Communication sur la grippe aviaire
Intervention de Patrick BLOCHE,
Président du Groupe socialiste
et radical de gauche
Monsieur le Maire,
Mes Chers Collègues,
Depuis plusieurs mois, la communauté internationale est confrontée à une vaste crise d’épizootie aviaire. Localisé initialement en Asie du Sud-Est, le foyer infectieux a progressé. Il est aujourd’hui à l’est de l’Europe, en Turquie. A l’heure actuelle, le virus H5N1, concerne avant tout les volailles. Seule, une proximité directe et prolongée avec un animal malade est susceptible de provoquer une contamination humaine.
Néanmoins, le risque sanitaire est important et il faut être vigilant. C’est pourquoi l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et les membres du réseau mondial de surveillance de la grippe sont mobilisés depuis plusieurs années sur ce sujet. De très nombreux scientifiques étudient la question et imaginent des scénarii d’évolution. Le principal risque concerne la mutation du virus H5N1, avec le virus de la grippe que nous connaissons. Dans ce cas, le H5N1, serait alors transmissible d’homme à homme. D’après une étude de l’Institut de veille sanitaire, il pourrait alors y avoir en France jusqu’à 1 million d’hospitalisations, et hypothétiquement entre 90.000 et 220.000 morts. Mais ces chiffres sont simulés sur la base d’une hypothèse de passivité de la part des autorités sanitaires. Or ce n’est pas le cas et nous sommes encore en amont.
En cas de crise sanitaire, l’Etat est en première ligne, de par l’organisation des systèmes de soins publics. Aussi, depuis plusieurs années, la montée des préoccupations sanitaire, environnementale et alimentaire, chez les Français a conduit les autorités à mettre en place différents organismes et agences d’évaluation et de veille dans de nombreux domaines. Ainsi, les pouvoirs publics assument la responsabilité de se préparer à faire face à toute éventualité, notamment qui mettrait en jeu la sécurité et la santé publique.
C’est justement l’objet de la communication qui nous est présentée aujourd’hui. Elle présente le travail mis en œuvre par notre collectivité, en synergie étroite avec les services du Préfet de Police, sur la gestion d’une éventuelle épidémie humaine de grippe aviaire à Paris.
A cette l’occasion, je voudrais d’abord saluer le Maire, ses Adjoints, et les services pour leur travail accompli depuis plusieurs mois maintenant et l’approche transversale adoptée sur ce sujet. La Ville de Paris à développé un large éventail de mesures préventives et de protection à destinations des Parisiennes et des Parisiens, afin de parer à toute situation. Il convient de conjuguer, prévention, veille sanitaire, politiques publiques et solidarité internationale. Il ne s’agit pas là de faire un catalogue, mais de relever les mesures les plus significatives mises en places concrètement.
La première des armes préventives, c’est évidement l’information et la sensibilisation des publics. Il est indispensable que les Parisiennes et les Parisiens soient informés des mesures préconisées, conscients des risques actuels et vigilants dans leurs comportements.
En matière de prévention de l’épizootie aviaire, la Ville de Paris a renforcé la surveillance de la mortalité des oiseaux, en particulier les espèces pouvant côtoyer des oiseaux migrateurs, comme à proximité des grands plans d’eau et dans les Bois. Pour ce qui est du cas particulier des pigeons, en l’état actuel des connaissances scientifiques, la probabilité d’une contamination semble très faible. Ainsi, même lors de la grande grippe espagnole qui a ravagé l’Europe en 1918-19, il n’a pas été constaté de mortalité supérieure au sein de cette espèce. Néanmoins, le pigeonnier expérimental installé dans le 14ème arrondissement continue à fournir des informations précieuses.
En matière de prévention des risques, liés à une hypothétique épidémie humaine, la Ville de Paris assurera la permanence du service public municipal, centré tout d’abord sur les fonctions indispensables à la vie de la cité : distribution d’eau potable, chauffage urbain, accueil spécialisés, état-civil, cimetières et bien entendu propreté. Des missions exceptionnelles supplémentaires, liées à la situation de crise, seront mis en œuvres, telles qu’une cellule « communication de crise », « sécurité » et « distribution de masques ». Le fichier qui recense toute personne souhaitant bénéficier d’un contact en cas de besoin (mis en place à Paris, suite au drame de la canicule), sera utilisé. Evidemment toujours gratuit, il devient désormais permanent. De plus, une réserve communale de sécurité civile sera mise en place. Elle concerne les agents volontaires et bénévoles, qui, partis à la retraite depuis moins de 5 ans, pourront pallier l’absence d’agents malades ou empêchés. Enfin, la Ville de Paris a imaginé le dispositif des « médecins de crise », adopté en octobre dernier, pour les professionnels qui veulent se mettre à la disposition des autorités préfectorales pendant la période critique. Par la suite, et en fonction de l’évolution de la situation, toutes autres fonctions et missions de la collectivité seront rétablies progressivement.
De manière anticipée, la Ville de Paris a renforcé (cette année encore) son effort de vaccination grippale à destination des personnels qui le souhaitent. De plus, des formations spécifiques pour les agents municipaux et les élus ont également été mis en place. Enfin, la Ville a acheté 3,4 millions de masques de protection, afin d’assurer ses missions à effectif restreint (15.000 personnes pendant une période maximale de quatre mois et demi). Voici les principales mesures mises en place par la Ville de Paris.
Pour conclure, et parce que nous évoquons une pandémie qui ne connaît pas les frontières, le groupe socialiste et radical de gauche suggère que Paris fasse entendre sa voix sur la scène internationale pour relayer deux demandes essentielles :
– tout d’abord, la création d’un « droit d’ingérence sanitaire » proposé par plusieurs députés, avec ses deux volets : droit à l’information et droit à la protection médicale,
– ensuite, comme l’a prévu l’OMC, le recours à la procédure exceptionnelle de la « licence obligatoire », dérogatoire au droit international sur les brevets et le commerce, afin de permettre l’égal accès de tous les pays aux moyens médicaux permettant de faire face à l’épidémie.
Compte-tenu de vos fonctions internationales, vous êtes tout désigné, Monsieur le Maire, pour être l’avocat de ces deux grandes causes humanitaires et sanitaires.