Sur la communication de la ville de Paris sur l’été 2002 à Paris.
Monsieur le Maire,
mes chers collègues
Le désir de rendre Paris aux Parisiennes et aux Parisiens qui vous anime, Monsieur le Maire, depuis le début de la mandature, a trouvé cet été une expression à sa dimension. Par la solidarité, par la culture, par le sport mais aussi par la convivialité et la fête, la réappropriation de la ville par ses habitants s’est déclinée dans de nombreux lieux et s’est adressée à un très large public. Que l’on songe par exemple à l’opération Ville Vie Vacances, à Cinéma au clair de Lune et naturellement Paris Plage, toutes ces initiatives ont participé à une autre conception de l’espace public et apparaissent comme autant de manières de vivre la Ville autrement.
Vivre la ville autrement, c’est d’abord mieux la vivre et la partager. Vous avez eu raison, Monsieur le Maire, de rappeler que les plus défavorisés sont les premiers pénalisés en période estivale. Parce qu’ils ne peuvent partir en vacances ou parce qu’ils trouvent certaines portes fermées, trop de Parisiens ont alors du mal à trouver leur place dans notre Cité. C’est pourquoi, les efforts en matière de solidarité se devaient d’être accrus.
La Ville de Paris a su ainsi mettre en commun les moyens et les compétences de chacun et nouer des partenariats efficaces pour que les services publics, celui de la lutte contre les exclusions comme celui de la santé restent pleinement opérationnels durant ces mois d’été.
Elle a su également, proposer à 34 000 jeunes, habitant principalement des quartiers défavorisés, des activités sportives et culturelles dont le mérite n’a pas tant été de les occuper que de nouer des solidarités nouvelles. (Je pense particulièrement aux projets intergénérationnels, menés dans les 10ème et 18ème arrondissements de Paris, qui ont permis à des générations de mieux se connaître et de partager des savoirs autour de projets communs).
Vivre la ville autrement, c’est aussi lui donner du sens par une politique culturelle ambitieuse (et audacieuse).
Cet été, la culture est sortie de ses espaces traditionnels pour aller à la rencontre des Parisiens. Au-delà des initiatives reconduites et renforcées comme les » lectures d’été » ou encore » Paris quartier d’été « , le cinéma a aussi investi les parcs et les jardins. Les différentes projections, gratuites et en plein air, de films sur Paris, dans le cadre de » Cinéma au clair de Lune « , ont ainsi rencontré un énorme succès et permis de découvrir la Capitale sous un jour nouveau.
Donner du sens à la ville, c’est également changer temporairement l’affectation de certains espaces. Et je pense, en premier lieu, aux voies sur berges. Certains de nos collègues de l’opposition nous promettaient le pire. N’en déplaise à ces Cassandre, rien de ce qu’ils annonçaient n’est arrivé. Le décalage d’une semaine par rapport à l’année dernière et la meilleure information des automobilistes ont été, à cet égard, des facteurs déterminants.
Ainsi, pendant près d’un mois, 100 000 personnes ont pu profiter chaque jour des aménagements et des nombreuses activités proposées, sur trois kilomètres, le long de la Seine. Car, et c’est là la grande force de Paris Plage, les berges de la Seine se sont transformées en un lieu polyvalent de détente et de convivialité gommant temporairement la séparation arbitraire existant entre les deux rives de Paris. Un espace de détente estivale sur une voie express pouvait paraître anachronique mais l’anachronisme n’est-il pas cette autoroute urbaine traversant Paris en son cœur, et de surcroît sur un site classé au patrimoine mondial de l’humanité ? Que le » parisien à quatre roues « , décrit par Georges POMPIDOU lors de l’inauguration de cette voie express en 1967, soit de plus en plus partageux d’espace avec celui à deux jambes, telle est plus que jamais notre ambition.
Pouvait-on, par ailleurs, imaginer meilleure promotion de notre ville que celle qui vous a été proposée, ouverte et offerte à chacun ? Paris Plage a permis à la Capitale de dépoussiérer son manteau patrimonial et de ne plus apparaître uniquement comme une ville-musée mais comme une cité toujours créative. Beaucoup de métropoles y ont d’ailleurs porté un grand intérêt.
La réussite de l’opération confirme enfin combien nos concitoyens souhaitent mieux vivre leur ville. Signe de son succès, de nombreuses propositions ont été avancées pour l’édition 2003 comme l’extension à la rive gauche.
De là à fermer définitivement les voies sur berge à la circulation automobile, comme l’a évoqué notre collègue Denis BAUPIN, il y a un pas à franchir qui nécessitera bien d’autres évolutions dont certaines ressembleront à des révolutions. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous n’avons pas inscrit un tel objectif dans le contrat de l’actuelle mandature.
D’abord parce qu’il ne s’agit pas de priver brutalement Paris des flux touristiques et économiques qui contribuent à son développement.
Ensuite, parce que les voies sur berges s’inscrivent aujourd’hui dans le cadre d’un plan de circulation de dimension régionale et qu’il ne s’agit pas de renouer avec la culture du splendide isolement qui fut trop longtemps la marque de la gouvernance parisienne.
En attendant, ne restons pas inactifs, ne pensons pas aux voies sur berge seulement quand arrive l’été et contribuons d’ores et déjà activement – tout au long de l’année – à l’amélioration du cadre de vie des habitants des arrondissements, des riverains qui restent les premiers à subir les nuisances de cette autoroute urbaine.
C’est pourquoi, à l’aune de ce bilan estival si prometteur, le groupe socialiste et radical de gauche vous dit, Monsieur le Maire : continuez ! continuons !