Subventions aux associations » Artistes à la Bastille » et « Le Génie de la Bastille ».
1996, D. 1182 – Subvention à l’association » Le Génie de la Bastille » (11e).
M. LE MAIRE DE PARIS. – Nous passons à l’examen des projets de délibération référencés P. 896 et D. 1182 accordant une subvention aux associations » Artistes à la Bastille » et » Le Génie de la Bastille » situées dans le 11e arrondissement.
La parole est à M. BLOCHE.
M. Patrick BLOCHE. – Pour gagner du temps, me permettrez-vous, Monsieur le Maire, d’associer effectivement dans mon intervention deux projets de délibération en l’occurrence les P. 896 et D. 1182, portant attribution de subventions, puisque les deux associations concernées ont des activités très proches.
Je me suis inscrit sur ces deux projets de délibération afin d’évoquer l’effort de la Ville de Paris dans le domaine des arts plastiques.
Aussi, je souhaiterais en préalable faire référence à une interview parue récemment dans « Le Figaro », qui n’a pas dû échapper à votre vigilance et qui était titrée : « Lise TOUBON : Paris ignore l’art contemporain ».
En effet, à la fin de l’interview, le journaliste du « Figaro » pose à Mme Lise TOUBON la question suivante : « La Ville de Paris fait-elle un effort suffisant pour faire connaître l’art contemporain ? ». La réponse de Mme Lise TOUBON est particulièrement directement : « Bien sûr que non », ajoutant : » Où voulez-vous que les jeunes créateurs exposent ? « .
Nous pouvons tous convenir que Mme Lise TOUBON est une référence dans le domaine de l’art contemporain. Je n’aurais peut-être pas un jugement aussi définitif que celui qu’elle a porté dans cette interview au « Figaro ». Néanmoins, je m’interroge comme elle sur l’effort réel de la Ville de Paris en direction des artistes plasticiens qui ont encore la possibilité de créer dans la Capitale.
Les deux associations concernées par ces projets de délibération sont de création ancienne. Ainsi, » Le Génie de la Bastille » a été, en 1982, la première associations d’artistes plasticiens à Paris à organiser des « portes ouvertes » dans les ateliers dont la quinzième édition se termine ce jour. L’association » Artistes à la Bastille » a, depuis sa création, pris la même initiative. Comme chaque année, cette manifestation a attiré un monde fou dans le quartier Bastille-Charonne-Roquette, jusque dans le 12e arrondissement et notre collègue PERNIN a dû sans doute constater l’affluence au Carré Saint-Nicolas. Au fil du temps, est né un véritable intérêt et des habitudes ont été prises, non seulement des habitants du quartier, mais aussi plus largement des Parisiens et des Franciliens.
On m’a même indiqué que des provinciaux et des étrangers venaient spécialement dans la Capitale pour cette manifestation. Ce réel succès a conduit à ce que cette initiative soit depuis imitée dans de nombreux arrondissements parisiens.
L’affluence dans ces « portes ouvertes » progresse chaque année. Ce qui ne progresse pas, en revanche, c’est le montant de la subvention attribuée aux deux associations par la Ville de Paris puisque pour la 7e année consécutive, ce montant est identique à celui de 1990, soit 80.000 F. En 1996 comme en 1995, » Le Génie de la Bastille » recevra 55.000 F et » Artistes à la Bastille » 25.000 F.
L’effort de la Ville est d’autant plus insuffisant que ces associations ont pris l’initiative, à l’occasion des » portes ouvertes « , d’organiser des manifestations exceptionnelles.
Il s’agit tout d’abord, pour » Le Génie de la Bastille « , de l’organisation – chaque année – d’un échange d’hébergement créatif entre des artistes de l’association et des artistes étrangers. C’était le Japon l’an dernier, c’est l’Italie cette année. Je vous assure que ces échanges sont extrêmement fructueux. La confrontation dans un même atelier d’oeuvres d’artistes de la Bastille et d’oeuvres d’artistes Italiens, pour faire référence à ce qui vient de passer, constitue une démarche culturelle tout à fait passionnante qui mérite d’être soutenue. Or, ce n’est pas le cas. Ainsi, » Le Génie de la Bastille » et ses adhérents ont dû autofinancer totalement l’échange d’hébergement créatif qui est intervenu avec les artistes de Kyoto accueillis à Paris à l’automne 1995, et notamment leur déplacement au Japon au printemps dernier, alors que les relations franco-japonaises dans le domaine artistique sont présentées comme l’une des priorités culturelles de la Mairie de Paris.
En ce qui concerne les » Artistes à la Bastille « , les animateurs de cette association ont pris une initiative tout à fait exceptionnelle, cette année.
Elle a consisté à la mise en place d’un puzzle géant composé d’une centaine d’oeuvres d’artistes du quartier Bastille au débouché du boulevard Richard-Lenoir sur la place de la Bastille. Cette réalisation qui n’avait pu voir le jour les années précédentes a provoqué l’intérêt et la curiosité des habitants du quartier et de ceux, nombreux, qui passent par la place de la Bastille. On s’arrête devant le puzzle, on découvre les oeuvres, on les commente en groupe. Bref, l’art est dans la rue et devient ainsi accessible à un plus grand nombre de nos concitoyens. Je regrette d’autant plus qu’il n’ait pas été donné suite aux deux demandes d’attribution de subventions exceptionnelles déposées par ces deux associations.
Aurez-vous le souci, Monsieur le Maire, de renforcer dans le budget de la Ville de Paris pour 1997 la ligne » beaux-arts et société culturelle « , afin de permettre à Mme le Maire adjoint chargé de la Culture d’apporter enfin son soutien à des manifestations culturelles de proximité, notamment dans le domaine des arts plastiques ?
(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste, du Mouvement des citoyens et communiste).
M. LE MAIRE DE PARIS. – Madame MACÉ de LÉPINAY, vous avez la parole.
Mme Hélène MACÉ de LÉPINAY, adjoint, au nom de 4e Commission. – Merci, Monsieur BLOCHE, de vous préoccuper de l’état de mon budget. J’y suis extrêmement sensible et j’espère que si vous voyez une augmentation, vous le voterez demain !
Pour ce qui est de vos allusions à l’article de Mme TOUBON, j’y suis aussi très sensible. Je peux vous dire que le lendemain de la parution de cet article, j’ai rencontré Mme TOUBON au Musée d’art moderne où on inaugurait une exposition très contemporaine et très avant-gardiste de jeunes artistes anglais qui s’appelle » Live-Life « . Je peux vous dire que Mme TOUBON m’a dit son mécontentement et son embarras du fait que ses propos aient été déformés.
Il est bien évident que le Musée d’art moderne, par exemple, est à Paris l’endroit où on trouve le plus d’art contemporain. Bien plus qu’à Beaubourg. Et si on veut voir ce qui se passe dans l’art contemporain, on peut aller notamment dans la section qui s’appelle » L’ARC » au Musée d’art moderne.
C’est un peu facile de se servir de quelques propos recueillis dans le Figaro. C’était un petit article extrêmement court et réducteur.
En tout cas, Lise TOUBON qui anime, comme vous le savez, une association du 13e arrondissement qui a le même genre d’activité que les deux associations que vous venez d’évoquer, est très consciente de l’effort que la Ville de Paris fait pour l’art contemporain qui est tout à fait exceptionnel, puisque, outre » l’ARC « , la Ville construit des ateliers logements, soutient beaucoup d’opérations portes-ouvertes, apporte une aide à la Cité des arts, a ouvert la Maison européenne de la photographie et verse des bourses à des photographes. Vous le savez parfaitement, Monsieur BLOCHE, et je trouve que vous exagérez un peu !
Pour ce qui concerne les associations du 11e, j’attendais bien sûr votre question. Vous savez que je trouve que l’action de ces associations est tout à fait remarquable.
Cependant, ces initiatives qui ont débuté dans le quartier de la Bastille se sont répandues dans d’autres arrondissements, en particulier dans les 5e, 6e, 10e, 13e, 14e, 15e, 18e, 19e et 20e arrondissements. Les associations du 11e, dont vous trouvez qu’elles ne sont pas assez soutenues, représentent à elles-seules 23 % du budget alloué à ces manifestations d’ateliers portes-ouvertes, alors que, parallèlement, les initiatives du 15e, du 14e et du 10e n’ont pas pu être soutenues cette année. Je souhaite vous dire en revanche que j’espère pouvoir proposer bientôt à notre Conseil une subvention pour l’association » Art-Réflex » dans le 19e qui fait le même genre de choses et qui n’a pas pu être aidée en 1995.
Paris fait beaucoup d’efforts pour soutenir ces manifestations puisque c’est plus de 300.000 F qui sont consacrés à ces opérations.
» Artistes à la Bastille » a bénéficié en 1995 d’une augmentation de sa subvention liée parallèlement à la baisse de la subvention du » Génie de la Bastille « . J’ai personnellement demandé qu’en 1997 on puisse continuer à rééquilibrer les subventions pour ces deux associations, mais je dois malheureusement vous confirmer que la demande de subvention exceptionnellement formulée par les Artistes de la Bastille pour le projet » Puzzle » n’a pas pu être retenue pour des raisons budgétaires.
Je souhaite que le budget consacré aux ateliers portes-ouvertes dans tout Paris puisse être en très large augmentation – tout le monde en serait heureux : les artistes, le public – pour faire entrer l’art un peu plus dans la Ville. C’est un souhait que nous pouvons avoir tous. Cependant, il faut tenir compte des contraintes budgétaires.
(Applaudissements sur les bancs des groupes » Rassemblement pour Paris » et » Paris-Libertés « ).
M. Patrick BLOCHE. – Vous me permettrez, Madame, juste une observation…
(Protestations sur les bancs des groupes » Rassemblement pour Paris » et » Paris-Libertés « ).
Chers collègues, ce n’est pas parce que je redemande la parole une minute qu’il faut aussitôt vous exclamer. Si vous êtes saisis d’hypoglycémie, venez avec votre sandwich !
Je souhaitais tout d’abord remercier Mme MACÉ de LÉPINAY de sa réponse particulièrement complète. Néanmoins, il ne s’agit pas de déshabiller Pierre pour habiller Paul !
Je vous ai déjà exprimé mon regret que l’on raisonne dans une enveloppe budgétaire constante. C’est pour cela que je me soucie du budget culturel de la Ville de Paris pour 1997. Il ne serait pas admissible que la subvention au » Génie de la Bastille » baisse l’année prochaine pour être fixé, par exemple, à 50.000 F, celle pour les » Artistes à la Bastille » s’élevant à 30.000 F, puisque le montant global des deux subventions est, je le rappelle, de 80.000 F depuis 7 ans. Je suis en total désaccord et je vous exprime dès maintenant avec la mise en place éventuelle d’un système de vases communicants entre les deux associations. Si, comme je le souhaite, la subvention aux » Artistes de la Bastille » augmente en 1997, cette hausse ne doit pas pénaliser » Le Génie de la Bastille « .
M. LE MAIRE DE PARIS. – Nous examinerons ce problème au moment du vote du budget.
Quant au reste, je note avec intérêt que vous demandez des augmentations. Il serait bon que cela se traduise aussi par le vote du budget ! Il est très difficile de demander des augmentations de subventions et ne pas voter par exemple les recettes, car il faut faire preuve de bon sens.
(Applaudissements sur les bancs des groupes » Rassemblement pour Paris » et » Paris-Libertés « ).
On verra au moment du vote du budget qui est toujours un moment difficile pour la majorité et pour l’opposition. Il faut bien des propositions et des critiques, c’est tout à fait naturel, mais il faudra bien, un moment, voir les dépenses sociales, les dépenses culturelles, qu’il faut bien entendu considérer comme prioritaires pour Paris, et puis toutes sortes de dépenses de cette nature : les écoles, etc.
En même temps, il y a les recettes. C’est un choix, à ce moment-là, qu’il faudra faire ensemble, et nous le ferons ensemble.
M. Patrick BLOCHE. – Le choix peut se faire d’abord sur les dépenses !
M. LE MAIRE DE PARIS. – Nous verrons au moment du vote du budget, les recettes et les dépenses.
La parole est à Mme MACÉ de LÉPINAY.
Mme Hélène MACÉ de LÉPINAY, adjoint, rapporteur. – Je crois que nous manifestons notre souci d’accompagner les manifestations organisées par des associations qui existent depuis longtemps comme celles du 11e arrondissement. Il me semble qu’elles peuvent, du fait même de la réussite de leur manifestation, trouver des aides ailleurs qu’à la Ville. Je crois qu’elles peuvent attirer plus de sponsoring et de mécénat. Si un groupe d’artistes, dans un arrondissement, souhaite démarrer une opération portes-ouvertes, il est normal de l’aider. A côté de cela, les associations anciennes peuvent, à mon avis, trouver de l’aide en dehors de la Ville. Et je souhaite que ce soit ainsi.
On peut toujours augmenter nos aides, les associations vont grandir, faire de plus en plus de manifestations et feront de plus en plus appel à des fonds publics. Cela ne me paraît pas une bonne solution.
(Applaudissements sur les bancs des groupes « Rassemblement pour Paris » et « Paris-Libertés »).
M. LE MAIRE DE PARIS. – Je mets aux voix, à main levée, le projet de délibération P. 896.
Qui est pour ?
Contre ?
Abstentions ?
Le projet de délibération est adopté à la majorité, M. REVEAU s’étant abstenu. (1996, P. 896).
Je mets aux voix, à main levée, le projet de délibération D. 1182.
Qui est pour ?
Contre ?
Abstentions ?
Le projet de délibération est adopté à la majorité, M. REVEAU s’étant abstenu. (1996, D. 1182).