Communication sur la politique de la Ville de Paris en direction des personnes handicapées
Intervention de Patrick BLOCHE,
Président du Groupe socialiste
et radical de gauche
Monsieur le Maire, Chers Collègues,
Alors que l’Assemblée nationale débat actuellement d’un projet de loi dont le manque d’ambition et d’actions concrètes est dénoncé par les associations et les fédérations œuvrant dans ce domaine, nous sommes amenés ce matin à dresser l’excellent bilan de trois années d’une politique en faveur des personnes handicapées qui constitue une des priorités de l’action municipale et qui vise à faire enfin toute leur place dans notre Cité à nos concitoyens en situation de handicap. A cet égard, le groupe socialiste et radical de gauche tient à saluer tout particulièrement votre engagement personnel et permanent, Monsieur le Maire. Il tient également à s’associer aux félicitations que vous avez adressées à votre adjointe si volontaire, Pénélope KOMITES, ainsi qu’à l’indispensable Hamou BOUAKKAZ.
La vie quotidienne des personnes touchées par le handicap ressemble trop souvent, pour beaucoup d’entre elles, à une spirale de l’exclusion dans laquelle elles sont enfermées sans espoir d’en sortir. C’est cette spirale qu’il faut casser et pour cela il est nécessaire de mobiliser beaucoup d’énergie qu’il s’agisse, comme c’est le cas depuis 2001, de rompre avec une politique uniquement ancrée dans l’assistanat, ou de bousculer la technostructure. Car, dans le domaine du handicap depuis la loi de 1975, nous sommes progressivement passés d’une logique de protection, puis d’intégration à une dynamique d’appartenance, pour tous.
Au fil des ans, les familles regroupées en associations ont œuvré pour que soit reconnue la légitime solidarité en direction de leurs enfants, leurs parents, leurs amis handicapés. A ce titre, le groupe socialiste et radical de gauche tient à rendre un hommage appuyé au travail qu’effectuent les nombreuses associations ainsi que les professionnels.
Ces associations particulièrement dynamiques à Paris, jouent un rôle fondamental dans l’affirmation de l’identité des personnes handicapées et leur détermination reste indispensable pour vaincre les résistances et faire tomber les barrières derrière lesquelles la société a tendance à enfermer les personnes handicapées. L’autisme, entre autres handicaps, nécessite ainsi que nous soyons collectivement mobilisés pour apporter les réponses adaptées à la situation des enfants comme des adultes concernés. La conception du handicap a peu à peu évolué : la classification réformée en 2001 par l’OMS, propose ainsi de prendre en compte l’impact de l’environnement social et physique sur le fonctionnement de la personne. Il s’agit alors d’une démarche politique, dans la mesure où elle implique des choix et des priorités à mettre en œuvre afin de favoriser la citoyenneté des personnes en situation de handicap.
Pour être encore plus explicite, permettez-moi de citer un médecin de santé publique, chercheur à l’INSERM, Jean-François RAVAUD, sur les problèmes d’accessibilité d’une personne en fauteuil roulant empêchée de se rendre dans un bureau de poste à cause d’un escalier qu’elle ne peut franchir :
» Quand on demande classiquement pourquoi cette personne ne peut pas aller au bureau de poste, on a schématiquement quatre types de réponses : cette personne ne peut pas aller au bureau de poste parce qu’elle est paraplégique – c’est la version médicale – ; cette personne ne peut pas aller au bureau de poste parce qu’elle ne peut pas marcher – c’est une version plus fonctionnelle – ; elle ne peut pas y aller parce qu’il y a des escaliers – c’est la vision environnementale – ; elle ne peut pas y aller parce que l’on ne se préoccupe pas de l’accès à tous les bureaux de poste – c’est la vision politique « .
Comme on le voit et cela est valable pour toutes les formes de handicap, la prise en compte des facteurs environnementaux est fondamentale : elle doit conduire à une transformation de l’approche sociale du handicap, à la nécessité de mettre l’accent sur les interactions entre les deux dimensions, personne et société. Cela relève d’un vrai choix politique.
Et c’est bien celui que la municipalité parisienne a fait depuis trois ans, sous votre impulsion, Monsieur le Maire, avec ambition et détermination. D’autant plus que les moyens budgétaires sont là ! qu’on en juge : 23,6 millions d’euros en 2004 contre 2,4 en 2001, une multiplication par 10 des crédits mobilisés qui montrent bien qu’après quatre mandatures de la droite ; tout était à faire.
Bien sûr, il faudra amplifier dans les prochaines années, l’effort amorcé à partir de ce qui a déjà été entrepris qu’il s’agisse des transports spécialisés, du schéma directeur d’accessibilité à la voirie, du protocole pour l’emploi des travailleurs handicapés ou encore de la prise en compte du choix de vivre à domicile.
Mes collègues illustreront le travail de longue haleine auquel la municipalité parisienne s’est attelé pour une égalité d’accès pour tous, à tous les services et espaces publics de notre Ville.
Je souhaiterais conclure en insistant sur la nécessité que l’action particulièrement volontariste conduite par la municipalité ne soit pas freinée par un retrait parallèle de l’intervention de l’Etat. Le devenir du Centre d’accueil et de crise de la Roquette qui mobilise nombre d’entre nous, est à cet égard malheureusement exemplaire. La décision de fusion avec le centre du 12ème arrondissement, a été prise au mépris de l’accueil et des soins apportés aux usagers (10.000 en dix ans) et va à l’encontre des actions menées par la Ville en termes d’offre de soins psychiatriques. Un vœu présenté, lors de cette séance, à l’approbation de notre Conseil, permettra de revenir sur ce dossier sensible et urgent. N’en déplaise à Madame RENSON.
Monsieur le Maire, chers Collègues, en adaptant le cadre de vie le plus quotidien à nos concitoyens handicapés, nous leur permettrons l’accès à un droit majeur : le droit à l’autonomie. Et par la même nous donnons tout son sens à un objectif qui ne peut que nous réunir : celui tout simplement de mieux vivre ensemble.