Tribune parue sur liberation.fr – La Commune n’est pas morte.
Tribune Le 18 mars 1871, débutait la Commune de Paris… Et si ce combat était toujours d’actualité ?
Il y a 142 ans, le 18 mars 1871, débutait la Commune de Paris, insurrection née des souffrances liées au siège de la capitale par les Prussiens, d’une paupérisation croissante du peuple parisien, et d’un fort élan républicain suite à l’élection à l’Assemblée d’une chambre à dominante monarchiste.
Pendant deux mois, la Commune de Paris a porté les valeurs universelles de liberté, d’égalité et de fraternité, à travers l’émergence du droit du travail, l’école gratuite et laïque pour tous, l’égalité d’accès à la justice, la liberté de la presse, la séparation de l’Eglise et de l’Etat, la promotion de l’art et de la culture… Autant de projets et de réalisations qui nous interpellent par leur brûlante modernité.
On connait la fin tragique de l’expérience communarde : pendant la Semaine Sanglante du 22 au 28 mai 1871, la répression des troupes versaillaises s’abattit sur les communards, et plusieurs dizaines de milliers d’entre eux furent fusillés.
Nous avons la conviction que la connaissance des événements qui ont marqué l’Histoire et participé à l’affirmation des valeurs communes de notre République est indispensable à la constitution d’une mémoire nationale partagée.
En ce sens, nous affirmons que la mémoire de la Commune de Paris, dont nombre de moments forts se déroulèrent dans nos quartiers de l’est parisien, doit vivre et prospérer.
C’est ce que permet le travail des associations, dont celui, indispensable, mené par les «Amis de la Commune de Paris 1871», à travers ses actions de sensibilisation, et l’organisation de cet intense moment de fraternité qu’est la montée annuelle au mur des Fédérés.
Mais la puissance publique a également un rôle majeur à jouer, à travers la matérialisation des lieux de mémoire dans l’espace public et les administrations, ou par des gestes forts : à cet égard, alors que le Président de la République a fait part de son intention de faire entrer des femmes au Panthéon, nos pensées ne peuvent que se tourner vers cette grande figure de la Commune que fut l’institutrice Louise Michel.
Le Parlement enfin peut favoriser la reconnaissance des évènements constitutifs de l’identité républicaine, à travers notamment l’adoption de résolutions. Le 11 juillet 1880, la loi portant amnistie générale des communards a mis fin aux poursuites pénales et a effacé les peines prononcées. Nous croyons aujourd’hui nécessaire d’aller au-delà : c’est en ce sens que nous avons décidé, avec plusieurs députés socialistes parisiens, de déposer une proposition de résolution affirmant la pleine réhabilitation de la Commune et des Communards, et le rôle de cette période de l’histoire dans la conquête des droits politiques et sociaux aujourd’hui au fondement de notre République.
On l’a vu, la Commune est moderne, et ses idéaux bien d’aujourd’hui. Nous sommes dépositaires d’une mémoire qui ne demande qu’à vivre, qu’à irriguer le présent. Droit de vote des étrangers aux élections locales, démocratie dans l’entreprise, éducation et formation pour tous et toutes, laïcité, égalité entre les femmes et les hommes, réquisition des logements vaquants pour les mal logés … Autant de principes et de projets qui continuent à nous guider, et nous amènent à suivre le chemin de liberté, d’égalité et de fraternité tracé hier par la Commune. Car non, vraiment, elle n’est pas morte.