Débat sur les orientations budgétaires
Intervention de Patrick BLOCHE,
Président du Groupe socialiste
et radical de gauche
Monsieur le Maire,
Mes cher(e)s collègues,
Améliorer la vie des Parisiennes et des Parisiens, telle est notre ambition depuis maintenant bientôt 6 ans. Vous en faites une nouvelle fois la preuve, Monsieur le Maire, avec ces orientations budgétaires ciselées par Christian Sautter à qui notre groupe (son groupe…) tient à exprimer sa vive gratitude. Elles portent la marque des changements nécessaires opérés depuis 2001, afin que Paris ressemble à la ville que ses habitants aiment, une ville solidaire, diverse et dynamique.
Les populations les plus fragiles sont depuis 2001 au cœur de nos préoccupations, et les chiffres sont parlants, avec des dépenses sociales en hausse de 70% depuis le début de la mandature. Cette politique de solidarité ambitieuse est au service de ce qui est pour nous plus qu’une priorité, une valeur, la mixité sociale. Cette priorité est claire dans l’effort soutenu de la municipalité en matière de logement social, qui est la clé pour stabiliser la population parisienne. De fait, plus de 18.000 logements sociaux ont été financés depuis 2001, une refonte des aides au logement a permis d’aider un nombre croissant de familles pour le paiement de leur loyer, et une série de mesures ont été prises pour aider les Parisiens à faire face à l’inflation des prix de l’immobilier.
En dépit de l’optimisme affiché du gouvernement, le climat économique demeure morose, et la précarité progresse. Les collectivités locales, qui assument désormais la charge du RMI, peuvent mesurer l’ampleur de la dégradation : le nombre d’allocataires a augmenté de 18,5% depuis trois ans. En réponse, Paris mène une politique d’insertion vigoureuse et efficace. Et les résultats sont significatifs : le chômage à Paris a baissé de 21% de juin 2003 à juin 2006, quand il ne baissait que de 8% en France.
Notre municipalité fait par ailleurs, depuis 5 ans, un effort inédit en matière d’investissements dont le rapport Andersen notait d’ailleurs l’effondrement sous la mandature précédente (rapport, au passage, qui pointait aussi la gestion hasardeuse du Parc floral). Il est, de fait, presque indécent d’entendre les maires de l’opposition reprocher à l’exécutif municipal de délaisser leurs arrondissements… Vous oubliez un peu vite, chers collègues, que la dotation par habitant dont vous disposez a augmenté de 45% depuis 2001. Vous ne consommez d’ailleurs que 61% des crédits disponibles sur vos états spéciaux. Quant au procès de l’indispensable rééquilibrage des dotations entre les arrondissements, c’est ignorer volontairement que les grands arrondissements, à la population croissante, requièrent des efforts conséquents, ignorés jusqu’ici. Etait-il normal qu’en moyenne entre 1995 et 2001, la dotation du 1er ait été de 393€ par habitant et par an, quand celle du 20ème était seulement de 83€, et celle du 18ème de 86€, chiffres moyens sur la mandature 1995-2001 ? A cet égard, le boycott de la conférence de programmation par les 8 maires d’arrondissement de la minorité municipale ne peut être interprété que comme une manœuvre purement politicienne.
Dans la même veine, l’UMP Paris tente de surfer sur les désagréments inévitables pour les Parisiens que génère la fin des travaux de voirie réalisés pour mieux partager l’espace public. Mais au-delà d’une critique si facile, quel est réellement le projet de l’UMP Paris en matière de circulation et de déplacements ? Quelles sont ses propositions alternatives ? Veut-elle détruire les couloirs de bus, comme le prône Monsieur Goasguen ? Estime-t-elle que le tramway est une « connerie noire » comme l’a affirmé Monsieur Lellouche ? Ou soutient-elle l’hypothèse d’un péage urbain, à l’instar de Madame de Panafieu, qui l’appliquerait – je la cite – « à une certaine zone, laquelle devra être discutée (…) sans a priori ni tabou ». Exprimé ainsi, cela n’engage guère, c’est le moins que l’on puisse dire… Mais on aimerait en savoir un peu plus. Il est vrai qu’au chapitre des déplacements, vous optez le plus souvent Madame la présidente du groupe UMP, pour une expression un peu hermétique. Que vous ignorez que le bus PC traverse le 17ème le dimanche, soit. On peut mal connaître son arrondissement. C’est permis. On saisit plus difficilement, par contre, à quoi conduit (je vous cite) votre promotion d’une « gestion dynamique de la voirie, faisant varier son utilisation en fonction de l’heure et des besoins ». Et on comprend encore moins, quand, dans votre livre, vous proposez (je vous cite toujours) « moins de voiture, mais mieux de voiture ». Entre nous, ça veut dire quoi ? Dans ce curieux concept, il y a « moins de voiture ». Mais comment proposez-vous d’y parvenir ? Là est tout l’enjeu ! Vous avez été désignée chef de file de l’UMP Paris il y a près de 8 mois, et vous n’avez toujours pas trouvé le moyen d’apporter la moindre réponse à cette question essentielle ! Sur ce vrai sujet, la critique ne suffit pas, ne peut pas suffire. Il faut des idées, des convictions, et surtout un vrai souci de vérité. Reprenant votre paradigme, je vous propose : « moins de polémiques, mieux de débat ; moins de lieux communs, mieux d’exigence ». Et je souhaite aussitôt appliquer ce principe à l’une de vos déclarations récentes. En effet, dans le Figaro Magazine du 21 janvier dernier, vous affirmiez, je cite : « 5% des Parisiens effectuent leurs achats en voiture ; mais ces 5% représentent 40% du total des achats ». Madame de Panafieu, notre débat public exige des références précises, notamment quand il s’agit de données statistiques. Alors je vous demande de bien vouloir répondre à cette simple question : où avez-vous trouvé ces chiffres ? De quelle étude, de quel rapport, les avez-vous exhumés ? J’ai cherché, je n’ai rien trouvé. Pouvez-vous, aujourd’hui, devant les représentants de la diversité parisienne, nous éclairer sur ce point ?
Face à ce flou artistique qui doit laisser songeur plus d’un Parisien, et en attendant le débat sur le PDP au début de l’année prochaine, le groupe socialiste et radical de gauche veut, une nouvelle fois, à l’occasion de ce débat sur les orientations budgétaires pour 2007, réaffirmer tout son soutien à la politique courageuse de rupture avec le tout automobile que vous avez engagée, Monsieur le Maire, avec Denis Baupin, depuis 5 ans, tout automobile qui, visiblement, rend l’opposition municipale si nostalgique.
Il s’est agi en effet, pour la majorité municipale, de répondre tout simplement à la demande des 75% de Parisiens qui utilisent les transports en commun, et d’opérer un réaménagement de l’espace public conforme aux impératifs d’une cité moderne, comme l’ont déjà fait de nombreuses autres villes européennes. Nous avons ainsi mobilisé des moyens budgétaires conséquents, en augmentation de plus de 50% par rapport à la mandature précédente. Un de nos grands projets va se concrétiser très prochainement, avec la mise en service du Tramway des Maréchaux Sud en décembre ; nul doute que de nombreux Parisiens pourront rapidement apprécier son utilité. En outre, grâce à l’engagement des collectivités locales et tout particulièrement de Paris au sein du STIF, l’offre de bus et de métros sera accrue dès 2007, avec une augmentation des fréquences sur certaines lignes de métro, et la prolongation du service d’une heure le samedi soir et les veilles de fêtes, comme le réclamaient depuis longtemps les usagers.
Pour notre groupe, la fréquence du passage des bus qui concerne les Franciliens comme les Parisiens devra être un objectif prioritaire en 2007.
Solidaire, agréable, rénovée, certes, mais aussi innovante et dynamique, telle est notre vision de Paris. L’actuelle municipalité s’est d’emblée engagée pour l’innovation, au service de l’emploi et du rayonnement international de la capitale. Qu’il s’agisse du financement de programmes de recherche dans le domaine médical ou du soutien aux trois pôles de compétitivité, la priorité est claire : mettre Paris au cœur des enjeux économiques de demain. Les péroraisons des élus de l’opposition sur le prétendu déclin économique de Paris sont d’une totale mauvaise foi, puisque pour la première fois en 2005, la Région Capitale est devenue la plus attractive d’Europe, avec l’implantation de 194 entreprises internationales, dont 139 à Paris même. Depuis 3 ans maintenant, les créations d’entreprises sont en forte progression dans notre ville qui recense 40% du total de ces créations en Ile-de-France. Cette illustration des actions de notre collectivité montre bien que tous les moyens sont mobilisés pour mettre Paris en mouvement et pour faire face aux nouveaux défis économiques et sociaux. Malheureusement, nous devons le signaler cette année encore, ce volontarisme contraste avec le désengagement confirmé de l’Etat. Un Etat qui, depuis quelques années déjà, laisse peser de façon croissante la charge de la solidarité nationale sur les collectivités locales.
Les impayés de l’Etat s’accumulent, la réforme de la décentralisation devenant un prétexte pour abandonner les populations les plus fragiles. Le département de Paris a dû assumer seul en 2005 52M€ au titre du RMI qui représenteront 65M€ en 2006, autant de charges dont la compensation prévue par la Constitution se fait toujours attendre. Soyons précis, si notre collectivité n’en avait pas assuré le financement en responsabilité, ce sont 10.000 Parisiens qui auraient été privés de leurs ressources vitales. Ce décrochage de l’Etat ne peut plus durer.
Parlons aussi du futur contrat de projets Etat-Région, qui concerne des réalisations aussi importantes que les couvertures du périphérique, les centres d’hébergement d’urgence ou la rénovation des universités. Le gouvernement a annoncé un engagement a minima, avec un financement en déficit de 500 M€ pour l’Ile-de-France, avec une perte de moitié du budget affecté aux transports. Notre inquiétude est grande devant un gouvernement qui semble renoncer à préparer l’avenir des Français.
C’est dans ce contexte contraint que le groupe socialiste et radical de gauche s’inscrit pleinement dans les orientations budgétaires pour 2007 qui nous sont proposées aujourd’hui. Qu’il s’agisse des recettes, avec l’engagement à nouveau tenu de ne pas augmenter les taux d’imposition sur la durée de la mandature, la prudence souhaitable sur l’évolution des droits de mutation ou encore le renouvellement fructueux pour les finances de la Ville de nombre de concessions et de certains marchés. Et du côté dépenses, l’augmentation de 70% de celles consacrées au social depuis 5 ans, le doublement de l’investissement sur la durée de la mandature, les 100 millions d’euros supplémentaires versés au STIF mais, a contrario, les 25 millions d’économies réalisées sur les dépenses de fonctionnement.
Autant le dire, le budget que nous voterons dans deux mois, nous plait déjà, car il nous confirme ce que nous savions déjà : que le changement est plus que jamais à l’œuvre à Paris.