Couloirs de bus : une nouvelle politique, de nouveaux moyens.
Monsieur le Maire,
mes chers collègues,
Si certains avaient encore un doute, les 6 premiers mois de l’alternance parisienne ont levé toute ambiguïté : c’est bien une nouvelle ère qui s’est ouverte, tout particulièrement dans le domaine de la circulation et des transports qui a désormais acquis un caractère emblématique. Celui de votre volonté particulièrement déterminée, Monsieur le Maire, avec Denis BAUPIN, votre adjoint, de rompre nettement avec la gestion passée.
Face aux changements – il est vrai radicaux – qui ont été engagés, l’opposition s’oppose. Normal, dira-t-on. Si ce n’est que les critiques qu’elle formule ont souligné, à la fois , son conservatisme, et surtout son incapacité à proposer une autre politique en ce domaine.
» Ayatollesque « , c’est ainsi que la maire du 17ème arrondissement a qualifié votre démarche, Monsieur le Maire, et par là même celle de toute la majorité municipale. Cet excès de langage auquel nous a d’ailleurs habitués son auteur traduit, en fait, la difficulté de la droite à accepter le verdict du suffrage universel quand elle perd le pouvoir. Car le terme même d' » ayatollesque « , illustre parfaitement le procès en légitimité que la droite fait à la gauche à chaque fois que cette dernière gagne les élections et arrive aux responsabilités. Les considérations sur le mode de scrutin parisien du mauvais joueur qu’est le président du groupe R.P.R. de notre assemblée, participant de la même démarche.
Il faudra pourtant vous faire une raison, chers collègues de la minorité municipale. Au moins jusqu’en 2007, nous ferons ce que nous avons dit et même écrit. Certains Parisiens nous disent d’ailleurs leur heureux étonnement de voir les engagements que nous avons pris devant eux durant la campagne électorale pour réduire la » fracture spatiale « , survivre au scrutin de mars dernier et trouver ainsi rapidement leur traduction concrète dans les premiers choix de la nouvelle équipe municipale.
Au-delà de cette revalorisation nécessaire de l’action publique en général et politique en particulier, il n’est pas inutile de souligner – très précisément dans le domaine de la circulation et des transports – que les Parisiens – et, en premier lieu, ceux qui travaillent – ont récemment renouvelé dans des enquêtes d’opinion la confiance qu’ils nous ont accordée, il y a 6 mois, dans les urnes. Dans cette confirmation qui ne nous a pas surpris, ils ont même été rejoints par les Franciliens (64% des déplacements Petite couronne-Paris se faisant en transports en commun) qui ont ainsi contredit ceux qui ont voulu peindre la politique de circulation mise en œuvre par la nouvelle municipalité comme une tentative visant à transformer la Capitale en une forteresse de l’égoïsme parisien ou en une cité qui leur serait interdite.
C’est ainsi, par des choix volontaires et surtout dans leur traduction aussi immédiate que visible, que se construit une » société de confiance « .
Les premiers chiffres significatifs sont déjà là :
– la vitesse des bus est passée dans les couloirs en site protégé de 7-9 km/h à 12-14 km/h ;
– la RATP a pu constater, il y a 15 jours, que 300 000 usagers des bus avaient profité la semaine précédente d’un gain de temps allant jusqu’à 50% dans leurs parcours quotidiens ;
– début septembre, la préfecture de police a relevé une diminution du volume de la circulation de 17% à 15% par rapport à juin 2001 et de 15% par rapport à la même semaine en 2000 ;
– grâce aux sites protégés, le temps de trajet constaté pour un bus, entre Châtelet et la gare de l’Est est désormais réduit à moins de 10 minutes.
La reconquête effective de l’espace urbain marque ainsi une rupture fondamentale dans la gestion municipale et dans la vie des Parisiens. Car les sites protégés, à la différence des marquages au sol qui permettaient de se dédouaner à bon compte, sont respectés et permettent véritablement une meilleure circulation des bus.
De plus, la méthode et les mesures retenues ont été progressivement adaptées lors de plusieurs débats et consultations. La mise en service des couloirs de bus protégés a ainsi déjà connu des modifications après concertation avec la Préfecture de police et les utilisateurs de la chaussée parisienne que sont, notamment, la RATP, les représentants des taxis, des cyclistes ou encore des motards, des livreurs et des convoyeurs de fonds. Souplesse et réactivité, à chaque fois que cela sera nécessaire, dans la mise en œuvre de ces mesures permettront de rompre progressivement avec les mauvaises habitudes prises dans la Capitale depuis plus de 20 ans.
A cet égard, peut-on sans doute parler de révolution culturelle. Une révolution culturelle sans fatwa de personne, une révolution culturelle où il ne s’agit pas de changer le peuple mais où le peuple lui-même nous demande de changer son cadre de vie quotidien.
Tout nouvel aménagement nécessite une nouvelle réglementation et ce sera désormais, à Paris, un rôle de mieux en mieux partagé entre la Mairie et la Préfecture de Police. Pour faire respecter ces règles, il faut des effectifs humains qualifiés pour cette mission. De fait, arguer – comme l’ont fait certains – que les policiers affectés au contrôle de l’utilisation des couloirs de bus sécurisés par ceux qui y sont autorisés, ne se consacreraient plus à la lutte contre l’insécurité relève d’une pure démagogie. Le débat démocratique ne se grandit pas de propos tenus avec une telle légèreté.
Le projet de délibération qui accompagne votre communication, Monsieur le Maire, concerne la deuxième tranche du programme dans des arrondissements où l’opposition municipale est majoritaire. L’unité même de Paris ne pouvait que conduire à cette salutaire extension. Elle intervient alors qu’une démarche de première évaluation et d’ajustements des mesures appliquées, a été déjà entreprise.
Face à ceux qui se satisferaient d’une simple expérimentation, face à ceux qui exigent un moratoire, le groupe socialiste et radical de gauche réaffirme fermement aujourd’hui sa volonté que le changement ne soit pas réduit à des mesures symboliques qui ont fait long feu durant plus de 2 décennies.
Il faut maintenir le cap, Monsieur le Maire, et nous ne doutons pas un seul instant de votre détermination. Paris est depuis trop longtemps malade de la politique du » tout automobile » voulue par Jacques CHIRAC et à peine corrigée par son successeur, cette politique qui a tout simplement échoué.
Tout en poursuivant le dialogue permanent qui a été ouvert avec un évident souci de pragmatisme, nous nous devons d’atteindre – sur la durée de la mandature – les objectifs que la nouvelle majorité municipale s’est fixés:
– réduire la place de la voiture dans la ville ;
– lutter contre la pollution et pour la santé des Parisiens ;
– accentuer la fluidité des transports en commun et faciliter leur accessibilité aux gens qui travaillent comme aux retraités ;
– développer des transports plus réguliers, plus rapides et plus nombreux et, finalement, redécouvrir une ville à taille humaine.
C’est pourquoi, Monsieur le Maire, les élus du groupe socialiste et radical de gauche vous confirment leur soutien actif. Nous voterons en faveur de cette deuxième tranche de travaux qui confirme notre engagement dans une logique alternative, plus piétonnière et collective, plus respectueuse d’un cadre et d’une qualité de vie à l’européenne.