Relatif à la dénomination d’une rue, d’une place ou d’un établissement scolaire parisien
Voeu de Patrick BLOCHE, Danièle POURTAUD
et des élus du groupe socialiste et radical de gauche.
L’émotion suscitée à travers le monde par la disparition de Pierre-Gilles de Gennes le 18 mai dernier à l’âge de 74 ans est profonde. Né à Paris le 24 octobre 1932 d’un père médecin et d’une mère infirmière, son père disparaît alors qu’il n’a que 9 ans. Scolarisé à l’âge de 11 ans, souffrant de problèmes pulmonaires, il grandit à la montagne avant de partir étudier à Bristol à l’âge de 13 ans où il rencontre un physicien des particules, Giuseppe Occhialini. Il entre ensuite au lycée Saint Louis pour préparer le concours d’entrée aux grandes écoles.
Ce scientifique d’exception, ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure, Professeur au Collège de France, membre de l’Académie des Sciences obtint le Prix Nobel de Physique en 1991 pour ses travaux sur les cristaux liquides, utilisés par la suite pour les écrans. Il sera qualifié à cette occasion « d’Isaac Newton du XXème siècle ».
Le champ de ses recherches était immense, passant d’un sujet à l’autre avec un égal bonheur. Il travailla d’abord à l’étude de la diffusion magnétique des neutrons, puis aux phénomènes d’ordre dans les milieux complexes, avant d’être l’un des pionniers de la physico-chimie des matières molles. De la Physique réputée la plus dure jusqu’à la biologie, en passant par la chimie, la physiologie, les neurosciences, Pierre-Gilles de Gennes aimait avant tout la recherche transdisciplinaire.
Sa notoriété internationale rejaillit sur la Ville de Paris de manière spectaculaire à travers l’ESPCI (Ecole Supérieure de Physique et de Chimie industrielle de la Ville de Paris) qu’il dirigea pendant 25 ans, de 1976 à 2002. Il y apporta de profonds changements, tant en renouvelant sa pédagogie à travers le tutorat qu’en y introduisant la multidisciplinarité avec l’enseignement et la recherche de la biologie aux côtés de la physique et de la chimie.
Il poursuivit et amplifia l’élan donné par ses illustres prédécesseurs à l’ESPCI, tels Pierre et Marie Curie ou Paul Langevin, pour tisser des liens toujours plus forts entre recherche et développement industriel.
Il était également l’inlassable ambassadeur des sciences auprès des jeunes, prenant de son temps pour parcourir plus de 200 lycées de France et donner ainsi au plus grand nombre la soif d’observer et de découvrir. A l’ESPCI même, il fut l’initiateur de l’Espace des Sciences, inauguré par le Maire de Paris en 2004 et baptisé avec le Président de la République Espace Pierre-Gilles de Gennes le 6 juin dernier.
Enfin, Pierre-Gilles de Gennes était un anti-conformiste aux qualités humaines exceptionnelles. Humaniste, il avait signé avec d’autres lauréats du Prix Nobel, un appel demandant qu’une délégation du Comité des droits de l’Enfant de l’ONU rende visite à un enfant tibétain en résidence surveillée en Chine depuis 1995, le 11ème Panchen Lama. Pourfendeur de la langue de bois, enthousiaste, curieux de tout, peintre et dessinateur, il marquera de son empreinte tous ceux qui ont eu la chance de croiser son chemin.
Sur proposition de Danièle Pourtaud, Patrick Bloche et les membres du groupe socialiste et radical de gauche, le Conseil de Paris émet le vœu que la Ville de Paris donne le nom de Pierre-Gilles de Gennes à une rue, une place ou un établissement scolaire parisien.