Urgences hospitalières
M. Patrick Bloche. La situation des urgences hospitalières est inquiétante. La saturation permanente des services entraîne une dégradation des conditions de travail et des soins aux patients. Les personnes âgées en sont les premières victimes, qui sont indûment dirigées vers les urgences par manque de places – l’Assistance de Paris vient par exemple de supprimer 500 lits de longue durée ! Les familles n’admettent pas l’attente interminable qui précède la prise en charge. Le mouvement de grève qui vient d’être lancé – mais qui n’est pas un arrêt de travail – traduit l’exaspération du personnel face à la désorganisation de la permanence des soins : depuis 2002, les gardes obligatoires sont remplacées par un volontariat très théorique des médecins libéraux. L’hôpital, qui doit traiter de plus en plus de cas qui ne relèvent pas de l’urgence, tend à devenir le lieu de permanence des soins de l’ensemble de la population. C’est inacceptable. Les membres du personnel, eux, affrontent au quotidien un manque criant de moyens, comme l’ont proclamé les urgentistes hier à Rennes. Ils appellent l’attention sur les lits fermés, les postes supprimés, les malades bousculés, et à l’arrivée les professionnels fatigués et les patients en danger.
Le mouvement né dans l’ouest est en train de s’étendre et il n’est que temps que le Gouvernement, pourtant instruit des conséquences de la canicule d’août 2003, réagisse. Etes-vous prêt, Monsieur le ministre, à ouvrir la négociation demandée par le docteur Patrick Pelloux sur l’organisation de la permanence des soins et sur les moyens des urgences hospitalières ? Il en va de l’égalité d’accès aux soins et de la sécurité des malades.
M. Xavier Bertrand, secrétaire d’Etat à l’assurance maladie – Personne ne peut, en aucune façon, opposer hôpital et médecine de ville. Personne n’y gagnera rien : ni le système de santé, ni les patients. C’est au contraire en jouant la carte de la complémentarité que nous permettrons aux Français de toujours trouver une solution à leur problème médical, aux urgences lorsque leur cas le justifie ou dans le secteur de la médecine libérale, avec SOS médecins ou les maisons médicales de garde, par exemple.
En ce qui concerne la permanence des soins, vous savez que le décret est en cours d’examen au Conseil d’Etat. Sa publication n’est plus qu’une question de jours. Ce décret a fait l’objet d’une large concertation avec les médecins libéraux, hospitaliers et urgentistes. Des incitations, des moyens juridiques et financiers sont prévus afin que les médecins libéraux puissent prendre des gardes. Ils y sont disposés, ainsi que le montre le rapport du conseil national de l’Ordre sur la question. Il faudra également trouver des solutions au cas par cas dans chaque département.
Quant au Plan urgences, 150 millions ont été consacrés en 2004 à la création de 2 742 postes et à l’ouverture de 2 200 lits, et le budget sera de 175 millions en année pleine. Afin de garantir l’application rapide du plan, Philippe Douste-Blazy a demandé au directeur de l’hospitalisation, Jean Castex, de rencontrer sans délai les directeurs des agences régionales de l’hospitalisation et les représentants de tous les professionnels concernés afin d’arrêter les actions prioritaires à mener.