49e anniversaire du Cessez-le-feu en Algérie
Mesdames et Messieurs les élus,
Monsieur le Président du Comité FNACA du 11e arrondissement,
Monsieur le Président de l’Union des Associations d’Anciens Combattants et Victimes de Guerre du 11e arrondissement,
Mesdames et Messieurs les anciens combattants,
Chers concitoyens,
Le 19 mars 1962, là-bas, en Algérie, sur l’autre rive de la Méditerranée, les armes se taisaient. Après 8 années d’une guerre qui, longtemps n’a pas voulu dire son nom, la France, se rendant à l’évidence, décidait de partir et d’accorder à tout un peuple la liberté dans l’indépendance.
Qu’il fut long et douloureux le chemin pour parvenir à cela. Entre le 1er novembre 1954, jour où éclate, à l’initiative du FLN, la rébellion en Grande Kabylie et dans les Aurès, et le 19 mars 1962, date du cessez-le-feu, un drame s’est progressivement noué sur cette terre algérienne ; un drame qui marquera profondément et durablement la France comme l’Algérie.
Si nous sommes réunis aujourd’hui, c’est pour honorer la mémoire de celles et de ceux, civils et militaires, qui périrent durant ces années de guerre. Nous devons honorer, sans distinction, la mémoire des uns et des autres, des Français comme des Algériens.
Plus on souligne ce que fut réellement la guerre d’Algérie, plus on prend conscience, année après année, de combien la commémoration du 19 mars 1962 est une nécessité. L’an prochain, nous en célébrerons le cinquantenaire. Il est dès lors plus que souhaitable – ne serait-ce que pour des questions de décence et de respect que l’on doit aux morts – que cessent les vaines polémiques autour de cette date. Notre mémoire collective a besoin de repère. Et le 19 mars en est un ! Il nous garantit, en effet, de nous souvenir des souffrances, des blessures et des morts qui se trouvent irrémédiablement attachés à cette période de notre passé. Un passé qui a encore tant de répercussions sur notre présent.
La guerre d’Algérie fut, pour toute une génération de Français, appelés sous les drapeaux, une terrible épreuve. Entre 1954 et 1962, près d’un million et demi de jeunes soldats ont servi là-bas, quadrillant l’immensité du territoire algérien. Au côté des soldats de métier, ces jeunes hommes, partis pour beaucoup avec la peur au ventre, firent l’expérience des combats de rue mais surtout de l’isolement et des missions périlleuses au cœur du djebel.
30 000 soldats français ont laissé leur vie en Algérie. Les autres sont rentrés, avec cependant dans leurs têtes assez d’images pour hanter le reste de leurs nuits. Ces soldats furent victimes d’un aveuglement face au cours d’une histoire qui ne pouvait que s’imposer.
Cet aveuglement a également coûté la vie à 270 000 algériens et à 4 000 victimes civiles qui périrent dans des attentats perpétrés sur le territoire métropolitain comme sur le territoire algérien.
N’ayons pas de scrupule à le dire : l’horreur ne fut pas le monopole d’un camps. Elle s’abattit notamment sur les Harkis dont 50 000 d’entre eux furent assassinés par des Algériens, en représailles de leur engagement au côté de la France.
Bientôt 50 ans après la fin des combats, il nous faut regarder l’histoire en face et tirer les enseignements qui s’imposent. La guerre d’Algérie a constitué, pour la France, la fin d’une époque. Notre pays dut tourner, non sans l’amertume de quelques uns, une page de son histoire, celle des colonies.
C’est une terrible évidence : la guerre est inscrite dans l’histoire de l’humanité. Il y a parfois des guerres nécessaires, celles qu’il faut mener pour combattre la barbarie et imposer la liberté. Mais il y a aussi, trop souvent, les guerres inutiles, celles qui naissent de l’entêtement des nations, de leur difficulté à comprendre l’histoire et de l’incapacité des peuples à s’entendre.
La guerre d’Algérie fait partie de ces guerres inutiles qui ont coûté la vie à tant de femmes et d’hommes, dans les deux camps. La France, patrie des libertés, n’a pas mené un combat légitime, car il lui a fallu trop de temps pour regarder les choses en face, trop de temps pour comprendre combien les aspirations d’un peuple constituent une force inébranlable.
Cette aspiration des peuples pour la liberté résonne, à nouveau, avec force, au Maghreb. Une jeunesse, en particulier, veut prendre son destin en main. Face à cela, la France ne doit pas faillir. Retenant les leçons de l’histoire et assumant son passé, elle doit savoir ne pas détourner le regard et ne pas se réfugier dans une drôle de neutralité qui ne serait finalement que l’expression d’une gêne face à une histoire qui ne serait pas assumée.
La France ne doit pas détourner le regard, car justement une jeunesse la regarde, l’attend, tend la main et veut oublier, pour construire l’avenir.
La Méditerranée de demain, retrouvant sa vocation historique, devra être plus encore un espace de liberté, de prospérité et d’échanges continus entre les peuples. Il est plus que temps, en effet, de dépasser tous les antagonistes que la guerre d’Algérie, et que la période à laquelle elle a mis un terme, ont pu laisser dans les esprits.
C’est ainsi que nous serons fidèles aux combattants qui tombèrent en Algérie. Et c’est ainsi, qu’à notre tour, nous deviendrons nous-mêmes des combattants ; des combattants de l’utile, des combattants de la paix.
Vive la Paix !
Vive la République !
Vive la France !