En faveur de la dénomination d’une artère Daniel MAYER

Voeu de Patrick BLOCHE
et des élus du groupe socialiste et radical de gauche.

 

Né en 1919 dans le 12ème arrondissement de Paris, Daniel Mayer s’engagea très vite contre l’injustice. En effet, indigné par l’exécution de Nicolas Sacco et Bartolomeo Vanzetti en août 1927, il s’inscrit à la Ligue des Droits de l’Homme. A ce combat pour les libertés, il adjoindra également celui pour l’égalité sociale et adhérera à la SFIO, prenant rapidement des responsabilités au sein du Comité national des jeunesses socialistes. Cet autodidacte, imprégné de culture politique, deviendra dès 1933 rédacteur au journal Le Populaire dans le 9ème arrondissement où il s’installe.

Proche de Léon Blum, il suivra avec passion les évènements de l’année 1936. Mais l’Europe s’agite, et la liesse des accords de Grenelle fait place aux doutes des accords de Munich en 1938. Réaliste, il dira alors : « Ils ont voulu sauver l’honneur et la paix, ils auront le déshonneur et la guerre ». En réaction, il crée le journal Agir, à tonalité anti-munichoise, avec notamment Pierre Brossolette, Léo Lagrange et Pierre Bloch.

Volontaire pour combattre sur le front en mai 1940, il est résolument hostile à l’armistice. Aussi après avoir envisagé de rejoindre le général De Gaulle à Londres, il décide finalement de rejoindre la zone libre et de créer des contacts pour mener le combat de l’intérieur. Il participe alors à la création du Parti socialiste clandestin à Nîmes le 19 mars 1941, organisation dont il devient vite le secrétaire général. En mai 1943, il rencontre le général de Gaulle et plaide pour la création du Comité exécutif de la résistance française qui sera l’embryon du Comité national de la Résistance.

Elu député de la Seine à la Libération, il entre en décembre 1946 au gouvernement provisoire comme ministre du Travail et de la Sécurité Sociale, fonction qu’il remplira au sein de cabinets successifs.

Puis retrouvant son siège de député, il est élu président de la commission des affaires étrangères à l’Assemblée nationale de 1953 à 1957. En mars 1958, il prend la présidence de la Ligue des Droits de l’Homme, et en mai, démissionne de son mandat législatif, refusant la politique française en Algérie. Il condamne alors la torture en Algérie, le franquisme en Espagne, il avertit les pouvoirs publics contre la montée du chômage, etc. Membre de la direction du PSU dès 1960, il reprend ses activités journalistiques, faisant passer son message au travers de chroniques dans différents journaux. Puis en 1977, il devient président de la Fédération internationale des droits de l’Homme. Dans ce cadre, il mène de nouveaux combats, en faveur des réfugiés espagnols exilés en France ou contre l’antisémitisme en URSS.

Avril 82 marque un nouveau tournant de sa vie. Nommé membre du Conseil supérieur de la magistrature, il y demeure peu de temps : le 21 février 1983, François Mitterrand, alors président de la République, le nomme président du Conseil constitutionnel. Il quittera ce siège trois ans plus tard, laissant sa place à Robert Badinter, mais remplira ses fonctions jusqu’à la fin de son mandat.

Homme politique, résistant, avocat et humaniste, la vie de Daniel Mayer a été ponctuée d’engagements forts, de la lutte pour l’égalité au respect de l’honneur, en passant par la défense des libertés individuelles et collectives. Décédé en décembre 1996, il aura traversé tous les orages et accompagné tous les combats du XXème siècle.

Dans quelques semaines, nous commémorerons la Libération de Paris. Daniel Mayer faisait partie de ces libérateurs, de ces résistants qui ont combattu pour l’honneur de leur pays et le triomphe de leurs valeurs. Pour lui rendre un juste hommage, le Conseil de Paris émet le vœu qu’une artère de la Capitale porte le nom de Daniel Mayer.