Sur le budget modificatif de la Ville de Paris.
Monsieur le Maire,
mes chers collègues,
Le budget modificatif qui nous est présenté illustre la volonté de la majorité municipale de mettre en œuvre, de manière soutenue, les objectifs prioritaires qu’elle s’est fixés en début de mandature. C’est un budget au service des Parisiennes et des Parisiens, en constante adaptation, afin de répondre au plus près à leurs besoins. Il met ainsi l’accent sur les investissements humains, matériels ou d’équipements pour une solidarité renouvelée et un service public de proximité qui soit, avant tout, un service au public. Est ainsi progressivement rattrapé, même s’il y faudra le temps d’une mandature, le retard d’investissement dans de nombreux secteurs dont ceux de la petite enfance, des transports en commun ou encore du logement social.
Félicitons-nous donc de l’augmentation de 50%, en deux ans, des crédits mobilisés à cet effet.
Le présent budget modificatif atteint donc 264 millions d’euros dont 75% sont constitués par des reports de l’exercice 2001.
Il s’inscrit dans le respect de l’engagement pris, sur la mandature, de stabilité des taux d’imposition. Parallèlement à cet engagement qui garantit aux Parisiens une évolution prévisible de la pression fiscale, des marges de manœuvre ont pu être dégagées par la gestion active d’une trésorerie anciennement dormante, par une réduction des frais financiers de la dette et par des économies sur les dépenses.
Dès lors, doit-on accorder une réelle attention à l’amendement déposé par trois groupes de l’opposition municipale visant à réduire uniformément les taux des impôts locaux de 5% ? Quel autre lien identifier entre cette mesure nationale qui, rappelons-le ici, accroît les inégalités sociales, et sa greffe sur Paris, si ce n’est une volonté de clonage politique totalement artificielle, un effet d’annonce que ne nourrit aucune réflexion de fond sur une réforme de la fiscalité locale pourtant nécessaire et qui fait fi, avec beaucoup de légèreté, des besoins exprimés par les Parisiens eux-mêmes. La meilleure preuve en est que l’amendement en question revendique des économies sur les seules dépenses de fonctionnement comme si les nouveaux équipements ne nécessitaient aucun personnel pour les entretenir et les faire fonctionner. Ainsi, à quoi bon construire des crèches sans y affecter nécessairement des auxiliaires de puériculture ?
De la même façon, réduire les recettes porterait un coup évident au partenariat entre la Ville et la Préfecture de police dans le domaine de la sécurité. Alors que les dernières statistiques montrent – par une baisse sensible de la délinquance à Paris – que cette co-production porte ses premiers fruits, au moment même où vous avez souhaité, Monsieur le Maire, porter à 14,4 millions d’euros au lieu des 12 prévus, les crédits supplémentaires affectés à la Préfecture de police, la » raffarinade » de l’opposition municipale montre ses évidentes limites. Que de contradictions, quel manque de cohérence dans l’annonce que vient de nous faire Monsieur GOASGUEN, orateur unique, comme il y a un parti unique, d’une abstention de l’opposition lors du vote de cette subvention à la Préfecture de police qui, rappelons-le, augmente de 17% entre 2001 et 2002.
D’autres choix budgétaires tout aussi significatifs traduisent le changement à l’œuvre à Paris. Qu’il s’agisse des crédits très importants consacrés à la mise en œuvre de l’Allocation personnalisée d’autonomie (APA) ou des subventions au logement social, pour ce qui concerne le domaine prioritaire de la solidarité.
Qu’il s’agisse, par ailleurs, de l’effort renforcé en faveur de la petite enfance ou des moyens mobilisés pour le péri-scolaire auquel, nous le savons, vous accordez, Monsieur le Maire, une importance toute particulière.
Remunicipalisation de la collecte des ordures ménagères dans le XIXème arrondissement, majoration des crédits en faveur des transports en commun, amélioration de l’éclairage public, création de 460 emplois nouveaux, politique municipale refondée dans le domaine du cinéma, opération Paris-plage, … : la liste des mesures nouvelles est longue et mes collègues du groupe socialiste et radical de gauche qui interviendront ce matin, Annick Lepetit, Jérôme Coumet et Jacques Bravo, auront l’occasion d’y revenir.
Un dernier mot avant de conclure, Monsieur le Maire, pour évoquer le contexte politique nouveau né des élections présidentielle et législatives. La droite a désormais les pleins pouvoirs au plan national. Il est à espérer que les orientations du nouveau gouvernement ne se traduiront pas par un désengagement de l’Etat à Paris. Il y a, en effet, un domaine où nous nourrissons déjà quelque inquiétude, je veux parler du secteur culturel. Le nouveau ministre a, en effet, annoncé – la semaine dernière – la remise en cause probable d’un certain nombre de grands chantiers culturels prévus dans la Capitale, appelant même – dans le cas précis de la salle symphonique de La Villette – la Région et la Ville de Paris (je le cite) » à prendre leurs responsabilités » en assumant une part des financements. Autant vous dire, Monsieur le Maire, que le groupe socialiste et radical de gauche ne manifeste d’ores et déjà guère d’enthousiasme à ce que la Ville s’engage dans une telle perspective budgétairement lourde et culturellement incertaine.
Notre crainte plus globale est qu’à l’avenir, dans bien des domaines, des acteurs délaissés par l’Etat se tournent automatiquement, par réflexe en quelque sorte, vers la Ville. Nous comptons donc sur vous, Monsieur le Maire, pour garder le cap qui est avant tout celui de tenir, sur la durée de la mandature, les engagement pris devant les Parisiennes et les Parisiens en mars 2001. A l’exemple de ce budget modificatif que nous voterons avec une réelle satisfaction.