Stade de France Budget Jeunesse et Sports 1998
Question orale à Mme Buffet Ministre de la Jeunesse et des Sports
Madame la ministre, ma question porte sur le devenir du Stade de France après la Coupe du monde de 1998, et notamment sur la recherche d’un club de foot résident.
Je suis chaque année amené à me prononcer sur deux budgets, et d’abord celui de la ville de Paris, qui a été fortement mis à contribution ces deux dernières années, notamment pour l’homologation du Parc des Princes en vue de la Coupe du monde, ce qui est tout à fait normal. Suite au départ de la Fédération française de football et de la Fédération française de rugby, la ville de Paris ne tire quasiment aucune recette de la gestion du Parc des Princes. Le renouvellement de la convention de gestion, actuellement en discussion, nous amère à envisager un investissement de 150 millions de francs environ pour que le Parc des Princes puisse garder son club résident actuel, à savoir le PSG, comme tout le monde le sait.
Parallèlement, je suis amené aujourd’hui à me prononcer sur le budget de la jeunesse et des sports, donc à prendre en compte, dans les perspectives budgétaires pour l’année prochaine, le devenir du Stade de France après la Coupe du monde.
Vous avez hérité, madame la ministre, d’un contrat de concession très favorable à la partie privée qui hypothèque lourdement l’avenir d’un point de vue financier puisque, s’il n’y a pas de club résident dès la saison 1998-1999, l’Etat devra verser chaque année 50 millions de francs.
Madame la ministre, le PSG va-t-il rester au Parc des Princes ou aller au Stade de France ? S’oriente-t-on vers la création d’un second club résident en région parisienne, ce qui demande du temps – or le temps presse – et exige aussi et surtout beaucoup d’argent ?
En tant que Parisien, je tiens évidemment à ce que le PSG reste au Parc des Princes, mais ce ne peut pas être à n’importe quel prix, notamment pour les contribuables parisiens et compte tenu de la situation financière de la ville de Paris. Les conséquences budgétaires de la question que je pose sont donc importantes, aussi bien pour les Parisiens que pour les Français.
M. le président. – La parole est à Mme la ministre.
Mme Buffet, ministre de la jeunesse et des sports. – Monsieur le député, entre ces deux budgets, je comprends votre dilemme. (Sourires.)
Plus sérieusement, je rappelle que la concession signée en avril 1995 par le gouvernement de l’époque engageait l’Etat pour une participation à la construction du Stade de France de 1,254 milliard, plus les 150 millions liés ensuite, à la dépollution du sol.
Deuxièmement, aux termes d’un marché un peu étonnant, elle engageait l’Etat à indemniser le consortium, s’il n’y avait pas de club résident, à hauteur de 50 millions la première année, de 50 millions également la deuxième et de 68 millions, à partir de la troisième.
Au cas où un club résident s’installerait au Stade de France, la concession prévoyait, dans l’hypothèse où les recettes n’atteindraient pas 73 millions par an, que l’Etat couvre le manque à gagner.
Bien sûr, la concession précise que le concédant peut la rompre. Mais à ce moment là, il doit payer immédiatement 1 milliard et quelques de sa poche au concessionnaire.
Je précise que cette concession – que certains, parfois, semblent découvrir – a été validée par un vote à l’Assemblée nationale le 11 décembre 1996.
Vous comprenez tous qu’un tel équipement sportif ne peut pas » vibrer » qu’avec des concerts de groupes. Il a besoin d’événements sportifs de haut niveau. Sont déjà prévus les grands matchs de rugby et les grandes finales de foot. Hélas! Le coût actuel de location proposé par le consortium empêche qu’on puisse envisager d’organiser au Stade de France les championnat du monde d’athlétisme. Mais je vais entamer le débat avec le consortium sur la justification de tels coûts de location.
De toute façon, de grands événements ne suffisent pas pour qu’un public s’attache à un stade. Pour qu’il le fasse vivre et qu’il devienne ainsi partie prenante de son esprit sportif, if faut un club résident.
Bien évidemment, l’idée qu’il puisse y avoir deux grands clubs de football en Ile-de-France est tout à fait justifiée. L’engouement de la jeunesse, l’importance du public et de la pratique sportive dans cette région devraient permettre la coexistence de deux clubs, comme c’est le cas dans de nombreuses capitales européennes.
Cela dit, un club ne se crée pas du jour au lendemain. Sans même parler du financement, il faut plusieurs années pour qu’une équipe se construise et prétende au plus haut niveau. Il ne suffit pas d’acheter des joueurs à d’autres clubs. Par conséquent, la position de bon sens, qui correspond aussi à la meilleure préservation des deniers publics, consiste à envisager la venue du PSG au Stade de France. Bien évidemment, c’est le club lui-même qui décidera. Nous n’avons heureusement aucun moyen de faire pression sur lui pour qu’il change de stade.
En admettant, ce qui est loin d’être évident, que le Paris-Saint-Germain accepte d’aller au Stade de France, quel sera l’avenir du Parc des Princes ? Il faudrait que l’on puisse entamer ce débat avec la ville de Paris. Ni la ville de Paris ni le ministère ne pourront prendre cette décision à la place du Paris-Saint-Germain. Mais comme il est possible que le PSG accepte de quitter le Parc des Princes, il faut envisager l’ouverture de discussions sur l’avenir de ce stade.
Je pense personnellement qu’il y a la place, dans la région Ile-de-France, pour deux grands stades, surtout si, comme on peut le souhaiter, Paris et l’Ile-de-France posent très rapidement leur candidature aux jeux Olympiques.
Bref, je renvoie la question à la ville de Paris et à ses élus ! (Applaudissements sur les bancs du groupe communiste et du groupe socialiste.)