Intervention de Patrick BLOCHE,
Président du Groupe socialiste
et radical de gauche

Monsieur le Maire,
mes chers collègues,

L’effondrement de la cour de l’école de la rue Auguste Perret qui, détail qui dans d’autres circonstances aurait prêté à sourire, est un architecte du début du siècle fils d’un maçon communard et spécialiste de la technique, alors novatrice, du béton…, cet effondrement donc a choqué à juste titre les riverains et l’ensemble des Parisiens au regard des conséquences dramatiques qu’auraient pu avoir un tel affaissement.

Je souhaiterai tout d’abord me féliciter de notre attitude collective qui, par la modification de notre ordre du jour initial afin d’entamer nos débats par une communication exceptionnelle sur ce sujet d’importance, montre notre préoccupation et notre détermination à faire la lumière sur cet accident, les responsabilités qui y sont liées et les mesures qu’il nous faut prendre pour en éviter toute répétition.

Je tiens également à me féliciter de la promptitude avec laquelle l’ensemble des acteurs concernés et, en premier lieu, la mairie du 13ème arrondissement a su faire face à l’urgence, tant en termes de prévention immédiate que d’informations et de mise en place de moyens alternatifs pour amoindrir, autant que faire se peut, les désagréments que doivent subir les enfants, parents d’élèves et riverains de l’école de la rue Auguste Perret. Il va de soi que le principe de précaution, parfois sur-utilisé, trouve ici toute sa justification et sa pertinence dès lors que les conséquences d’un tel accident géologique sont susceptibles dans une zone aussi densément peuplée d’entraîner des conséquences dramatiques. L’arrêté préfectoral d’interdiction d’occupation d’un immeuble proche de cette école est à cet égard pleinement justifié et il nous appartient, en responsabilité, d’assurer le relogement et l’information des familles concernées dans les meilleures conditions.

Mais au-delà de ces mesures d’urgence que Serge Blisko a précédemment développé et mises en œuvre, je crois qu’il nous faut aujourd’hui agir pour renforcer les mesures qui, à défaut de rendre ce type d’accident totalement impossible, en limiteront au maximum la potentialité. Si fort heureusement aucune victime n’est à déplorer, la situation du sous-sol parisien parsemé de carrières et de galeries, les accidents liés au percement de la ligne Météor déjà intervenus, notamment dans le 9ème arrondissement, exigent que le maximum d’informations émanant de scientifiques et de techniciens indépendants de la maîtrise d’ouvrage soient recueillis. En saisissant le tribunal administratif en référé afin qu’un expert indépendant soit désigné, la Ville a montré sa détermination à faire toute la lumière sur les causes de cet accident. La désignation du directeur général du bureau de recherche en géologie minière au sein de votre cabinet, Monsieur le Maire, participe également de cette préoccupation.

Notre connaissance actuelle du sous-sol parisien est plutôt bonne, à preuve la cartographie au mètre près du paris souterrain que possède l’Inspection générale des carrières, mais le fait que chaque concessionnaire : égouts ; canalisations d’eau, de téléphone, d’électricité ; lignes de transport en commun… possède ses propres plans implique sans doute un renforcement de la concertation et du travail en commun de l’ensemble des intervenants sur un chantier.

En conclusion, je souhaiterai, Monsieur le Maire, que cette  » épreuve « , car c’est ainsi qu’elle est vécue par les personnes directement concernées, nous interpelle sur deux priorités. La première, et la plus immédiate, consiste à mettre en œuvre tous les moyens dont dispose la Ville pour rassurer les riverains, atténuer la gêne occasionnée au quotidien suite à cet effondrement et, enfin et surtout, s’assurer que la réouverture de l’école de la rue Auguste Perret ne se fasse que lorsque le risque zéro sera atteint. Par ailleurs, et c’est là ma seconde priorité, cet accident ne peut que renforcer notre conviction que l’ère du transport et de l’utilisation du sous-sol parisien est aujourd’hui à la limite du techniquement réalisable et de l’humainement acceptable.