire de tous les jeunes Parisiens; tant nous savons que c’est un moyen de lutte contre les inégalités scolaires et de casser les déterminismes sociaux.

 

Par la décision que nous allons prendre, sous votre impulsion,  Monsieur le maire, Paris va plus que jamais garder un temps d’avance !