Débat sur les violences urbaines

Intervention de Patrick BLOCHE,
Président du Groupe socialiste
et radical de gauche

Monsieur le Maire,
Mes cher(e)s Collègues,

Notre pays connaît depuis plusieurs jours une situation grave et préoccupante. Sur l’ensemble du territoire national, et dans une moindre mesure à Paris, nos banlieues se sont embrasées. Sans distinction, ce sont des biens publics de proximité aussi indispensables que des écoles, des gymnases, des bus ou des commissariats de police, mais aussi des biens privés, qui ont été les cibles d’un vandalisme inégalé, touchant ainsi les habitants mêmes de ces quartiers. Sans prémices apparents, ces violences urbaines que nous condamnons, ont engendré une crise d’une ampleur sans précédent.

Nombre d’élus et de responsables politiques, de gauche comme de droite, l’ont rappelé ces dix derniers jours : l’urgence de la situation exige de l’action publique, et notamment de celle du Gouvernement, le rétablissement de l’Etat de droit en assurant la sécurité des personnes et des biens. Le retour au calme par le rétablissement de l’autorité de l’Etat mais aussi par le retour de la confiance dans nos quartiers est donc une priorité. Et ce n’est ni en décrétant l’état d’urgence dans la précipitation, ni en recourant de manière disproportionnée au couvre-feu, que nous mettrons fin à ces violences. Le triptyque  » prévention, sanction, réparation  » doit donc être redéployé au centre de toute action publique visant à rétablir l’ordre. Car ce n’est pas en attisant le feu et en semant la peur que nous aurons des résultats, mais bien en prenant des mesures appropriées et sereines, en faisant tout pour éviter les désordres qui créent encore plus d’injustice.

S’il est donc de la responsabilité des élus de condamner ces actes et d’exiger le retour au calme, il est aussi de notre responsabilité collective de tenter d’analyser les causes de ces violences. Car si elles sont révélatrices d’un malaise profond dans les cités engendré par des décennies d’oubli ou d’insuffisances politiques, le gouvernement ne peut se dédouaner de son immédiate responsabilité. Au-delà des provocations d’un ministre de l’Intérieur pompier-pyromane, c’est bien toute une politique qui a eu pour conséquence depuis trois ans de briser notre pacte social et républicain, qui est aujourd’hui en cause.
Car pendant que ces quartiers difficiles voient, depuis 2002, l’ensemble des financements destinés à la vie associative, aux politiques de prévention et d’éducation gelés, les emplois-jeunes et la police de proximité supprimés et les engagements budgétaires non respectés, le gouvernement baisse les impôts des plus favorisés. Quel message ! Cette politique à courte vue qui se résume à la répression, quand elle ne fait pas appel à la régulation de l’ordre social par des communautés religieuses, se révèle aujourd’hui non seulement inefficace mais aussi dangereuse.

Dans ce contexte, Paris, par le biais de notre assemblée, se doit de parler fort et sincère en exigeant de redonner à la prévention, à la police de proximité, que les habitants des quartiers comme nombre de syndicats de policiers considèrent comme une nécessité, mais aussi à la justice, aux services publics et à la politique de la Ville les moyens budgétaires et humains dont ils ont été gravement amputés.
Car c’est notamment parce que la municipalité parisienne a fait le choix politique de pallier le désengagement de l’Etat, en matière sociale tout particulièrement, que la Capitale est moins gravement touchée par les violences.
Nous continuerons donc à Paris de faire le choix du respect, du vivre-ensemble et de l’égalité sociale. Au gouvernement plus que jamais de prendre ses responsabilités.