Orientations budgétaires
Monsieur le Maire,
Mes Chers Collègues,
Le débat sur les orientations budgétaires est, cette année encore l’occasion de mesurer l’ampleur de ce qui a été accompli depuis bientôt 7 ans. Paris a su, en se mettant en mouvement, rattraper son retard et se tourner résolument vers l’avenir.
Tout cela n’aurait pas été possible sans une constante exigence en matière de gestion financière qui conduit notre groupe à saluer tout le talent de Christian Sautter. Eh oui, Madame de Panafieu, vu ce qu’on entend ou ce qu’on voit au sein de la droite parisienne, on comprend que vous puissiez envier l’administration mutuelle qui caractérise effectivement la majorité municipale. Et quand vous parlez de vérité et de transparence, on se dit quel culot !
« Vérité », dites-vous alors, alors que votre intervention n’a été qu’une accumulation de mensonges éhontés dur le bilan de l’actuelle mandature.
« Transparence », dites-vous alors que, candidate à la Mairie de paris, vous êtes si discrète sur l’Etat de votre patrimoine.
Mais revenons-en aux orientations budgétaires.
L’engagement que vous avez pris en 2001, Monsieur le Maire, de ne pas augmenter les taux d’imposition sera tenu, et les Parisiennes et Parisiens y sont d’autant plus sensibles, qu’ils subissent actuellement les choix iniques du gouvernement en matière de fiscalité qui contribuent à une véritable crise de leur pouvoir d’achat. La municipalité a mené d’emblée une politique de performance, afin d’améliorer le service public au meilleur coût. Performance du service rendu aux Parisiens, comme vient encore de le montrer le succès de Vélib’, mais aussi performance en matière financière, avec une gestion active de trésorerie qui permet chaque année de significatives économies de frais financiers, et une gestion innovante et sécurisée d’une dette modérée, qui permet un fort taux d’autofinancement des investissements et un recours limité à l’emprunt, de plus au meilleur taux.
Car en matière d’investissements, il s’agissait de rattraper des années de pénurie, et d’offrir enfin à nos concitoyens les divers équipements publics dont ils avaient tant besoin. L’effort d’investissement consenti depuis 2001 est sans précédent, les dépenses effectives en la matière ayant pratiquement doublé par rapport à la mandature précédente. Et n’en déplaise à l’opposition municipale, obtenir la notation AAA avec 1,6 milliard d’investissement annuel à ce jour, il fallait le faire !
Quant aux recettes tirées des droits de mutation, qui font tant fantasmer l’opposition municipale alors que, majoritaire au plan national depuis plus de cinq ans, elle n’a rien fait pour enrayer la spéculation immobilière et tout particulièrement les ventes à la découpe, rappelons qu’elles ont servi à financer les priorités de l’action municipale que sont l’hébergement d’urgence, la lutte contre l’insalubrité ou l’effort sans précédent en faveur du logement social.
A ce propos d’ailleurs, vous avez fièrement annoncé, Madame de Panafieu, que vous aviez pour projet la production de 4000 logements neufs par an durant la prochaine mandature, dont 1/3 de logements sociaux, soit très exactement 1.333.
A ce rythme là, les 20% prévus par la loi SRU ne seraient pas atteints dès 2014 comme (le candidat) Bertrand Delanoë en a exprimé la volonté, ni en 2020 comme la loi l’oblige, mais en 2035 ! En 2035, vous vous rendez compte, Madame de Panafieu, c’est l’année où Monsieur Tibéri aura 100 ans ! Vous ne pouvez quand même pas lui demander d’attendre jusque là. En tout cas, quel aveu quant à vos véritables intentions !
Qu’il me soit enfin permis, de dénoncer, à nouveau, les carences d’un Etat qui, ayant perverti l’esprit même de la décentralisation, abandonne aux collectivités locales – avec un peu plus de cynisme chaque année – l’effort de solidarité.
C’est une mécanique que nous commençons à bien connaître. Et la facture s’alourdit d’année en année. Ainsi le déficit cumulé pour le RMI à Paris se monte aujourd’hui à 106 M€. Cela vaut tout autant pour la politique des déplacements au moment même où le gouvernement combat le SDRIF parce qu’il fait la part trop belle aux transports collectifs. Au lendemain du Grenelle de l’environnement, comprenne qui pourra ! Résultat pour Paris : le prolongement du tramway voulu par toute la majorité municipale jusqu’à la Porte d’Asnières est actuellement bloqué par la carence de l’Etat à la Porte de la Chapelle. Les habitants du 17ème et tout particulièrement du futur quartier des Batignolles seront, à ce titre, les premières victimes de ce mauvais coup du gouvernement.
Nos concitoyens ne sont pas dupes : pour financer son paquet fiscal qui s’apparente de plus en plus à un boulet fiscal, Nicolas Sarkozy a fait des choix clairs qui pénalisent les collectivités locales. En attendant la rigueur de l’après municipales qui touchera tous les français avec l’augmentation de la TVA, de la CSG et de la CRDS, il vient ainsi de rompre le contrat de croissance qui liait le gouvernement aux collectivités, en diminuant drastiquement leurs dotations. Il faut bien utiliser tous les moyens pour récupérer les 15 milliards d’euros qui manquent dans les caisses de l’Etat ! Pour financer les équipements et les services publics dont leurs administrés ont besoin, nombre d’exécutifs territoriaux en seront donc réduits à augmenter sensiblement leurs impôts locaux.
Monsieur le Maire, le mauvais exemple venu d’en haut, celui des déficits qui se creusent et des responsabilités dont on se défausse sur les autres, ne peut qu’amener le groupe socialiste et radical de gauche à se reconnaître pleinement dans les orientations budgétaires exigeantes et ambitieuses pour les Parisiens, que vous nous présentez aujourd’hui. Et ce d’autant plus qu’en 2008, notre groupe veut ardemment être le moteur de l’exécution du budget qu’il votera le mois prochain.